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Mot de passe oublié ?Le réalisateur italien Leandro Picarella revient au Cinemed pour cette 46ème édition. Il avait déjà présenté, en 2021, son deuxième long métrage, Divinations. Ce dernier avait également été sélectionné à l’IDFA, festival du documentaire d'Amsterdam, et au Festival dei Popoli, le plus ancien festival du documentaire d’Europe, fondé en 1959 à Florence.
Cette fois, il présente en compétition documentaires Les Signes de vie, un film qui a pour cadre le village italien de Lignan où deux communautés cohabitent sans se parler : les scientifiques et les paysans. Paolo Calcidese est astrophysicien, il est envoyé dans l’observatoire astronomique de la vallée d’Aoste afin de faire des analyses, mais un accident technique l’en empêche. Il se retrouve alors à interroger les agriculteurs sur leurs connaissances en astrophysique. D'abord cynique, il se rend compte au fur et à mesure de ses entretiens que ses aprioris ne sont pas forcément fondés, et que les êtres humains valent parfois aussi le détour. Les Signes de vie, c’est la dualité entre ceux qui ont la tête dans les étoiles et ceux qui ont les pieds sur terre.
Réalité VS. Fiction. Leandro Picarella présente ici un documentaire qui a tout d'une fiction. Les caméras ne sont pas prises en compte, les « personnages » se comportent comme s’ils n’étaient pas filmés. Pourtant il ne s’agit pas d’acteurs mais bien de villageois. La trame a pour origine la thèse scientifique de Paolo Calcidese, les situations viennent de ce que le réalisateur a vécu pendant l'année qui a précédé le tournage. Il s’agit d’ « histoires vraies passées par le filtre de la caméra » explique Leandro Picarella. Pendant le confinement, il s’était installé dans ce village, curieux de savoir pourquoi ces deux pans de la communauté ne se mêlaient pas. Il a alors appris à les connaître, faisant ses recherches, préparant son scénario, et il s’est mis à filmer une fois qu’une relation de confiance était instaurée. Dans tous ses films, le réalisateur cherche à « raconter la vie ». Il travaille alors à la frontière de la fiction et de la réalité, car l’important pour lui est que les faits soient rapportés avec véracité. Les « dialogues » ne sont pas scriptés, ce sont de vraies conversations qui prennent place entre les villageois et le scientifique.
Le ciel VS. La Terre. Le choix de Paolo Calcidese comme personnage principal vient, entre autres, de la différence de vision entre lui et le réalisateur. Le scientifique pouvait alors apporter un nouveau point de vue au documentaire. D’abord seul dans l’observatoire avec Arturo, le robot qu’il a lui-même conçu, Paolo se mêle de plus en plus aux villageois, avouant qu’au cours du tournage il a formé de réelles amitiés.
Lieu central du documentaire, l’observatoire n’avait jamais été visité par les villageois avant le tournage. Un fait qui témoigne encore une fois de la frontière créée entre les scientifiques et les agriculteurs. Leandro Picarella confie que l’un de ses plus grands succès, avec ce documentaire, est la diminution de la frontière entre les deux côtés de la population.
Segnali di Vita. Le titre, Segnali di Vita en italien, est inspiré de la chanson éponyme de Franco Battiato. Il vient en hommage à cette légende de la musique italienne, décédée quelques mois auparavant. La chanson clôture le documentaire, tandis que les musiques du film ont été composées par le musicien suisse Tomek Kolczynski, en complicité avec Leandro Picarella. Ce qu’il a appris a décidé le cinéaste à créer lui-même les musiques de son prochain film, qui prendra cette fois place dans le sud de l’Italie, sur l’île de Linosa. Le documentaire se concentrera sur une autre communauté, celle d'enfants de 7 à 11 ans, avec un vidéaste qui les accompagne.
Prix des 2 rives. Le documentaire a gagné le prix des 2 rives, qui s’engage à distribuer le film en salles dans l’année qui suit. Un grand honneur, puisque beaucoup de films de ce festival n’ont malheureusement pas encore trouvé de distributeurs en France.