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Salia Sanou, un chorégraphe inspiré par les douleurs de l’exil

par Jacques Mucchielli
Désir d'horizons, la création de Salia Sanou inspirée par les réfugiés à Montpellier Danse © Laurent Philppe
Désir d'horizons, la création de Salia Sanou inspirée par les réfugiés à Montpellier Danse © Laurent Philppe
Arts vivants Danse Publié le 07/07/2016
Dans sa dernière création" Du désir d'horizons " présentée à Montpellier Danse, le burkinabè Salia Sanou met en mouvements vifs, et souvent joyeux, une chorégraphie qui fait suite aux ateliers qu'il a menés avec ses danseurs au Burkina Faso dans deux camps de réfugiés maliens.

Danser avec et pour les réfugiés a fini par lui inspirer une chorégraphie. Lui, c'est Salia Sanou. Le chorégraphe burkinabé conduit depuis trois ans des ateliers dans le camp de réfugiés maliens de Sag-Nioniogo au Burkina Faso, dans le cadre du programme « Refugies on the move* ». Dans ces ateliers, organisés dans plusieurs pays d'Afrique (Burundi, Tanzanie, Congo et Burkina Faso), la danse est support de médiation sociale.

D'un tel investissement, artistique et humanitaire, on ne sort pas indemne. La pratique, fortement ancrée dans le réel, a transformé le processus créatif de Salia Sanou et engendre un questionnement vital sur ce que peut représenter la danse. Cette interrogation sous-tend la chorégraphie Désir d'horizons. Elle a été conçue pour huit danseurs, dont une récitante qui porte les mots que Nancy Huston a écrits en hommage à Samuel Beckett. Deux des danseurs sont issus du camp malien et en formation dans la compagnie La Termitière. Si le premier solo illustre ce que représente la danse dans la solitude, le groupe arrive bientôt sur scène, d'abord devant une haute barrière métallique puis au milieu de lits de camp composant une architecture mouvante du décor. Très vite la danse devient exutoire, rassemble, jusqu'à former une partition rythmée. Les sourires se dessinent, le plaisir est là. Puis l'envie de former un couple, de se mouvoir serré l'un contre l'autre sur une mobylette. Le corps exulte, l'énergie dansée laisser échapper la peur du lendemain. Guidé par le rythme du corps et de la musique, l'esprit se réinvente un horizon.

 

*Le programme Refugies of move est soutenu par la fondation African Artists for Development, basée à Paris, dont l'objet est d'amener les artistes à intervenir auprès des populations déplacées en Afrique. Initié en 2009 suite à l’expérience au Tchad d’Ahmed Taïgué.

 

Désir d'horizons, compagnie Mouvements perpétuels. Conception et chorégraphie : Salia Sanou. Avec : Valentine Carette, Ousséni Tabaré, Catherine Denecy, Jérôme Kaboré, Mickael Nana, Soa Ratsifandrihana, Saskia De Ronde, Sidi Mohamed Dicko, Atika Dicko. Musique: Amine Bouhafa, Lumières: Marie-Christine Soma, Scénographie: Mathieu Lorry-Dupuy. Montpellier Danse, les 3 et 4 juillet à 20h, Opéra Comédie. En tournée en septembre : les 13 et 14 au festival La Bâtie de Genève, le 23 aux Francophonies de Limoges, puis le 6 octobre au festival Novart de Bordeaux, le 13 octobre à  Saint-Brieuc, les 18, 19 et 20 novembre à Tremblay en France, le 28 novembre à Ouagadougou (Burkina Faso) à la Triennale l'Afrique Danse.

 

Né à Ouagadougou, Salia Sanou y a suivi une formation en art dramatique, avant de s'orienter vers la danse africaine avec Drissa Sanon, Alasane Congo, Irène Tassembédo et Germaine Acogny. En 1993, il devient danseur au sein de la compagnie de Mathilde Monnier au Centre chorégraphique national de Montpellier. En 1995, il crée avec Seydou Boro la compagnie Salia nï Seydou, avec l'aide de Mathilde Monnier. Il est directeur artistique des Rencontres chorégraphiques de l’Afrique et de l’Océan indien, organisées notamment par le Centre national de la danse à Pantin où il est en résidence de 2008 à 2011. Il crée avec Seydou Boro le premier Centre de développement chorégraphique en Afrique en 2006, La Termitière, situé à Ouagadougou. Son travail intègre l'héritage de la danse africaine et de la danse contemporaine européenne.

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