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« PARC » fait danser le handicap et s’envoler les préjugés

par Véronique Giraud
Arts vivants Danse Publié le 30/09/2024
Le chorégraphe Éric Minh Cuong Castaing, avec sa compagnie Shonen, travaille la danse avec des enfants en situation de handicap. Répondant à l'invitation du Chatelet, Shonen a permis au théâtre de s'ouvrir sans discrimination à tous les interprètes de PARC. La pièce a également été donnée à plusieurs reprises en extérieur. Le plaisir des enfants émeut autant qu'il bouscule nos préjugés.

« Ce qui m’intéresse c’est qu’on voit dans un même espace, des enfants, des danseurs, des soignants et des parents » explique Eric Minh Cuong Castaing, chorégraphe et artiste visuel de la compagnie Shonen. Et c'est bien ce qui s'est produit dans le square de la Tour Saint-Jacques les 28 et 29 septembre avec deux représentations de PARC, une pièce que la compagnie reprend à Paris à l'invitation du théâtre du Chatelet. Elle est donnée à la fois au Chatelet les 1er et 2 octobre et en extérieur. Devant parents et fauteuils roulants, devant un public et au milieu des passants, cinq danseurs et danseuses, une dizaine d’enfants en situation de handicap et plusieurs robots de téléprésence évoluent sur l’herbe et dans l’allée Nijinsky. Enfants et danseurs font corps. À deux, à trois, à quatre, des figures inédites se créent. L'enfant est porté, glisse le long du corps du danseur, est tenu par les mains, par les pieds. Les positions évoluent, de ces courses et ces sauts s'échappent les rires de l'enfant, les regards se croisent parfois avec le danseur ou regardent dans la même direction. Le plaisir est là, la confiance aussi. « À travers l'enfant, on essaie de comprendre comment, nous aussi, on fonctionne et comment créer en tant collectif » explique Mai Ishiwata, l'une des danseuses. Et côté spectateurs ? Pour Éric Minh Cuong Castaing, « il s’agit de déverrouiller nos préjugés, on se demande est-ce que les enfants sont consentants ? Ne suis-je pas coupable de regarder ? » Le regard confiant des parents rassure, et les enfants rient, happés par le plaisir sensoriel du mouvement.

« L’idée de créer à l’extérieur est venue dès l’origine du spectacle, pour voir comment dans cet espace ça fait friction avec les gens non avertis, avec les sons de la ville » poursuit Éric Minh Cuong Castaing. Il revendique ces « portraits de la relation entre enfants et danseurs » dessinés dans un espace où l’on peut circuler et observer en détail chaque geste, « où le public va se perdre ou se remplir de sensations inédites. Le dispositif scénique n’est pas du tout fait pour les personnes en situation de handicap, du coup on fait monter le public sur la scène ».

Eric Minh Cuong Castaing se partage entre ces sujets et un travail sur la façon dont notre rapport avec la technologie crée de nouvelles relations. « En fait mon sujet c’est créer des espaces relationnels, même à distance » résume-t-il. Les écrans des robots de PARC montrent les visages d’enfants qui sont depuis des années à l’hôpital. Certains ne peuvent bouger que leurs doigts, mais parviennent à piloter le robot et le faire jouer à distance avec les danseurs. Ces projets, la compagnie les a menés au Japon, à Gaza grâce à ces connexions. Ce qui est en jeu c'est « comment, avec la technologie, on arrive à créer des présences qu’on ne voit pas » ajoute le chorégraphe.

PARC sera recréé à Rennes, puis à Nantes, à chaque fois avec des enfants locaux. La compagnie partira en Corée du Sud pour un projet intitulé Forme de vie qui mettra en jeu des personnes en situation de handicap, un boxeur, une danseuse atteinte de Parkinson. En 2026, un projet sera mené avec des aveugles.

 

 

À la tête de la compagnie Shonen depuis 2007, le chorégraphe Éric Minh Cuong Castaing, basé à Marseille, trace une voie singulière entre danse et nouvelles technologies (robots humanoïdes, drones). Il aime partager le plateau avec des professionnels, des amateurs, des enfants, des interprètes empêchés pour mieux nourrir son geste et questionner la technique. Avec une quinzaine de créations à son actif dont des installations, des performances et des films, celui qui a engrangé des apprentissages variés à l’école de l’image des Gobelins, à Paris, tout en plongeant dans la danse hip hop, contemporaine et le butoh, invite chacun à affûter son regard sur la création chorégraphique à travers des mouvements et des corps différents. Pour faire surgir un art inclusif et généreux.

 

 

 

 

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