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Mot de passe oublié ?Pendant l’épidémie, il faut continuer à fêter le théâtre ?
Bien sûr, plus que jamais. La vocation du théâtre c’est unir, rassembler, des gens qui ne se connaissent pas, n’ont pas les mêmes objectifs, et qui regardent dans la même direction une œuvre de fiction. C’est un endroit où on invente le monde, on cultive son imaginaire, son esprit critique, son discernement. Dans des périodes où la perturbation crée des manques de boussole, les outils artistiques et techniques du théâtre sont très généreux. Ce sont des outils de soin. La crise que nous traversons n’est pas uniquement biologique, elle est aussi mentale, morale. On n’a pas fini d’en subir les effets, l’isolement, le repli sur soi, les dérèglements psychologiques, les peurs, l’impossibilité de se rencontrer. Le théâtre c’est vraiment le lieu où l’on se rencontre. Où l’on sort de soi, où l’on s’ouvre sur le monde. Cette activité citoyenne a perdu de son sens, il faut le redonner.
Pourquoi choisir Britannicus comme œuvre d’un théâtre populaire ?
C’est une demande des publics que nous rencontrons qui, parfois, ne sont jamais allé au théâtre. Celle d’une œuvre élevée de notre patrimoine français, mise en jeu avec beaucoup d’attention avec le public, rendue compréhensible, avec une histoire qui parvient de manière directe et simple, il n’y a donc pas d’intimidation. L’école a pu mettre des barrières entre les élèves et les œuvres, et dans les théâtres or et rouge de la République on est davantage séparés que rassemblés. Une accumulation de zones d’étanchéité bien à l’insu des auteurs et des artistes eux-mêmes. Quand on dit un vers, on sait que la rime sera la même dans le vers suivant. En travaillant de telle sorte que l’oreille soit dans l’attente, en suspens, et de manière sensible. Il faut toujours spéculer sur l’intelligence et la sensibilité du public.
En quoi consistent les ateliers proposés ?
Les ateliers servent à faire médiation entre l’œuvre et le public. Les gens sont autour d’un barbecue, ils n’ont pas envie qu’on les embête. Sur leur route, des acteurs entrent en échange. Les gens écoutent une poésie, puis ils s’approchent de personnes qui dansent et l’acteur ou l’actrice dont le travail est d’ouvrir cette danse les accueille. Ensuite le spectacle commence. Plus loin il y a un atelier d’initiation pour enfant et pour adultes, de clown, de lecture à voix haute, et même de philosophie. Ils reviennent le lendemain, le surlendemain, puis vont voir les spectacles. Ce n’est pas au rabais, il y a quelque chose de luxueux dans l’accueil, dans la façon de s’adresser aux gens, dans la gratuité.