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Les aventures d’Hektor ou l’évitement du monde

par Véronique Giraud
Matias Pilet évite la barrière, une des aventures d'Hektor. © Isabelle Jouvante
Matias Pilet évite la barrière, une des aventures d'Hektor. © Isabelle Jouvante
Arts vivants Cirque Publié le 07/10/2020
Le personnage d'Hektor est né le 6 octobre sur la scène du Monfort. Magistralement porté par le corps de Matias Pilet, avec en fond le cinéma d'Olivier Meyrou, et pour décor sons suggestifs et musique de films, Hektor mène ses aventures avec un foulard vivant et lutte avec une étrange borne avec laquelle il nous permet de franchir toutes les frontières.

Tous les jours, les informations tombent, avec leur sens accroché dessus pour ne pas risquer d’être mal interprété, de travers, éloigné du sujet. Imaginez-vous donc dans une salle de théâtre en temps de Covid, prêt à tout oublier, prêt à ne pas chercher à emboîter l’info dans une autre pour faire sens, à ne pas suivre une narration impeccable et raisonnée. Imaginez-vous rêver.

Vous y êtes ? Allez, Hektor vous entraîne dans ses aventures, seul en scène. Ou presque, puisque son foulard vit et qu’une étrange borne nous permettra de franchir avec lui toutes les frontières. C’est peu de dire que le jeu autour de cette borne munie d’une barrière va construire une grande partie du « voyage » d’Hektor. Il hésite à la franchir, à la dépasser en catimini par-dessous ou avec fierté par-dessus, à s’abandonner à sa puissance de canon ou à la dominer en l’affrontant dans un match de boxe. En voyant évoluer Matias Pilet, au rythme d’une bande son suggestive, il est difficile de ne pas le rattacher au burlesque en noir et blanc de Buster Keaton ou de Charlie Chaplin, à ce décalage irréel auquel chacun adhère spontanément, entre la réaction du corps et ce qu’il est en train de vivre, entre son expressivité et notre émotion. L’émotion est guidée par la mouvance d’un foulard rouge, à la fois objet affectif et comparse facétieux, et par le cinéma qu’Olivier Meyrou a réalisé d’un temps révolu, celui de l’enfance et de l’amour.

 

Maîtres de l’évitement. Portées par les artistes du burlesque, maîtres de l’évitement, les douleurs du monde, l’accident, la chute, déclenchent les rires. Et nous permettent de supporter les accidents de la vie puisque Hektor s’en tire toujours.

L’idée du personnage d’Hektor, développée par Matias Pilet (formé à l’acrobatie et à la danse) et Olivier Meyrou (réalisateur et metteur en scène) au cours d’une résidence à Lisbonne, est née lors de la création du Terabak de Kyiv, un cabaret ukrainien imaginé par Stéphane Ricordel (metteur en scène formé au théâtre et au cirque). Né de ces trois têtes, Hektor doit beaucoup au corps de Matias Pilet qui peut à la fois réaliser des prouesses physiques et les charger de cette émotion qui nous ramène à l’enfance, à la naïveté créatrice. Aujourd’hui Hektor s’émancipe pour vivre de nouvelles aventures, sur la scène du Monfort, du 6 au 10 octobre.

 

Les aventures d'Hektor, du 6 au 10 octobre au Monfort Théâtre, 106 Rue Brancion, 75015 Paris. Metteurs en scène : Olivier Meyrou & Stéphane Ricordel. Coauteur, interprète : Matias Pilet. Création magie : Arthur Chavaudret. Manipulateurs : Arthur Chavaudret en alternance avec Pierre-Marie Lazaroo. Comédienne (court-métrage) : Shaghayegh Beheshti. Création scénographique : Salvatore Stara avec Stéphane Ricordel. Création son : Sébastien Savine. Création lumière : Elsa Revol.

 

En tournée : Du 15 au 17 octobre 20, Premières, Festival SPRING Cirque-Théâtre d’Elbeuf . Les 5 et 6 novembre, Théâtre d’Orléans - Scène Nationale. Les 26 et 27 novembre, La Comète - Scène Nationale de Châlons-en-Champagne. Du 8 au 17 décembre, MC2 : Grenoble.

 

 

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