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« La Pie voleuse » : Guédiguian revient au Cinemed

par Élisabeth Pan
Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin dans
Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin dans "La Pie voleuse" film de Robert Guédiguian présenté à Cinemed. DR
Cinéma Publié le 21/10/2024
Producteur et réalisateur marseillais, Robert Guédiguian est un habitué du Cinemed de Montpellier. Il était présent à cette 46ème édition du festival, pour l’avant-première de son 24ème film, La Pie voleuse.

Inspiré du morceau du même nom de Gioachino Rossini, La Pie voleuse, c’est en musique que Robert Guédiguian et Serge Valletti ont écrit ce dernier film. Le réalisateur décrit avoir eu, en écrivant le scénario, le ressenti d’un film muet. D'où plusieurs scènes dans lesquelles seule la musique se fait entendre. Pour ce faire, il travaille en tandem avec le compositeur Michel Petrossian, qui joue par ailleurs le professeur de piano dans le film. « Je lui ai dis : lis le texte, je pense qu’il y aura pas mal de musique, tu me dis ce que tu en penses » explique le réalisateur. « On a vraiment travaillé quasiment ensemble. C’était assez agréable, c’est la première fois que je faisais ça. » Le musicien avait déjà composé la bande originale de Et la fête continue ! de Robert Guédiguian, sorti l’an dernier.

La Pie voleuse est un film léger, qui a été créé très rapidement, comme le dit le réalisateur : « Il y a eu 6 mois entre l’écriture du premier mot et la fin du montage ». Il commence comme une chronique : le public y voit les personnages dans leur quotidien. Robert Guédiguian raconte : « Pour que la chronique devienne une fable, un récit, il faut qu’il se passe un élément précis, une action, qui bouleverse la vie. »

« C’est une voleuse qui vole rien du tout, elle se paie ses heures sup’, elle rétablie une certaine injustice sociale. » dit le réalisateur de sa protagoniste, « Mais elle vole aussi pour manger des huitres, et là c’est un vol, vol. » Robert Guediguian explique que lorsque le SMIC avait été établi, les autorités publiques avaient pris en compte ce qui était nécessaire aux besoins premiers, logement, nourriture, déplacements... mais avaient écarté les dépenses culturelles. « C’est pas la survie, c’est la vie. »

 

La cité phocéenne. Le film a été tourné dans le quartier de l’Estaque à Marseille, dans lequel a grandi Robert Guédiguian, qui plaisante : « Tous les 7 ou 8 ans je reviens dans ce quartier. Après, parfois, je m’expatrie, je vais dans le centre de Marseille ! ». Ce choix d'un cadre très personnel ne réduit pas la portée du film, pense le réalisateur pour qui le lieu dans lequel un film est tourné ne fait pas grande différence : certains comportements seront écrits et joués différemment, mais « le fond du récit n’en sera pas affecté, on lui donnera juste une forme différente ». Il choisit Marseille non seulement car il en vient, mais aussi « pour démontrer que l’universalité est partout ».

 

Le casting Guédiguian. Les acteurs habituels du réalisateur sont au casting, au grand plaisir des spectateurs ! « Il y a des gens qui me disent : on vient voir si Gérard Meylan a perdu des cheveux ou pas, si Darroussin a la moustache maintenant… » rigole-t-il.

Son épouse Ariane Ascaride est en tête d’affiche dans le rôle de Maria, auxiliaire de vie aux mains baladeuses. Personnage espiègle et attendrissant, l’actrice porte le rôle à merveille.

On retrouve également Jean-Pierre Darroussin, pour son 20ème film avec Guédiguian, qui joue l’un des clients de Maria, assez attiré par son charme. Darroussin émeut son audience en récitant un poème de Victor Hugo, Les Pauvres Gens, tout à fait à propos dans un film sur les inégalités sociales et ceux qui tentent de s’en sortir. Le public le découvre également cascadeur, dans une scène où il descend une pente des rues de Marseille en fauteuil roulant. Gérard Meylan est toujours au rendez-vous, mari inquiet et joueur de Maria. Jacques Boudet, récemment disparu, offre une performance très touchante, dans son ultime rôle, un client de Maria, dont la femme a un passé pesant. Enfin, l’acteur et réalisateur Grégoire Leprince-Ringuet fils du personnage de Darroussin, ressasse sa colère née des erreurs de son père. Robinson Stévenin et Lola Naymark sont également au casting.

Un nouveau nom s’inscrit enfin au générique : celui de Marilou Aussilloux, dans le rôle de la fille de Maria qui tente de réparer les erreurs de sa mère. La jeune actrice a déjà une belle filmographie, avec des films tels qu’En Corps de Cédric Klapisch et Adieu les Cons d’Albert Dupontel. Originaire de Narbonne, elle était également présente au Cinemed pour l’avant-première de La Pie voleuse. Le film sortira en salle le 25 janvier 2025.

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