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Amiens : le dessin en Frac

par Véronique Giraud
Dans le cloître du Frac Picardie, l'exposition Memorandum met en scène le processus créatif de l'artiste Camille Chastang. ©Rivaud/NAJA
Dans le cloître du Frac Picardie, l'exposition Memorandum met en scène le processus créatif de l'artiste Camille Chastang. ©Rivaud/NAJA
Elika Hedayat, Les dépossédés # 18-2023. Animation 2D, courtesy de l'artiste.
Elika Hedayat, Les dépossédés # 18-2023. Animation 2D, courtesy de l'artiste.
Elika Hedayat

Les dépossédés # 17, 2023

Technique mixte (Crayon, Aquarelle, chevelure naturelle) sur papier
Elika Hedayat Les dépossédés # 17, 2023 Technique mixte (Crayon, Aquarelle, chevelure naturelle) sur papier
Arts visuels Arts plastiques Publié le 12/04/2024
Le Frac Picardie a bâti sa collection autour du dessin contemporain. Cette collection publique est la plus importante en France et sans doute en Europe. Jusqu’au 1er juin, y sont exposés quatre artistes dont les travaux témoignent de la grande diversité contenue dans le dessin aujourd’hui.

Installé dans un ancien couvent d’Amiens, le Frac Picardie a constitué une collection hors normes depuis sa création en 1983. Resté à sa tête pendant vingt ans, son premier directeur y fit entrer deux œuvres de Jean-Michel Basquiat dans les collections nationales, bien avant l’engouement hexagonal pour l’artiste haïtien. Grâce à une politique d’acquisition assidue, plus de 1 300 œuvres de 250 artistes composent cette collection publique d’exception, suscitant maintes demandes de prêts d’œuvres de la part des musées du monde entier. Jusqu’au 1er juin, le FRAC expose trois artistes, leurs productions témoignent de la grande diversité qu’inspire le médium dessin. Aménagée dans les trois vitrines du cloître, l’exposition Memorandum raconte en papier peint, en dessins, en carnets écrits et dessinés le processus créatif de Camille Chastang. La mise en scène, éclairée par des lampes qu’elle a confectionnées en céramique, livre à la fois les personnages et les paysages qui l’inspirent, croqués dans ses carnets, et ce qu’ils produisent en traits, en couleurs, en motifs.

 

La danse macabre, œuvre totale. Il suffit de quelques pas pour changer d’échelle et d’univers avec les grands formats de David Prudhomme qui animent les cimaises de la salle d’exposition. Proposition a été faite à l’artiste de s’inspirer du motif de La danse macabre. Le créateur de bandes dessinées a quelque temps hésité avant d’accepter le défi de créer à partir de la fresque, peinte il y a exactement six cents ans sur un mur du cimetière des Innocents et sa reproduction gravée conservée en un unique exemplaire à la bibliothèque de Grenoble. Pour cet espace du FRAC, David Prudhomme l’a finalement revisitée en dessins, en couleurs, en volume, mais aussi en collaborations. Une collaboration poétique avec Laurent Gaudé dont le texte est retranscrit de la main du bédéiste sur un papier grand format au fond agréablement coloré. Une collaboration musicale également avec Albin de la Simone dont la partition accompagne le regard porté sur les œuvres.

 

Une ronde malicieuse. Tout commence avec la reproduction en très grand format de la gravure reproduisant le premier tableau de la fresque, sarabande où les morts entrainent deux par deux vers le tombeau, puissants et pauvres, religieux et laïques. David Prudhomme a agrémenté l’œuvre de quelques couleurs et l’a prolongée de ses squelettes tracés à l’acrylique. Suivent des scènes qui revisitent le motif qui a inspiré autant le musicien Saint-Saëns en 1874 que de nombreux écrivains. Sous le trait plein d’humour et de tendresse du dessinateur, morts et vivants se croisent, les squelettes prennent la pose des vivants, le jaune d’or irradie les planches propres à la BD, techniques et choix esthétiques explorent de maintes manières le sujet. L’art du dessin, exécuté en noirs et en couleurs, au crayon, à la plume et au fusain, se déploie d’une œuvre à une autre. Autour d’un sujet tragique, la mort, l’artiste fait accomplir au visiteur une ronde délicate et malicieuse. Autour d’un sujet sacré, il propose une œuvre totale qui implique le regard, l’écoute et le sens.

 

Les formes de l'invisible. Le travail de l’Iranienne Elika Edayat se découvre dans l’obscurité de la Black box (boîte noire) du FRAC. Pendant 25mn16s, la projection de courtes vidéos, passées en boucle pour la plupart, permet là aussi d’avoir un aperçu de l’efficacité dont fait preuve cette artiste virtuose en s’emparant de sujets politiques et de société. Point de crispation mais une liberté sans mots où une mèche de cheveux féminins tient le premier rôle. Tout est dit. Pour ses œuvres, Elika Hedayat se sert souvent des témoignages et du documentaire expérimental mises en scène dans un univers onirique et imaginaire. Réalité, mémoire et imaginaire s’interpénètrent dans un récit personnel sous des formes différentes : dessins, vidéos, documentaire, peinture et performance. L’animation reste néanmoins son langage de prédilection.

Alors que les œuvres graphiques de David Prudhomme et de Camille Chastang y sont déjà, celles d’Elika Edayat ont récemment intégré les collections du Frac Picardie.

 

Les trois expositions sont à voir jusqu'au 1er juin 2024 au Magasin du Frac Picardie.

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