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17e Biennale de Lyon, un fleuve de créations

par Véronique Giraud
Hilary Galbreaith. Be Our Guest, 2024. Mêlant vidéo, dessin, écriture ou performance, l'artiste crée des mondes fictionnels à la recherche de formes étranges et burlesques. En plongeant le visiteur dans une atmosphère intime et standardisée, l'installation délivre la réalité difficile des métiers du tourisme et du service, qu'illustrent des témoignages anonymes écrits sur des matelas. ©Rivaud-NAJA
Hilary Galbreaith. Be Our Guest, 2024. Mêlant vidéo, dessin, écriture ou performance, l'artiste crée des mondes fictionnels à la recherche de formes étranges et burlesques. En plongeant le visiteur dans une atmosphère intime et standardisée, l'installation délivre la réalité difficile des métiers du tourisme et du service, qu'illustrent des témoignages anonymes écrits sur des matelas. ©Rivaud-NAJA
Shivay La Multiple. À la recherche du fruit ligneux, aux confluences des eaux, 2024. Mêlant rêve et réalité, cette installation donne forme et volume à un conte initiatique qui prend sa source dans le fleuve Maroni. ©Rivaud-NAJA
Shivay La Multiple. À la recherche du fruit ligneux, aux confluences des eaux, 2024. Mêlant rêve et réalité, cette installation donne forme et volume à un conte initiatique qui prend sa source dans le fleuve Maroni. ©Rivaud-NAJA
Les Grandes Locos, l'un des sites de la 17e Biennale d'art contemporain de Lyon. ©Rivaud-NAJA
Les Grandes Locos, l'un des sites de la 17e Biennale d'art contemporain de Lyon. ©Rivaud-NAJA
Myriam Mihindou, Lève le doigt quand tu parles, 2024. À l'entrée de la halle 1, juchés sur des fers à béton, des bras de femmes se tendent et des doigts se lèvent. Installation réalisée à partir du moulage de bras de 20 femmes de différentes générations.
©Rivaud-NAJA
Myriam Mihindou, Lève le doigt quand tu parles, 2024. À l'entrée de la halle 1, juchés sur des fers à béton, des bras de femmes se tendent et des doigts se lèvent. Installation réalisée à partir du moulage de bras de 20 femmes de différentes générations. ©Rivaud-NAJA
Chourouk Riech (1977, Bourg-en-Bresse). L'oasis des oiseaux, 2024. Dessins à l'encre de Chine imprimés. ©Rivaud-NAJA
Chourouk Riech (1977, Bourg-en-Bresse). L'oasis des oiseaux, 2024. Dessins à l'encre de Chine imprimés. ©Rivaud-NAJA
Arts visuels Arts plastiques Publié le 11/11/2024
Emmenée par La Voix des fleuves, la 17e Biennale d’art contemporain de Lyon livre jusqu’au 5 janvier des œuvres de grande ampleur dans neuf lieux de la métropole, dont un nouveau, les Grandes Locos, deux immenses halles de la friche SNCF.

Les biennales d’art contemporain sont disséminées dans le monde. Elles créent l’événement en investissant un grand périmètre où sont mise en scène des œuvres récentes, voire réalisées in situ, et font venir à elles professionnels et amateurs d’art du monde entier. Déceler la pertinence de nouvelles tendances esthétiques pour construire un regard sur le monde, c’est le propos. Toujours propulsé par une thématique en lien avec l’histoire et la vitalité de la ville d’accueil de l’événement. La 17e Biennale de Lyon disperse dans la métropole les œuvres de 72 artistes rassemblés autour de « La voix des fleuves Crossing The Water ». Ce thème a été choisi par la commissaire invitée, Alexia Fabre, directrice des Beaux-Arts de Paris, pour « évoquer, interroger, poursuivre le sujet des relations qui se nouent et se délient entre les êtres et avec leur environnement, écrit-elle. Pour ce projet, nous prenons appui sur la géographie naturelle et humaine du territoire comme sur l’esprit des nouveaux lieux de la Biennale, les Grandes Locos ou encore la Cité Internationale de la Gastronomie. »

 

Les Grandes Locos. Bordant le Rhône, un nouveau lieu d’accueil de la Biennale fait sensation. D’abord site de la Compagnie des hauts fourneaux, forges et ateliers d’Oullin en 1859 devenu au XXe siècle site SNCF de maintenance et de réparation de locomotives jusqu’en 2019, le lieu rebaptisé Les Grandes Locos offre 20 000 de ses 50 000 m2 aux installations artistiques monumentales et aux œuvres témoignant de mémoires ouvrières, parfois intimes. Une trentaine d’artistes (souvent jeunes) ont été invités à s’emparer du pour en faire « un paysage d’œuvres », à l’échelle des dimensions imposantes de deux halles. D’abord pénétré du gigantisme de la halle 1, le regard du visiteur est arrêté par des dizaines de bras tendus, fichés sur des perches métalliques. L’installation de Myriam Mihindou, qui introduit le parcours, est composée de bras moulés de travailleuses, allusion claire à la mémoire ouvrière du lieu. Plus loin, dans ce qui reste des cabines d’observation de l’usine, un film de Clara Lemercier Gemptel fait entendre, dans le vacarme incessant des machines, la voix de travailleurs et travailleuses, mémoires des rapports de force et de domination. Victoire Inchauspé a répandu un tapis de sel sur lequel elle a monté une tente-autel dédiée à une fleur séchée en bronze, célébrant l’éphémère et l’éternel, la force et la fragilité. En lien avec l’histoire du site industriel lyonnais, l’Autrichien Hans Schabus a réalisé une structure monumentale en bois, Monument for People on the Move, reposant sur deux rangées de tortues, opposant son imposante immobilité dans ce qui fut un espace fourmillant de travailleurs. Le rapport à la nature, à l’environnement, à l’alimentation ont suscité de nombreuses installations critiques, poétiques. Remarquable, l’installation d’écrans vidéo du compositeur britannique Oliver Beer, Resonance Project : The Cave, emplit l’espace des chants d’interprètes enregistrés et filmés dans les grottes paléolithiques de Dordogne, dans un hammam à Istanbul ou dans les coursives du Centre Pompidou. Cesacoustiques singulières mettent en relief un rapport inédit entre la voix et le lieu qui la reçoit.

 

Au macLyon. Entre le Rhône et le Parc de la Tête d’Or, le macLyon est le plus lié historiquement à la Biennale. On y découvre un corpus d’œuvres autour des relations humaines, intimes et personnelles. De Voyage de noces (1975) de Christian Boltanski et Annette Messager à Water & Persian Rugs de l’Iranien Jalal Seper et à la série China Route de Luo Dan, le voyage inspire des fictions diverses. Les rives du Yangtsé inspirent à Nadav Kander d’étranges lieux de retrouvailles familiales. Les peurs, les peines, les rêves, l’identité masculine, l’identité palestinienne, la culture populaire, la marginalisation, se côtoient en une mosaïque d’imaginaires et de questionnements.

 

La jeune création internationale. Installé dans une ancienne école primaire de Villeurbanne, l’Institut d’art contemporain est à la fois un centre d’art et un fonds régional d’art contemporain. Le temps de la Biennale, dont il est une des scènes, il accueille les œuvres de dix artistes émergent·es - cinq issu·es de la scène régionale (Auvergne-Rhône-Alpes) et cinq issu·es de la scène internationale ont imaginé pour la 17e édition. Avec des temps de résidences in situ, les jeunes artistes ont pu réaliser des projets inédits très novateurs. Ainsi le conte initiatique de Shivay La Multiple, né dans le fleuve Maroni et se prolongeant au fil des fleuves Congo, Sénégal, Casamance, Nil, Lobé, d’où surgissent des calebasses habitées… Ou l’installation Be our Guest d’Hilary Galbreaith crée une atmosphère intime et standardisée reflétant la réalité de l’hôtellerie et du tourisme. Une bande sonore accompagne les écrits peints sur les murs et les lits évoquant le quotidien des personnels d’accueil et de service dont le souci est l’hospitalité. De son côté, l’artiste mexicain Andres Hera a invité une douzaine de personnalités activistes LGBTQIA+, artistes et technicien·nes à évoquer leurs parcours et leurs identités. À la manière des poèmes de Sayat-Nova, son œuvre se déploie simultanément en espagnol, français et anglais.

Manifestation phare de l’art contemporain en France, la Biennale de Lyon attire la jeune génération. Plus de 46 % des visiteur·euses de l’édition 2022 avaient moins de 26 ans.

 

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