Après le dernier tapis rouge de Séries Mania, la cérémonie de la remise des prix se déroulait dans la salle de spectacle du Nouveau Siècle de Lille, pleine à rabord pour cette dernière soirée de l’édition 2024. Quelque 98 000 spectateurs s'y sont retrouvés, soit 15% de plus que l’an passé. Autre avancée notable, les nouveaux pays participant aux compétitions : la Nouvelle Zélande, la Lituanie et l’Afrique du Sud. Lors de la cérémonie, l'actrice américaine Patricia Arquette a fait une confidence, révélant qu’elle venait de tourner ses scènes de Severance. La série reviendra donc bel et bien pour une seconde saison. Ce festival fut une grande réussite pour sa directrice Laurence Herszberg.

Le militantisme s'invite à la cérémonie. La remise des prix ne s’est cependant pas faite dans l’ordre et le calme. Des militants avaient choisi Le Nouveau Siècle, sur lequel étaient dirigées de nombreuses caméras, pour s'exprimer sur leur cause. Certains ont levé des drapeaux de la Palestine dès le début de la cérémonie, attirant l’attention sur la situation actuelle à Gaza. Plus tard, au moment de remettre le Grand Prix du Festival, une jeune femme est montée sur scène, fumigène à la main, afin de dénoncer l’état actuel de l’agriculture et sa nuisance pour la planète.

Les primés du Panorama International. Le jury du Panorama International était présidé par Douglas Kennedy et composé de Suzy Bemba, Hojin Kwon, Clémence Madeleine-Perdrillat et Danna Stern. Son prix de la Meilleure Série fut attribué à Dates in Real Life, qui raconte l’histoire d’Ida, une jeune fille qui passe toute sa vie en ligne jusqu’au jour où elle apprend que son petit ami virtuel a rencontré quelqu’un. L'annonce la décide à se confronter à la vraie vie. Le prix a été reçu par le créateur, scénariste et réalisateur de la série norvégienne, Jakob Rorvik (Thomas vs. Thomas).

Les créateurs, réalisateurs et scénaristes de la série La Mesìas, Javier Ambrossi et Javier Calvo (Holy Camp !), ont eu le prix Meilleure Réalisation. La Mesìas raconte l’histoire d’un frère et d’une sœur qui tentent de se remettre de leur enfance tourmentée. « Le travail du réalisateur est de faire resplendir tout le monde » déclare Javier Ambrossi avec fierté. La série espagnole a également remporté le prix Étudiant. Les créateurs ont déclaré que ce prix est un grand honneur, car venant d’un public averti, qui a grandi avec les médias et a conscience de ce que représente le montage d’un film.

Annoncé par Hojin Kwon en anglais et traduit par Douglas Kennedy, le prix de la Meilleure Actrice revenait à Robyn Malcolm (Dr Harrow) qui joue le rôle principal de la série After the Party. La série traite du combat pour la vérité d’une femme contre son ex-mari, qu’elle accuse de pédophilie. Il s’agit de la première série néo-zélandaise participant à Séries Mania. L’actrice était dans l’avion en route pour un tournage en Tasmanie, et n’a donc pas pu recevoir le prix en direct, mais elle a envoyé une vidéo de remerciement dans laquelle elle parle de sa fierté d'être récompensée par ce prix, qu’elle partage avec sa co-créatrice et scénariste, Diane Taylor. Cette dernière la représentait la scène lilloise, accompagnée de la productrice de la série, Helen Bowden. C’est suite à un casting que Robyn avait passé pour le rôle d'une femme de son âge, mais qui était revenu à une femme de 15 ans sa cadette, que les créatrices, furieuses, ont voulu faire une série réalisées avec des femmes de leur âge.

Le prix du Meilleur Acteur a récompensé Karlis Arnolds Avots (Lovable) pour son interprétation de Renars, dans la série Soviet Jeans. Il y incarne un jeune homme qui se lance dans l'industrie de contrebande de jeans au temps de la propagande anti-occidentale de l’URSS. Le comédien, qui était en représentation de théâtre, n’a pu recevoir le prix lui-même mais a rappelé dans sa vidéo de remerciement que des personnes se trouvent dans la situation de son personnage et qu’il fallait y remédier. Le créateur et réalisateur Stanislavs Tokalovs, qui le représentait à Lille, assurait que « C’est une première série, mais soyez assurés que nous reviendrons bientôt avec du nouveau contenu ».

Rematch, prix de la Compétition Internationale. Présidé par Zal Batmanglij, le jury de la Compétition Internationale, était composé de Bérénice Bejo, Sofiane Zermani, Malick Bauer et Charlotte Brändström. Tous ont noué des liens forts lors de ce festival en regardant ensemble des séries pour décider des prix à attribuer.

Le Grand Prix fut décerné à Rematch, série qui revient sur la compétition d’échecs qui opposait le champion Garry Kasparov à Deep Blue. Un combat qui a changé à jamais notre perception des machines. Yan England (1 :54), créateur, réalisateur et scénariste de la série, ainsi que Bruno Nahon (Louise Wimmer), créateur et producteur, étaient sur la scène pour recevoir le prix. Bruno Nahon a commenté leur série par ces mots : « elle n’a pas de carte d’identité, elle n’a pas de passeport », soulignant que chaque membre de l’équipe venait d’un pays différent. Ajoutant que la sortie aujourd'hui d'une telle série était intéressant, au moment d'une plus grande conscience de l’impact que cet événement a eu sur les avancées de la technologie et des IA. Le premier épisode de Rematch était diffusé dans la salle à l'issue de la cérémonie.

Le Prix du Meilleur Scénario est revenu à Herrhausen – The Banker and the Bomb. Il s'agit d'un biopic sur le PDG de la Deutsche Bank qui avait pour mission de sauver de la ruine l’Union Soviétique. Le prix fut reçu, auf Deutsch, par son scénariste Thomas Wendrich (Je suis Karl). Celui-ci a déclaré être fier et heureux car, ayant grandi en Allemagne de l’Est, il n’était pas sûr de pouvoir un jour venir en France pour un tel festival.

Annette Bening (American Beauty) fut récompensée par le Prix de la Meilleure Actrice pour sa prestation dans la série australo-américaine Apples Never Fall. Elle y incarne la mère d’une famille parfaite dont la vie est chamboulée lorsque des secrets de famille refont surface. Ne pouvant pas recevoir son prix directement, elle avait écrit un texte de remerciement lu par Bérénice Bejo. Le Prix du Meilleur acteur est revenu à Kamel El Basha (L’insulte) pour son rôle d’un imam nouvellement élu qui découvre les secrets se cachant derrière une élection dans House of Gods. L’acteur, contrairement aux autres, n'avait pas été informé de sa victoire et c’est très ému qu’il est monté sur scène en disant « je vous remercie d’avoir cru en un acteur palestinien. »

Palmarès des séries françaises. Le jury de la Compétition Française était constitué de journalistes internationaux. Il attribua Le prix de la Meilleure Série à Machine, dont l’équipe de tournage entière (ou presque) est venue recevoir le prix. Le scénariste et créateur Thomas Bidegain a remercié Arte : « je crois que c’est leur première série de Kung-Fu, et merci à Prime, je crois que c’est leur première série sur la réappropriation du capitalisme par le prolétariat ». Un bon résumé de la série.

Le prix du Meilleur Acteur a été attribué à Jérémy Gillet pour son interprétation du roi Louis XIII dans Une Amitié Dangereuse, qui relate l’amitié de la reine Anne d’Autriche et Marie de Rohan-Montbazon. Le jeune comédien a partagé son bonheur, disant que son tout premier festival était Séries Mania et que, il y a cinq ans, il y était en tant que spectateur. Le prix de la Meilleure Actrice salue Tiphaine Daviot pour son rôle dans Murder Club. Dans sa vidéo de remerciement, on voit l'actrice accomplir sa danse de la joie, signature de son personnage. Le réalisateur Renaud Bertrand a dit, en acceptant le prix, « On dit que les réalisateurs choisissent leurs acteurs, mais les acteurs choisissent aussi leurs réalisateurs, alors merci Tiphaine de m’avoir choisi. »

Le prix de la Meilleure Musique Originale a été attribué à Julie Roué pour la bande son de Le Monde n’existe pas, série sur un journaliste qui doit enquêter pour prouver l’innocence de son amour de jeunesse.

Toujours plus de prix… Le Prix du Public a été décerné à la série Soviet Jeans, ramenant le créateur et réalisateur Stanislavs Tokalovs sur scène en plaisantant « Eh bien, c’était inattendu, mais je vous avais promis que je serai vite de retour et… me revoilà. »

Le prix de la Compétition Comédie récompensait la série australienne Videoland, un huis-clos dans lequel une adolescente part à la découverte de sa sexualité. Cette série rappelle l’importance de la représentation dans une époque où elle ne fait heureusement que grandir. « Un vote pour Videoland est un vote pour l’inclusivité » a proclamé la créatrice, scénariste et réalisatrice Jessica Smith.

Le prix Format Court a été remporté par Ceux qui rougissent, une série qui montre la découverte des cours d’improvisation par une classe de lycéens. Une mention spéciale a été décernée à la série finlandaise Limbo Zone, qui suit une protagoniste alors qu’elle tente de s’en sortir en vivant seule, à la rue.

Séries Mania, Lille, du 17 au 22 mars. Tous les événements du festival, ainsi que les séries projetées, sont disponibles en ligne sur Séries Mania + jusqu’au dimanche 24 mars à 23h59.