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Avignon : « The last supper » d’Ahmed El Attar, l’exutoire

par Véronique Giraud
The last supper d'Ahmed El Attar ©Mostafa Abdel Aty
The last supper d'Ahmed El Attar ©Mostafa Abdel Aty
Arts vivants Théâtre Publié le 23/07/2015
Avec sa pièce The last supper, Ahmed El Attar sert sur un plateau 50 minutes d’échanges entre amis et parents de la bonne société cairoise. Le dramaturge nous laisse regarder les convives se comporter comme à leur habitude. Leurs paroles et leurs gestes agissent comme la caresse d’une ortie.

La pièce que propose Ahmed El Attar, si elle revient au texte, s'apparente davantage à une performance textuelle. D’un bout à l’autre, on ne sort pas de ces mots coutumiers d'une famille de la grande bourgeoisie. Tirades de séduction, de conquête, de pouvoir, sous-entendus perfides. On sent vite que dans cette pièce les mots n’ont pas tant d’importance, familiers de n’importe quelle société bourgeoise. Mais les faire entendre devant un public d’inconnus, assis dans le noir… Mais montrer les manifestations incessantes de cruauté à l’égard des domestiques… Toute l’audace est là. Montrer. Montrer sur une scène de théâtre. En 50 minutes, le dramaturge inflige au public, avec un naturalisme bien senti, une intimité dérangeante, voire révoltante. Où la trivialité rivalise avec l’apparat, et l’emporte souvent. "J'aimerais croire que mon travail dépeint tout simplement ce que je vois, aussi déformé et défiguré que je le perçois, laissant au public la charge de décider de ce qu'il faudrait faire - s'il y a à faire- et la possibilité de faire son chemin…"

Les dialogues entre le père et le fils, entre le père et son frère, fleurissent de cotations boursières. Les paroles des femmes, fille et belle-sœur, se parent de minauderies, cruelles ou sottes, rusées ou lâches. Dans cette cascade de mots, peu sont bienveillants. Ils sont même cinglants quand ils sont adressés aux serviteurs, seuls à garder un silence contraint. Dans la salle, les rires sont moqueurs, les silences reflètent le malaise. L’indignation l’emporte souvent. C’est dans doute l’objectif d’Ahmed El Attar. Montrer le mépris des élites, des puissants de nos sociétés, à l’égard de l’autre, de l’étranger, du pauvre. Et, pire, l’indifférence.

 

The last supper - Création au Caire en novembre 2014. Texte et mise en scène : Ahmed El Attar - Avec : Mahmoud El Haddad, Mohamed Hatem, Marwa Tarwat, Boutros Boutros-Ghali (Pisso), AbdelRahman Nasser, Ramsi Lehner, Nanda Mohammad, Mona Soliman, Mona/Ahmed Farag, Sayed Ragab - 18, 19, 20, 22, 23, 24 juillet à 18h, L'autre Scène du Grand Avignon à Vedène.

 

En tournée : du 9 au 15 novembre 2015 au T2G, théâtre de Gennevilliers. Le 17 novembre à L'apostrophe, scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d'Oise. Le 21 novembre à Toulon, Théâtre Liberté. Les 24 et 25 novembre à Annecy, S.N. Bonlieu. Les 20 et 21 novembre à Bruxelles, Théâtre Bozar. Les 25 et 26 novembre à Bologne, Théâtre Emilia Romagna.

 

 

Ahmed El Attar est né au Caire. Adolescent, il réalise à quel point, en Egypte, le langage est dévoyé. Devenu metteur en scène, traducteur, auteur dramatique et opérateur culturel indépendant, il produit des performances en usant de nombreux registres. Il monte aussi ses propres textes, Le Comité (1998), La vie est belle ou En attendant mon oncle d'Amérique (2000). Omniprésent dans le milieu culturel cairote qu'il veut perturber, il est, entre autres, fondateur et directeur d'un lieu de répétition et d'un festival pluridisciplinaire, le Downtown Contemporary arts Festival (D-CAF).

 

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