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Les opéras dans la tourmente

par Élisabeth Pan
L'Opéra Berlioz de Montpellier où est donné l'essentiel des œuvres lyriques et concerts symphoniques. DR
L'Opéra Berlioz de Montpellier où est donné l'essentiel des œuvres lyriques et concerts symphoniques. DR
Arts vivants Opéra Publié le 05/04/2023
L’inflation et les hausses des prix de l’énergie fragilisent les opéras, leurs productions comme la gestion des bâtiments. Responsables et syndicats tirent le signal d’alarme.

« Les opéras vont connaître une hécatombe » : dans une interview donnée au journal Le Monde, Loïc Lachenal ne pêche pas par retenue sur un art qu’il connaît bien. Le vice-président du syndicat des Forces musicales nourrit son pessimisme à l’aune des programmes appauvris des scènes françaises où vingt-six productions d’opéra ont été annulées en une année. Certains opéras ont fait le choix de raccourcir la saison ce qui entraine une mise en chômage partiel du personnel. « Si nous ne sommes pas rapidement refinancés, certains ensembles ou certaines maisons d’opéra disparaîtront » ont noté de leur côté les États généraux des ensembles permanents, soutenus par le SNAM-CGT, FO-SN3M et le SNAPAC-CFDT qui se sont tenus fin janvier à Paris.

En cause, les budgets victimes de l’inflation et des hausses vertigineuses du prix de l’énergie (plus 700 000 euros annuels pour l’opéra de Lyon). Du côté de l’État comme de celui des collectivités locales, l’opéra présente l’inconvénient d’employer un très grand nombre d’artistes, même si, comme le déplorent les syndicats de musiciens et musiciennes « nombre d’orchestres sont constitués d’artistes en contrats à durée déterminée » et les salaires à l’embauche « de moins en moins attractifs ».

Ce mauvais rapport entre budget et nombre de billets vendus donne aussi à l’opéra une image élitiste accentuée en France, alors qu’en Italie, en Allemagne, ou dans l’est de l’Europe, l’art lyrique est plus populaire. Les États généraux n’ont pas ignoré ce phénomène, rappelant que nombre de zones géographiques n’ont pas accès à des lieux de diffusions proches : « La volonté politique de mailler le territoire d’ensembles permanents s’est plus qu’émoussée et le reproche infondé d’un art élitiste s’est transformé en prophétie auto-réalisatrice : quand on ne se donne pas les moyens de porter les arts auprès de tous, il est facile de reprocher ensuite de ne pas élargir les publics ».

 

Rénover des bâtiments énergivores. Selon une note de l’observatoire des politiques culturelles, les vingt-deux opéras sur les vingt-cinq de la Réunion des opéras de France qui ont répondu à son enquête menée en 2018, le total des budgets s’élève à 516 millions d’euros contre, par exemple, 265 millions d’euros pour les 74 scènes nationales dédiées aux arts vivants (à ne pas confondre avec les Centres dramatiques nationaux). 63 % des recettes proviennent des subventions publiques, 26,8 % de la billetterie et 3,7 % du mécénat.

Aux charges induites par la production d’une œuvre, qui se fait désormais la plupart du temps en co-production entre plusieurs opéras de France, d’Europe ou de plus loin encore, il faut ajouter la gestion de bâtiments anciens et prestigieux qui demandent un entretien important. Et aujourd’hui, des rénovations écologiques et des économies énergétiques. La structure Opéra de Paris, constituée de deux bâtiments, le palais Garnier et l’opéra Bastille, dépense en lumière autant qu’une ville de huit mille habitants.

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