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Cinemed : Christophe Leparc invite « tous les publics »

par Élisabeth Pan
Christophe Leparc, directeur du Cinemed depuis neuf ans
Christophe Leparc, directeur du Cinemed depuis neuf ans
Cinéma Publié le 03/10/2024
Du 18 au 26 octobre, le Cinemed, festival du cinéma méditerranéen de Montpellier, fête sa 46e édition avec Reda Kateb, Alba Rohrwacher et le réalisateur Rodrigo Sorogoyen en invités d'honneur. Le jeune cinéma marocain sera également présent dans une manifestation qui est, une fois de plus, impactée par la guerre au Moyen-Orient.

Comme l’an dernier, le Cinemed se déroule alors que le Moyen-Orient est à feu et à sang. Est-ce que cela a un impact sur le festival ?

Ça a un impact, déjà, moral, mental, parce que les cinéastes, comme nous tous citoyens, sont d’abord horrifiés par ce qu’il se passe. On se demande ce qu’on peut faire, quel est notre rôle. L’impact immédiat, c’est la difficulté de se déplacer pour ces cinéastes. S’ils sont bloqués, que ce soit au Liban, en Palestine, en Israël… ils ne peuvent pas s’exprimer autrement que par des visios, etc… Nous, on fait une sélection de films que nous voulons défendre, avec une qualité artistique qui est indéniable, et pour que l’expression artistique de ces cinéastes puisse continuer à exister, qu’ils parlent de leur situation à-travers leurs films, il faut qu'ils viennent défendre leurs œuvres. C’est notre rôle en tant que festival. C’est un rôle modeste, mais on doit le tenir. Par ailleurs, on a une partie réservée aux professionnels du cinéma : la mise en relation d'auteurs qui ont un scénario, une histoire à raconter, qui vont venir à Cinemed pour défendre leur projet devant des professionnels. Le but c’est qu’ils trouvent, en Europe, en France, des partenaires financiers pour que les projets se concrétisent. Nous, on ne peut que défendre les cinéastes. C’est peu, mais c’est notre spécificité, donc il faut absolument qu’on maintienne ça.

 

Vous mettez à l’honneur chaque année des jeunes talents du cinéma, et cette année, vous avez choisi le Maroc. Est-ce que vous pensez qu’il y a un essor particulier dans cette génération de cinéastes marocains ?

On a choisi les jeunes créateurs marocains parce qu’on a affaire à des jeunes réalisateurs qui en sont à leurs premiers courts métrages ou entre le premier et le second long métrage, et qui ont un peu donné un coup de pied dans la fourmilière du cinéma marocain. Ils s’emparent de sujets à travers différents genres du cinéma : la comédie, le film rock'n roll, le film fantastique… et ça c’est un peu nouveau chez les cinéastes marocains. De plus, ils n’hésitent pas à aborder des sujets plus ou moins difficiles, à la différence des générations précédentes qui s’auto-censuraient quelque part. C’est un peu des iconoclastes, et ils connaissent un certain succès dans les festivals étrangers. L’année dernière La Mer de tous les Mensonges d’Asmae El Moudir a gagné le prix du meilleur documentaire au festival de Cannes. Cette reconnaissance internationale affirme un courant cinématographique particulièrement dynamique et novateur.

 

Cette année, vous mettez à l’honneur Reda Kateb et Rodrigo Sorogoyen, pourquoi ce choix ?

Reda Kateb, c’est peut-être un des comédiens les plus doués de sa génération. Ça fait un petit moment qu’on voulait faire quelque chose ensemble, et l’occasion s’est trouvée parce qu’il passe à la réalisation, avec son premier long métrage : Sur un Fil. Reda Kateb est très populaire parce qu’on a l’impression qu’il est sympathique, qu’il est franc, qu’il est honnête, qu’il est généreux. Toutes ces qualités sont réelles. C’est vraiment lui. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si son premier film parle de clowns qui font des spectacles dans des hôpitaux pour enfants, quelque chose d’extrêmement généreux, qui le touche lui particulièrement.

Rodrigo Sorogoyen est un cinéaste espagnol qui a fait cinq films, cinq longs métrages, tous dans des genres extrêmement différents, et absolument brillants. C’est quelqu’un qui monte d’un cran à chaque fois qu’il fait un nouveau film. Le dernier en date c’était As Bestas, avec Marina Foïs notamment, qui se passait en Galice. Ça a été un gros succès, et là il vient d’annoncer son prochain projet avec Javier Bardem. En cinq films, il a démontré qu’il était l’un des plus intéressants cinéastes, pas seulement espagnol mais vraiment européen, à suivre.

 

Vous êtes un des festivals de cinéma qui rassemble le plus de public, est-ce que c’est important pour vous ?

Très important. Quand on aime le cinéma, j’ai l’habitude de dire qu’on aime Les cinémas. On aime toutes les formes de cinéma, des Aventures de Rabbi Jacob à un film expérimental libanais pour des étudiants de la fac. Cette capacité que l’on a à s’émouvoir, à s’intéresser à toutes les formes de cinéma, c’est aussi une manière de dire au public « Venez au Cinemed et vous trouverez toujours un film qui va vous convenir ». Cette année, pour notre rétrospective Luigi Comencini, on repasse Les Aventures de Pinocchio, et on va des films pour enfants aux Giallo italiens des années 70, avec les films de Sergio Martino, dont La Trilogie du Vice. On est vraiment ouverts sur tout ce qui se fait, pour pouvoir toucher un public le plus large possible et faire du festival un endroit où toutes les générations, tous les milieux sociaux sont représentés. Et ça, c’est la possibilité qu’offre le cinéma d’aller sur autant de territoires différents, vers autant de publics différents.

 

Est-ce que le Cinemed fait un effort particulier pour attirer le jeune public dans les salles de cinéma ?

Ah oui ! Et à tous les niveaux. Les trois premiers jours du festival, on accueille 500 lycéens en option cinéma pour leur stage. Et puisque le festival se déroule la première semaine des vacances d'automne, on profite du premier jour du festival, le vendredi, pour faire des séances en direction des collégiens, et puis dans la semaine, faire des séances pour les plus petits pour les centres de loisir etc… On fait aussi un gros travail avec les étudiants. On a la chance, à Montpellier, d’avoir plusieurs écoles de cinéma, mais aussi une université assez dynamique. Alors on profite des invités qui viennent pour que ces étudiants rencontrent des professionnels sur les différents métiers du cinéma. Et puis, en-dehors des dates du Cinemed, on organise au mois de mars un festival jeune public qui se déploie dans toute la métropole de Montpellier. Pour les maternelles et les primaires, c’est la découverte du cinéma, c’est une premier regard, et toutes ces séances sont accompagnées pour présenter ce que c’est que le cinéma à ces, on l'espère, futurs spectateurs du Cinemed.

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