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Mot de passe oublié ?Côté représentation féminine, la 49e édition du festival international de la BD d’Angoulême a créé la surprise avec, en lice, trois autrices, Pénélope Bagieu, Catherine Meurisse et Julie Doucet. Les 1 820 autrices et auteurs, chargés d’attribuer le Grand Prix, l’ont décerné par leur vote à la Canadienne Julie Doucet, qui se revendique « féministe jusqu’au bout des ongles ». Son fanzine Dirty Plotte, qu’elle-même traduit par « vagin dégueulasse » ou « sale fente », a le ton cru et subversif que porte la bande dessinée underground. Drogue, sexe, automutilation, masturbation, les questions de genre, remplissent les planches, entre peurs et fantasmes. Elizabeth Moore a publié en 2018 une étude sur l'œuvre de Julie Doucet, qu'elle perçoit comme précurseure d'un nouveau féminisme en bande dessinée. Mais, en 1999, Julie Doucet a décidé de quitter la BD, découragée que les femmes y soient si peu représentées. Le grand festival européen ne peut pas plaider l’inverse, lui qui avait été chahuté en 2017 par Riad Sattouf justement pour cette raison. Rappelons que, à la veille du cinquantenaire de la manifestation, Julie Doucet est la troisième femme à se voir attribuer le Grand Prix qui, en 2022, honore l’américain Chris Ware, sorti de l’anonymat avec Jimmy Corrigan : the Smartest Kid on Earth (Delcourt, 2002). L’album de 380 pages fut acclamé par la critique, à la fois aux États-Unis et à l'international. Suivra le magistral Rusty Brown (Delcourt, 2020).
Décalée en mars, certes, mais de retour après l’arrêt dû au Covid en 2021, la manifestation témoigne de la grande forme économique de la filière. Sur quatre jours, du 17 au 20 mars, la programmation fut riche d’expositions, rencontres, projections, masterclasses, et séances de dédicaces. Pour ces dernières, les auteurs ont été rémunérés pour la première fois. Signe de la prise en compte d’une réalité crue elle aussi : la précarisation des professionnels de la BD.
Mortelle Adèle, le phénomène des cours d'écoles, s'est invitée dans le cadre d'une exposition bien sûr interdite aux nazebroques. Plébiscitée par plus de 9 millions de jeunes lecteurs, l'héroïne désobéissante du scénariste Antoine Dole, alias Mr Tan, illustrée aujourd'hui par la dessinatrice Diane Le Feyer, s'est activée pour permettre à ses fans d'aller à sa rencontre.
Au palmarès : Jean-David Morvan, prix du scénario, Raphaël Meltz et Louise Moaty, prix jeune scénariste (Prix René Goscinny). Le Prix de la BD du musée de l’histoire de l’immigration a retenu Les saveurs de béton, album de Kei Lam. Au concours de la BD scolaire, le Prix d’Angoulême a été décerné à Laure Leclech pour L’enterrement. Le Prix des lycées a été attribué à Grand silence, T. Rojzmann, S. Revel.