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Mot de passe oublié ?« To a Land Unknown » rafle les prix de Cinemed
To a Land Unknown, c’est l’histoire de Chatila et Reda, deux Palestiniens immigrés en Grèce, pays qui sert à beaucoup de tremplin pour se rendre en Europe. Dans leur tentative pour aller en Allemagne, ils enchainent les combines jusqu’à rencontrer Malik, un adolescent gazaoui qui cherche désespérément à retrouver sa tante en Italie. « Je suis un réalisateur en exil, qui fait des films à propos de l’exil » déclare Mahdi Fleifel, « les Palestiniens sont des exilés partout, même en Palestine ».
Inspirations tous horizons. Pour son premier long métrage de fiction, le réalisateur palestino-danois Mahdi Fleifel prend comme point de départ son propre documentaire A World Not Ours (2012), qui suivait trois générations d’exilés du camp de réfugiés palestiniens au Liban, Ain al-Hilweh, là où il a lui-même vécu avec sa famille. « J’ai réalisé un documentaire parce que je n’avais pas les moyens de réaliser une fiction », plaisante le réalisateur. Mahdi Fleifel s’inspire également d'histoires de plusieurs de ses connaissances et amis, notamment en Grèce. Toutes les situations racontées dans le film sont réelles, et c’est sans jugement que le réalisateur et scénariste présente ces personnages. « Que faire quand notre humanité nous est arrachée ? Comment survit-on ? », questionne-t-il. Ses personnages principaux lui ont été inspirés des protagonistes de Des souris et des hommes de John Steinbeck, George et Lennie. Deux personnages avec un rêve en commun, qui peine à aboutir car tous leurs plans semblent tomber à l’eau. Le réalisateur s’est également inspiré de Men in the Sun, roman de l’auteur et activiste palestinien Ghassan Kanafani sur trois réfugiés palestiniens qui tentent de voyager d’un camp de réfugiés d'Irak au Koweït. « Avant les années 50, les gens cherchaient à aller à El-Dorado, aujourd’hui ils veulent aller en Europe » constate Mahdi Fleifel.
Athènes, ville tremplin. Athènes a été choisie pour le tournage du fait que la Grèce reste une porte d'entrée en Europe, mais une porte souvent fermée. Mahdi Fleifel a également choisi la ville pour les bruits de ses rues et pour son passé impressionnant. Comme monument, cependant, seule une statue d’Athéna fait une brève apparition, car les personnages n’ont pas le temps d’admirer la ville et ses monuments.
Un casting naturel. Le tournage a commencé le 7 novembre 2024, un mois après l’attaque du Hamas contre Israël, événement qui a déclenché une nouvelle guerre au Moyen-Orient. Les acteurs, dont la plupart n’avaient jamais joué auparavant, arrivaient alors sur le tournage sans avoir pu fermer l’œil de la nuit. Le choix des acteurs et actrices était important pour Mahdi Fleifel qui trouve que les castings palestiniens « manquent souvent d’inspiration » car ce sont souvent les mêmes acteurs qui sont pris pour jouer les mêmes rôles. C’est, par exemple, le cas de Mohammad Bakri et de sa famille d'acteurs. C’est pourquoi le réalisateur avait d’abord déclaré « Pas de Bakri ! ». Mais il a changé d'avis lorsqu’il a vu Mahmood Bakri. Il l'a choisi pour interpréter Chatila, l’un des protagonistes. Le nom de Chatila lui est d’ailleurs venu de sa rencontre avec un émigré qui se faisait surnommer ainsi. Quant au personnage de Reda, il est inspiré d’un ami du réalisateur qui l'avait déjà influencé pour les courts métrages A Drowning Man et A Man Returned. Attaché à la nouveauté, il a engagé des non-acteurs, via des open-calls et des stages d’improvisation. C'est que pour Mahdi Fleifel, « la pire chose qu’un acteur puisse faire c’est jouer ».
Grand gagnant du Cinemed. Ce premier long métrage a emballé le public et les jurys du Cinemed. Lors de la soirée de palmarès, le 26 octobre dernier, Mahdi Fleifel a été récompensé du prix Antigone d’or de Montpellier Méditerranée Métropole. Le jury, présidé par la réalisatrice et scénariste Katell Quillévéré, était composé du comédien Bamar Kane, de la réalisatrice et scénariste Julie Lecouste, du comédien Rabah Nait Oufella, et du journaliste et écrivain Mathieu Palain. En plus de ce grand prix du festival, le film a remporté le Prix étudiant de la première œuvre CCU–Crous.
