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Mot de passe oublié ?Laurent Lafitte a débuté à la télévision. Pensionnaire de la Comédie-Française depuis 2012, il est devenu populaire avec la sitcom Classe Mannequin diffusée sur M6. Il quitte pourtant assez vite le tournage, par peur de se retrouver coincé dans un type de rôle dès ses débuts. Sa carrière lui a donné raison, car il est un des rares acteurs à ne pas être enfermé dans un personnage particulier. Depuis 20 ans, il dit constater une évolution dans les séries, notamment avec les acteurs qui y jouent. Le comédien n’a d’ailleurs pas abandonné le petit écran, sa dernière série en date étant le biopic Netflix Tapie, créé par Olivier Demangel et Tristan Séguéla. Ce dernier aurait d’ailleurs vu, il y a 10 ans, Laurent Lafitte coiffé d’une perruque qui le faisait ressembler à Bernard Tapie. C’est ainsi que tous deux ont réalisé qu’ils avaient en tête ce projet. L’acteur confie qu’il lui a été plus facile d’interpréter Tapie que de jouer le rôle-titre du Molière Imaginaire d’Olivier Pi, car pour le second il n’y avait bien sûr pas de références vidéo, ce qui lui laissait plus de liberté d’interprétation.
Au sujet de ses rôles, Laurent Lafitte explique : « Je ne peux pas mettre de jugement sur le personnage que j’interprète », signifiant que sans donner d’avis personnel dans son jeu il doit toujours être dans le camp de son personnage. Il confie cependant que le seul qu’il « ne peut pas sauver » est le lieutenant Henri d’Aulnay-Pradelle dans Au revoir là-haut d’Albert Dupontel. Il lui était difficile d’accéder à la part d’humanité du personnage, davantage présente dans le roman mais n’apparaissant pas à l’écran. Il évoque aussi la série radiophonique À votre écoute, coûte que coûte, dans laquelle il interprète Philippe de Beaulieu au côté de Zabou Breitman, qui donne sa voix à sa femme Margarete. Ils incarnent un couple, lui médecin elle psychothérapeute, réactionnaire, homophobe, sexiste, raciste. Ce qui fait la particularité de cette série c’est que, lors de sa première diffusion, il n’était pas annoncé qu’il s’agissait d’une parodie. Cela provoqua une onde de choc chez les auditeurs de France Inter. Zabou Breitman lui avait confié le rôle sans lui faire passer de casting.
La France, une terre bénie pour le cinéma. Laurent Lafitte s’est formé dans trois écoles : les Cours Florent, qui lui ont appris le côté émotionnel du jeu, le Conservatoire, qui lui a enseigné l’amour des textes du répertoire, enfin la Comédie Musicale en Angleterre, qui lui a apporté un rapport au jeu plus direct, plus pragmatique. Cette dernière étape lui a permis de trouver un équilibre entre les acteurs français, qui ont tendance à ne pas se prendre trop la tête, et les anglais, qui perdent de l’âme du jeu en planifiant tout et en rendant tout trop parfait. Il ajoute que, alors qu’il préférait le cinéma américain dans sa jeunesse, il trouve aujourd’hui que « la France est une terre bénie pour le cinéma. »
Aujourd’hui acteur dans la nouvelle mise en scène de Cyrano de Bergerac à la Comédie-Française, il confie avoir eu son plus gros trac lors de la première, qui était la pire première de sa vie. Comme quoi l’expérience ne fait pas disparaître cette sensation. À un membre du public qui lui a demandé ce qu’il choisirait entre le cinéma et le théâtre, l’acteur a répondu « Je n’ai pas à choisir, alors pourquoi je le ferais ? » Il dit adorer passer de l’un à l’autre.
L’acteur accompli est récemment passé de l’autre côté de la caméra, réalisant son premier film, L’Origine du monde, adaptation de la pièce de Sébastien Thiéry sortie en 2020. Il confie en rigolant que la raison pour laquelle il s’est donné le rôle principal est qu’il adorait le rôle et ne voulait pas qu’il revienne à un autre. L’expérience lui a énormément plu et il compte la renouveler, et possiblement même écrire son propre film.