Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous
Mot de passe oublié ?Projeté en avant-première, non seulement française mais européenne, au festival Cinemed, Meat était présenté par son réalisateur et scénariste, Dimitris Nakos, qui signe son premier long métrage de fiction.
Cristos est un jeune Albanais qui travaille dans la boucherie familiale de Takis. D’abord rejeté en tant qu'étranger, il a été accueilli par cette famille dont le père le préfère à son propre fils, Pavlos. Mais tout change lorsque ce dernier tue le voisin, venu réclamer une partie des terres. Cristos reprend alors son statut d’étranger au sein de la famille qui lui demande de se dénoncer pour protéger Pavlos, et surtout sa réputation. « Malheureusement, un étranger dans un tel endroit restera toujours un étranger » commente Dimitris Nakos. Cristos, qui a perdu son père jeune, se sent trahi par la figure paternelle que représente pour lui Takis. « La trahison est l’un des thèmes principaux du film » commente le réalisateur.
Avec Meat, Dimitris Nakos montre non pas l’idée que tout le monde se fait de la Grèce, mais ce qu'elle est vraiment. Il a exploré, sans jugement, comment chaque personnage réagirait à un meurtre, et quelle atmosphère cela confèrerait dans un village. Le meurtre suscite des émotions tellement fortes que « beaucoup de choses enterrées refont surface, tels des cadavres sortant de terre » explique le réalisateur.
Le thème de la responsabilité. Dimitris Nakos signe ici un film dont le ressort est la responsabilité, lorsque les choses tournent mal. L'examen de celui qui l'endosse représente pour lui non seulement la société grecque, mais le monde actuel. Estimant que, souvent, au lieu de prendre leur responsabilité, les gens sont tentés de cacher leurs erreurs. Le réalisateur fait par là allusion aux personnalités politiques qui refusent d’endosser la responsabilité de leurs actions.
L’île, un personnage. L'action du film a lieu sur l’île d’Eubée, la presqu’île plutôt puisqu'un pont la relie à la Grèce. Le réalisateur a choisi ce lieu, et plus particulièrement la ferme de son beau-père, dans laquelle il a tourné. La mort est présente non seulement par la trame du meurtre, mais également par l’abattoir et la boucherie où travaillent les personnages. L’histoire prend son origine avec l’île et ses habitants, « seul le meurtre n’était pas vrai… d’après ce qu’on m’a dit » plaisante Dimitris Nakos. Le film est cadré de façon à ne jamais voir la mer. Seule apparaît la montagne, donnant le sentiment d'un piège, qu'aucune issue n'est possible pour les personnages. Les habitants se retrouvent ainsi isolés, incapables de quitter l’île. Pour le spectateur, la tension est forte, d'autant que les mouvements de caméra varient selon l’émotion ressentie par le personnage à l’écran. Le réalisateur déclare avec malice : « notre but était de vous stresser ».
Prix JAM de la meilleure musique. Cette tension est habilement soulignée par une musique qui provoque une sensation oppressante de claustrophobie. Rien d'étonnant à ce que le compositeur, Konstantinos Pistiolis, soit récompensé par le Prix JAM de la meilleure musique au palmarès du Cinemed. Musicien renommé en Grèce, clarinettiste de grand talent, il sait jouer, comme en témoigne le générique, de quasiment tous les instruments. « La musique est l’âme du film » déclare Dimitris Nakos qui a travaillé sur la musique avec le compositeur afin d’obtenir exactement l’effet recherché. Il a d’ailleurs écrit certaines scènes d'après la musique. Le prix, décerné par la corniste de l’Orchestre National de Montpellier Marie Benoît, le musicien et compositeur Gérard Pansanel, et le président du JAM Jean-François Fontana, offre une dotation de 1 200 euros.