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Mot de passe oublié ?Le 23 octobre dernier, Marmaille était projeté en avant-première au Cinemed. Ce premier long-métrage du réalisateur et scénariste Grégory Lucilly, qui était présent pour l’occasion, raconte l’histoire de Thomas et Audrey, frère et sœur adolescents, que leur mère a abandonnés. Ils doivent alors faire un choix entre être séparés, ou aller vivre chez leur père qu’ils n’ont jamais connu. Au même moment, Thomas tente de gagner la compétition de break dance du Battle of the Year (BOTY) afin de rejoindre la métropole, et Audrey tente d’élever sa fille de 4 mois, en gérant ses rapports conflictuels avec le père de celle-ci.
Au détour d’une conversation une assistante sociale a dit un jour à Grégory Lucillyque l’abandon des enfants par leur mère était considéré comme une situation banale dans son corps de métiers. Le réalisateur a alors décidé de faire un film sur ces enfants qui ont perdu, bien trop jeunes, la confiance en autrui et la possibilité de rêver. C’est avec une atmosphère très solaire, pleine de couleurs, de rythme et de vie, que le ralisateur aborde les sujets de délaissement parental, violences conjugales et colère adolescente. « J’avais vraiment la volonté d’en faire un film optimiste » explique-t-il.
Le Break Dance au cœur du film. L’avant-première de Marmaille s’est faite au Corum de Montpellier. Avant le début de la séance, des jeunes danseurs de l’école de hip hop et de break dance Dimension 34 d’Agde ont fait une battle de break dance devant l’écran de cinéma. Cette démonstration inattendue a tout de suite fait entrer les spectateurs dans le film où la dance jour un rôle majeur. Grégory Lucilly partage avoir toujours aimé filmer les break dancers. Beaucoup de jeunes réussissent à traverser de mauvaises passes grâce à la dance, qui leur permet de canaliser leurs émotions et de les extérioriser de façon créative. « Le système de battle a été créé pour empêcher que les gens en viennent aux mains », explique le réalisateur. Bien qu’une chorégraphe ait été présente sur le tournage, l’improvisation primait. D’après Grégory Lucilly, « elle n’a pas tant chorégraphié que guidé les danses », afin de garder l’émotion brute plutôt que de la rendre mécanique. Maxime Calicharane, qui joue Thomas, a été découvert par le réalisateur lors une battle de break dance, et choisi non seulement pour son niveau de danse, mais surtout pour l’énergie qu’il apportait pendant ses pauses. Ses temps d’attentes étaient, d’après le réalisateur, chargés d’une « insolence adolescente » parfaite pour le personnage. C’est en hommage à un film qu’il apprécie énormément que Grégory Lucilly a choisi de rendre son personnage « aussi fougueux que Billy Elliot ».
Un film 100% réunionnais. Le film a été tourné en Créole sur l’île de la Réunion, selon les souhaits de Grégory Lucilly, qui s’est battu quatre ans pour ce projet car les producteurs refusaient son film s’il n’était pas tourné en français ou dans la métropole. Le réalisateur a finalement trouvé producteurs et distributeurs, assurant la sortie de son film en France le 4 décembre. Marmaille sera ainsi le premier film réunionnais présenté dans les salles de la métropole. « Si ce film ouvre des portes à tous ceux qui veulent se lancer dans la création artistique, je suis le plus heureux des hommes et c’est une belle raison de le faire » déclare le réalisateur. Il souhaite, avec son film, détruire les clichés que la métropole peut entretenir de la Réunion. « Je considère que la Réunion est adolescente », dit Grégory Lucilly. Pour lui, elle est un peu comme les personnages de son film, en train de se construire, de grandir, de trouver et d’exprimer son identité. « Elle porte très bien son nom : la Réunion, c’est un carrefour du monde. » Le casting est composé d’acteurs réunionnais, à l’exception de Vincent Vermignon, l’interprète de Christophe, le père, qui est Martiniquais et a pris des cours de Créole pendant 6 mois pour un film dont le rôle a été écrit pour lui. Un casting sauvage a été effectué pour trouver les adolescents, qui ont appris à jouer sur le tournage, et certains, comme Maxime Calicharane et Brillana Domitile Clain (Audrey), souhaitent en faire une carrière, tandis que d’autres ont commencé des études de cinéma. « La fièvre est là, ça y est, ils sont contaminés », plaisante le réalisateur.
Marmaille de Grégory Lucilly avec Brillana Domitile Clain, Maxime Calicharane et Vincent Vermignon. Sortie en salle le 4 décembre.