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« Turbulences dans les Balkans » sous la Halle Saint-Pierre

par Véronique Giraud
Arts visuels Arts plastiques Publié le 25/04/2018
Trublion d'un art contemporain légitime et prisé par le marché, la Halle Saint-Pierre accueille pendant quelques mois sous sa verrière Turbulences dans les Balkans. Un ensemble inédit d’œuvres pénétrées des tréfonds humains et des traumatismes de la dernière guerre en Europe.

Il n’y a qu’à la Halle Saint-Pierre qu’une telle exposition pouvait voir le jour. Le centre culturel municipal, confié à Martine Lusardy, se donne avant tout la mission de sortir l’art des sentiers battus, donnant depuis dix ans une belle visibilité aux auteurs réfractaires au système, à l’art singulier, brut, modeste. Le lieu, qui a donné carte blanche à la revue Hey ! d’Anne & Julien ou encore à la maison d’édition Les cahiers dessinés, accueille jusqu’en mai Turbulences dans les Balkans.

La scène des Balkans est multi-culturelle, multi-ethnique. Une partie d’entre elle, Européenne, a pourtant vécu une fin de XXe siècle dramatique, réveillant les nationalismes serbe et croate, puis au Kosovar et en Macédonie. Pour les jeunes générations, bosniaque et croate, qui ont grandi avec la guerre et ses conséquences psychologiques, l’art est le seul moyen d’exprimer une singularité, l’émergence d’un récit commun.

 

L'art, une liberté. « L’art est une liberté dans ces pays des Balkans où ces jeunes sont nés. Il leur permet de transmettre leurs questionnements, et il est un lien entre des individualités qui partagent la même culture » explique Martine Lusardy, qui a fait venir à Paris des créations d’auteurs aux parcours très divers.
Ils n’ont pas pour la plupart le cursus de ceux considérés comme des artistes contemporains en Europe. Ces derniers ont été formés dans les écoles, ont la maîtrise de l’art, et les moyens matériels de réaliser des installations de plus en plus coûteuses. Dans des lieux de précarité, les moyens manquent. Les œuvres présentées ne sont pas à ranger dans un univers connu, reconnu. Elles poussent au contraire le visiteur attentif hors de sa zone de confort, suscitent l’empathie, invitent à affronter une représentation crue, simple, parfois auréolée de symboles mystérieux, ne faisant jamais l'impasse de la complexité humaine. L’art ici se révèle comme le plus proche lieu de la pensée.

La majorité des œuvres exposées ont été réalisées par des natifs des années 80 qui voient en l’art brut, en l’art naïf, une façon de casser les codes anciens, répertoriés, et d'affronter avec spontanéité  la dureté de la mémoire, ou de parvenir librement à leur propre singularité. Certains ont été formés dans les écoles des Beaux-Arts, de Belgrade ou d’ailleurs, mais ont pris le parti de s’écarter du chemin. Quelques artistes ont acquis une reconnaissance sur la scène artistique de Belgrade, à l'instar du provocateur et subversif Nenad Dzoni Rackoivc (1967-).

D’autres ont réalisé leurs créations dans un complet anonymat sans l’idée pour leur auteur d’être vues du public. C’est le cas de toutes celles provenant de l’asile psychiatrique. Au fil de l'exposition, on découvre dans la biographie de ces auteurs des structures récentes  comme l'Association Art Brut Serbie, la Biennale de l'art naïf de Bratislava.

 

Turbulences dans les Balkans, exposition jusqu'au 31 juillet 2018 à la Halle Saint-Pierre, 2 rue Ronsard - 75018 Paris.

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