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Mot de passe oublié ?Produit en 2020 pour plusieurs festivals dans toute l’Europe, Inventions est un voyage sonore et visuel. Au début du spectacle, sont distribués dans le public des poèmes et textes qui seront récités au long de la pièce, certains en anglais, d’autres en français et en espagnol. Ces textes de John Berger, aujourd’hui décédé et avec qui Mal Pelo collaborait il y a une décennie, et de l’Italien Erri de Luca, ont été travaillés avec les deux écrivains, au point que, comme l’explique le chorégraphe et interprète Pep Ramis, les mots sont intégralement incorporés à la performance des danseurs sur scène. Les deux imaginaires se mêlent pour créer un univers plein de poésie, rehaussé par le jeu d’un quatuor à cordes et d’un quatuor choral tout au long du spectacle. Inventions se veut un refuge spirituel, un spectacle sacré, solennel et quelque peu surréaliste.
La pièce est écrite pour se transformer, en utilisant l’espace et la sonorité différemment selon le lieu où le groupe se produit. C’est ainsi que, dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, les spectateurs peuvent profiter d’un spectacle en quatre dimensions lorsque le vent qui circule en permanence sur le site se mêle naturellement à la mise en scène, selon la volonté des créateurs. L’architecture et la dynamique de l’espace ont un rôle très important pour le collectif qui cherche les particularités de chaque lieu pour mettre en valeur leur histoire et les tensions de l’architecture afin de les transformer à leur guise grâce à la lumière et la musique.
C’est ainsi que, selon l’espace, certains moments de la pièce demeurent les mêmes tandis que d’autres requièrent plus d’improvisation. « Nous inventons des paysages que nous ne reconnaissons pas forcément mais que nous acceptons comme un postulat » explique la chorégraphe et interprète Maria Muñoz, qui précise que le corps est au centre de la création.
Tout en cherchant à diffuser de manière fluide les atmosphères créées, Leo Castro, Enric Fàbregas, Miquel Fiol, Ona Fusté, Maria Muñoz, Federica Porello, Pep Ramis et Zoltán Vakulya ne rechignent pas aux tensions et aux oppositions, tant dans les corps que dans la mise en scène.
Jean-Sébastien Bach est interprété par le quatuor à cordes formé de Joel Bardolet et Jaume Guri (violons), Daniel Claret (cello) et Masha Titova (viole). Fanny Thollot, en charge de la création sonore, orchestre la répartition du son de la pièce sur l’espace. Le spectacle a été créé autour de morceaux choisis, un mélange de passages de Cantates, de L’art de la Fugue et de la Partita numéro II, mis en avant par le quatuor choral formé de Giorgio Celenza, Mario Corberán, Quitera Munõz et David Sagastume. Parmi les moments saisissants, notons l’entrée surprenante de Quitera Muñoz qui chante perchée sur une chaise à roulettes de deux mètres de hauteur, tirée par les chanteurs alors que les musiciens roulent sur un radeau poussé par les danseurs.
C’est un spectacle intime, harmonieux et généreux confirmé par l’ultime scène où les seize interprètes se rassemblent dans un cercle de lumière, une belle démonstration de leur mode de travail qui est fondé sur le mélange des langues des membres du collectif. Un travail baptisé « l’accordage », qui vise à accorder voix, instruments et corps afin de mettre en accord mouvements, musique et espace.
Inventions du collectif Mal Pelo. Mise en scène Maria Munoz et Pep Ramis, direction musicale Joel Bardolet. Musique Jean-Sebastien Bach, Scénographie Pep Aymerich, Pep Ramis. Lumière Luis Marti, August Viladomat. Vidéo Leo Castro. Son Andreu Bramon, Fanny Thollot. Costumes Carme Puigdevalli Plantes. Textes John Berger, Nick Cave, Erri de Luca. Assistanat à la mise en scène Leo Castro, Federica Porello. Assistanat à la direction musicale Quiteria Munoz. Chorégraphie et interprétation Leo Castro, Enric Fabregas, Miquel Fiol, Ona Fuste, Maria Munoz, Federica Porello, Pep Ramis, Zoltan Vakulya. Quatuor à cordes Jœl Bardolet (violon), Daniel Claret (cello), Jaume Guri (violon), Masha Titova (viole). Quatuor à voix Giorgio Celenza (basse), Mario Corberan (tenor), Quiteria Munoz (soprano), David Sagastume (contre-ténor) en alternance avec Hugo Bolivar.