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Mot de passe oublié ?« Hola », dit l'acteur d'une voix timide tandis qu'il vient s’assoir à un bureau, devant son ordinateur. Activant sa caméra, Malicho Vaca Valenzuela laisse les spectateurs voir son visage sur le grand écran derrière lui. Il prévient alors « désolé, je ne suis pas très doué avec Zoom ». Ainsi commence Reminiscencia, qui invite les spectateurs à entrer dans le quotidien de son confinement.
Ce dernier, il l’a passé à Santiago, dans la maison mitoyenne à celle de ses grands-parents. Ces derniers faisaient resonner entre leurs murs tous les registres de musiques chiliennes (sauf les musiques actuelles, qui sont « zéro », dit la grand-mère). C’est au rythme de ces musiques, qui animent son quotidien, que Malicho a décidé de créer une pièce sur l’histoire de son quartier. Confinement oblige, il fait avec les moyens du bord. C’est ainsi que naît cette pièce-conférence, dans laquelle l’acteur s’assoit à son bureau sur scène et, accompagné seulement d’un micro et d’un vidéoprojecteur, conte des histoires passées et présentes.
Ayant pour habitude d’aborder les questions de genre, sexualité, et droits des Hommes dans ses œuvres, Malicho Vaca Valenzuela parvient ici à partager avec humour et poésie la révolution chilienne, les épreuves personnelles que vivent sa famille et les semaines de confinement. Sa douceur naturelle séduit tout de suite, et il fait vite entrer le public dans son univers en lançant la chanson Sin Ti de Los Panchos, qu’il invite à chanter en chœur en projetant les paroles sur le grand écran. Les spectateurs se mettent joyeusement à chanter, et ça y est, le lien entre eux et le comédien est créé.
Le dramaturge propose alors de faire un tour de son quartier sur Google Maps, montrant les coins qu’il chérit, et d’autres qui le questionnent, comme ce jardin dans lequel des baignoires ont été disposées en guise de pots de plantes, ou cette place de Santiago entièrement tapissée de gigantesques œufs au plat. Le tout est fait avec beaucoup de tendresse et de comique, y compris les moments plus graves comme la destruction de son lieu de naissance et l’image de la place couverte de plus d’un million de manifestants venus en 2019 protester contre les inégalités sociales. Mais après le confinement, la place est redevenue vide, presque intacte, comme s’il ne s’était rien passé. Il questionne alors la qualité du souvenir et ce qui fait qu’un lieu devrait être plus ou moins marqué par le passage de tous.
Les beaux souvenirs d’enfance et les films de ses grands-parents qui chantent et déclament leur amour lors du confinement sont eux remplis de nostalgie lorsqu’il annonce que sa grand-mère est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Il explique alors à son public, ému, que son grand-père tient absolument à ce qu’il y ait toujours de la musique dans la maison, car seules ces chansons lui permettent de retrouver la mémoire, momentanément.
Ces sujets lourds et profonds sont abordés avec légèreté, et rendent le public ému et joyeux.
Après 9 représentations au Festival d’Avignon, données du 17 au 21 juillet dans le Gymnase du lycée Mistral, Reminiscencia partira en tournée à Toronto du 3 au 5 octobre, et, après une date au Brésil, reviendra en France les 16 et 17 octobre au Quai, Centre dramatique national d’Angers-Pays de la Loire. La pièce poursuivra son chemin au Portugal le 9 novembre, puis à Saint-Jacques de la Lande les 20 et 21 novembre, à Choisy-le-Roi le 28 novembre, au Next Festival de Lille les 29 et 30 novembre, et en Suisse du 4 au 8 décembre.