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William Forsythe fait évoluer l’art du ballet avec le hip hop

par Véronique Giraud
William Forsythe_A Quiet Evening of Dance_SWT,
Seventeen _Twenty One
Dancers; Brigel Gjoka, Jill Johnson, Christopher Roman, Parvaneh Scharafali, Riley Watts, Rauf Yasit, Ander Zabala Gomez
William Forsythe_A Quiet Evening of Dance_SWT, Seventeen _Twenty One Dancers; Brigel Gjoka, Jill Johnson, Christopher Roman, Parvaneh Scharafali, Riley Watts, Rauf Yasit, Ander Zabala Gomez
William Forsythe lors de l'entretien que le chorégraphe américain a accordé en exclusivité à Montpellier Danse. ©Rivaud/NAJA
William Forsythe lors de l'entretien que le chorégraphe américain a accordé en exclusivité à Montpellier Danse. ©Rivaud/NAJA
Arts vivants Danse Publié le 06/07/2019
William Forsythe est de retour à Montpellier Danse avec une création "A Quiet Evening of Dance" qui invite le hip hop dans un ballet où le classicisme est depuis longtemps bousculé.

William Forsythe porte beau ses 50 ans de carrière. Cinquante ans au cours desquels le chorégraphe américain n’a cessé d’interroger l’art du ballet, d'abord avec le Francfort Ballet (de 1984 à 2004), puis avec The Forsythe Company (de 2005 à 2015), et désormais en indépendant. En 2019, il a toujours l’impression qu’un ballet n’est jamais vraiment terminé : « Avec le temps de nouvelles réponses se présentent à nous. Par exemple mon ballet Artifact, que j’ai créé en 1984, je l’ai terminé l’an dernier. J’y ai travaillé un peu chaque année. J’ai l’impression qu’à 34 ans, je n’avais ni le savoir-faire ni la compétence de faire ce que je fais aujourd’hui. Mon ballet In the Middle, Somewhat Elevated je l'ai aussi retravaillé, et le premier acte Impressing the Czar a été complètement réécrit », confie-t-il lors d'un entretien exclusif accordé à Montpellier Danse, où il a choisi de présenter la première en France de A Quiet Evening of Dance, sa dernière création. Pour le chorégraphe, le ballet est une forme qui a encore à dire. Et de le démontrer dans sa dernière création, en évoquant sa naissance avec Louis XIV qui en fait un art de cour, un pur objet politique aux codes protocolaires tournés vers le roi soleil, à son propre langage visuel qu’il fait sans cesse évoluer, non pas en regard de la situation politique actuelle mais comme une forme esthétique très difficile, où l’expérimentation est encore possible en la partageant avec d’autres.

 

Le hip-hop entre en scène. Ainsi, pour A Quiet Evening of Dance, Willima Forsythe a-t-il invité le danseur hip hop Rauf "RubberLege" Yasit à donner son point de vue du ballet classique, et à danser avec ses danseurs. Les deux virtuosités sont allées à la découverte l’une de l’autre, les codes des deux pratiques ont ainsi échangé. « Rauf "RubberLege" Yasit a appris très vite les rudiments du ballet. Là où il a rencontré une difficulté c’est dans le mouvement des extrémités, le geste de la main, de la hanche, du pied, de la tête, les angles de doigts. C’était vraiment un nouveau territoire pour lui, plutôt difficile. Nous étions chacun expert dans son propre domaine, mais nous n’essayions pas de coloniser l’autre, ce n’est pas notre objet.» Il y a quelque temps que le hip hop se frotte à la danse contemporaine et à la danse classique, Forsythe ne prétend pas être le meilleur à expérimenter cette connexion pour faire évoluer la danse, mais être l’un de ceux qui la font évoluer. « Seule la diversité de ces initiatives peut exprimer si le contexte politique influe sur une forme de danse de notre temps. Et j’apprécie tant la diversité que je ne voudrais pas considérer que j’ai plus que d'autres mon mot à dire. »

Sur scène, le chorégraphe développe en deux parties le propos. En première partie, se succèdent en courts tableaux des duos qui décortiquent le geste, comme une intuition proposée afin d’accoutumer le regard et la pensée à autre chose. Après l’entracte, le ballet reprend ses droits et le rappeur se mêle aux danseurs de Forsythe, jouant à la fois des contrastes et des ressemblances. « Nous cherchons la possibilité de dialoguer ensemble, de confronter ces deux formes d’expertise afin de les amener vers le public pour qu’il puisse à son tour être expert. Nous souhaitons l’y amener doucement, tranquillement, afin qu’au 2ème acte il puisse dialoguer avec nous. C’est une conversation que nous souhaitons ouvrir le plus largement possible. »

 

A Quiet Evening of Dance, William Forsythe. Création les 2, 3, 4 et 5 juillet à l'Opéra Comédie, dans le cadre du festival International Montpellier Danse 2019.

 

 

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