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Mot de passe oublié ?Frédéric et Valentin Potier, non pas frères mais père et fils, ont réalisé leur premier long métrage de fiction, Prodigieuses. Il s'agit d'un biopic sur les jumelles Diane et Audrey Pleynet, pianistes à l’histoire exceptionnelle. Atteintes d’une maladie génétique orpheline qui affaiblit leurs os et ligaments, elles ont dû interrompre leurs études de musique, avant de développer une méthode d’adaptation unique au monde ! Elles jouent aujourd’hui chacune sur un piano, en parfaite symbiose, synchronisant leurs mouvements pour interpréter simultanément le même morceau. Se relayant les notes, ou jouant chacune une main selon les partitions, elles économisent ainsi leurs mouvements pour atténuer les effets de leur handicap. Elles ont inventé elles-mêmes cette technique, et sont les seules au monde à jouer de la sorte. Afin de garder une liberté artistique, les réalisateurs ont changé l’époque et les noms des personnages. Les jumelles deviennent alors Claire et Jeanne.
Comme des jumelles. Frédéric et Valentin Potier ont rencontré les jumelles par un ami commun, et ont été touchés par leur histoire. Au début du casting, ils tenaient à ce que les sœurs soient interprétées par des jumelles, mais ils ont finalement choisi Camille Razat et Mélanie Robert. Cette dernière avait d’ailleurs déjà joué une jumelle dans la série montpelliéraine Un si grand soleil. Les actrices se connaissaient depuis des années puisqu'elles avaient longtemps vécu en colocation, assurant leur parfaite complicité sur le tournage. Mélanie Robert a avoué devant le public du Cinemed que, lors du casting, elles avaient caché se connaître, et révélé leur amitié aux réalisateurs seulement après avoir été prises. Le casting est complété par Franck Dubosc et Isabelle Carré, qui jouent les parents des jumelles. Le père est un personnage strict, perfectionniste, qui en demande beaucoup à ses filles et n'a pas l'intention d'avoir élevé des perdantes. Un rôle inhabituel pour Franck Dubosc, connu pour ses comédies légères. Les réalisateurs expliquent avoir apprécié la qualité de rêveur qu’il amenait au personnage, le montrant comme un père qui n’a pu aller au bout de ses ambitions et ne veut pas la même chose pour ses filles. Isabelle Carré donne quant à elle une dimension à la fois forte et espiègle à une femme soumise à son mari et une mère qui ne sait comment protéger ses enfants. Au début du projet, Camille Razat devait jouer Jeanne, Mélanie Robert devait jouer Claire, et ce n’est que trois semaines avant le tournage que les réalisateurs leur ont demandé d’échanger leurs rôles. Ayant déjà le rôle de l’autre dans la peau, les actrices ont pu se concentrer davantage sur leur technique de jeu autour du piano, et leur relation très fusionnelle.
De vraies mélomanes. Malgré les cours de piano pris avant le tournage, Camille et Mélanie n’avaient pas un niveau suffisant pour jouer vraiment. Pour ajouter au réalisme, les actrices ont donc travaillé avec une chorégraphe, jouant leurs scènes sur des pianos muets. Cette technique de playback se nomme le « air-piano ». Des doublures main ont été engagées pour les gros plans, avec un travail très poussé car elles devaient avoir les mêmes postures, gestuelles et expressions corporelles que les actrices, par souci de fluidité dans les transitions.
La bande son du film est d’abord composée de musique classique, qu’étudient les jumelles. Mais au fur et à mesure qu’elles grandissent et trouvent leur individualité, la musique se modernise. C’est avec Dan Levy, fondateur du groupe The Dø, que les réalisateurs ont travaillé ce glissement progressif. « Ce qu’elles ressentent, on l’entend dans la musique et on l’entend quand elles jouent » fait remarquer Valentin Potier. Les réalisateurs ont également voulu mettre en avant le côté humain, pour se différencier des nombreux films de piano qu’ils ont visionné et qui prônent le perfectionnisme. Ils ont alors incorporé des fausses notes et des moments d’échec lorsque les jumelles répètent.
Entre rêve et réalité. Pour écrire ce biopic, les réalisateurs se sont servis d’anecdotes que Diane et Audrey leur ont racontées et les ont romancées. Lors du visionnage du film, les jumelles ont dit être surprises de voir des scènes très similaires à ce qu’elles avaient vécu, et qu’elles n’avaient pas partagé avec les réalisateurs. Pour faire ce premier long métrage, Frédéric et Valentin Potier ont pris beaucoup de temps de préparation, et Mélanie Robert a été prise sur le projet en 2019. Grâce à cela, le tournage s’est cependant passé en huit semaines, tout étant déjà abouti au détail près. Ce film parle non seulement de l’idée de s’accrocher à ses rêves et de tout faire pour les accomplir, mais également d’amour : peu importe combien le système essayait de les mettre en compétition, les jumelles n’ont jamais perdu leur connexion et leur entente. Père et fils sont admiratifs de ces femmes qui, bien que leur corps les trahissent, se montrent très fortes dans leurs vies et dans leur art. « Il faut porter cette histoire, il faut que les gens la connaissent » dit Valentin Potier. Les réalisateurs avaient le projet de réaliser un film ensemble, lorsque ce sujet s’est présenté ils ont saisi l’occasion. Leur prochain projet est de réaliser une adaptation du roman Des Voyoux magnifiques de Bruno Gallet.