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Avec « Proche », Korganow donne un sens nouveau à l’enfermement

par Véronique Giraud
Arts visuels Photographie Publié le 13/07/2021
Grégoire Korganow est l’artiste invité de l'édition 2021 du Festival d’Avignon. Dans l’église des Célestins, l’occasion est donnée de découvrir un photographe qui a renouvelé, en cette période de pandémie, son regard sur l’enfermement. Pour nous le faire partager.

Dans l’église des Célestins, qui garde les stigmates de démolitions successives, les grandes photographies de Grégoire Korganow apportent un peu d’humanité aux vieilles parois de pierre et aux voûtes romanes. Cette humanité, le photographe l’a pourtant captée dans un univers dominé par la souffrance liée au manque, à la violence. En gros plan, les beaux visages en couleur qui se détachent sur leur fond noir sont ceux des visiteurs que le photographe a rencontrés à la sortie du parloir de la prison. Les émotions de cet adolescent qui vient de parler à son père, de cette vieille femme qui a échangé avec son fils, de cette jeune femme venue voir son compagnon, de cette mère aux yeux tristes et sans illusion, de ce vieil homme fidèle à son filleul emprisonné. Ces êtres, reliés à la prison par leurs visites régulières, souvent hebdomadaires, se sont prêtés volontiers au regard de l’objectif de l’appareil. Le photographe, habitué lui aussi des lieux d’enfermement dont il a fait une partie de son questionnement de la société, a dû amener chacun a lui faire confiance, à les convaincre qu’il ne les jettera pas en pâture à une société indifférente ou récalcitrante. Mais qu’il les présentera avec respect.

 

Au milieu de cette suite de portraits, des paysages en grand format répandent leur silence, leur langueur, leur abandon. Ce sont des lieux tout proches des prisons visitées par Korganow, des lieux tristement déshumanisés qui renvoient plus de malheur que les visages des visiteurs. Le cheminement parmi les images s’interrompt par un petit espace fermé de rideaux où un film fait défiler les lectures de lettres de prisonniers par plusieurs personnes. Ces voix sont les uniques témoignages des prisonniers, leurs mots emplissent l’obscurité d’espoir, de désirs, de regrets, du sentiment d’injustice, toujours avec retenue. Cette exposition, havre de silence contrastant avec les clameurs de la rue, vient réconcilier des contraires, liberté/enfermement, dehors/dedans, et réfléchit.

 

Proche, exposition du photographe Grégoire Korganow, du 9 au 24 juillet dans l’église des Célestins d'Avignon. Entrée libre.

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