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PriMed impose le regard des femmes de Méditerranée

par Pierre Magnetto
Hawar nos enfants bannis, le parcours obstiné d’une mère pour retrouve sa fille abandonnée à DAECH. Film de Pascale Bourgaux.
Hawar nos enfants bannis, le parcours obstiné d’une mère pour retrouve sa fille abandonnée à DAECH. Film de Pascale Bourgaux.
Hezbollah, l’enquête interdite, le 4 août 2020 le port de Beyrouth explosait, faisant 235 morts et 6500 blessés. Série documentaire de Sofia Amara et Jérôme Fritel.
Hezbollah, l’enquête interdite, le 4 août 2020 le port de Beyrouth explosait, faisant 235 morts et 6500 blessés. Série documentaire de Sofia Amara et Jérôme Fritel.
Fragment d’une jeunesse Française, s’intégrer dans la société comme dans l’arène camarguaise. Un documentaire de Jérémie Battaglia dans la sélection pour le jury des jeunes.
Fragment d’une jeunesse Française, s’intégrer dans la société comme dans l’arène camarguaise. Un documentaire de Jérémie Battaglia dans la sélection pour le jury des jeunes.
Cinéma Documentaire Publié le 22/11/2024
Pour sa 28e édition le festival du film documentaire de la Méditerranée propose une sélection de 23 docs du 30 novembre au 7 décembre à Marseille. Les femmes des sociétés méditerranées occupent une place centrale dans la programmation. Une soirée événement attend le public pour l'ouverture, avec la projection intégrale de la mini-série documentaire Hezbollah, l'enquête interdite.        

La 28e édition de PriMed, festival dédié aux films documentaires de la Méditerranée, se déroulera à Marseille du 30 novembre au 7 décembre*. Éric Scherer et Valérie Gerbault, le président et la déléguée générale du Centre Méditerranéen de la Communication Audiovisuelle (CMCA) organisateur de l’événement, soulignent que « cette année encore, les problématiques majeures qui secouent le pourtour méditerranéen sont au cœur des préoccupations de notre festival », et saluent le travail des cinéastes qui « par leurs regards singuliers nous interpellent et participent à la compréhension de ces enjeux ». 23 œuvres documentaires ont été sélectionnées, dont 13 ont été réalisées par des femmes, une manière de rendre hommage à celles qui dans de nombreux pays se mobilisent parfois au risque d’y laisser la vie pour que cessent les violences qui leur sont faites, les inégalités dont elles souffrent. Autre illustration de cette volonté du CMCA de leur donner une place « toujours centrale au PriMed » : la composition du jury. Présidé par Jocelyne Zablit, journaliste à l’AFP, ancienne directrice du bureau de Beyrouth qui travaille actuellement sur plusieurs projets liés à la vérification des faits dans un contexte international marqué par les campagnes de désinformation, le jury PriMed est 100% féminin.

 

Femmes anonymes. Ce sont elles qui incarnent la condition féminine dans les sociétés méditerranéennes. Il n'est pas étonnant que plusieurs docs projetés s’intéressent au sort réservé aux femmes au sein de leur communauté. Parmi ces films, Hawar, nos enfants bannis, tourné au Kurdistan syrien par Pascale Bourgaux, est particulièrement glaçant. La documentariste est allée à la rencontre de femmes yézidies, une minorité ethnique victime d’un génocide perpétré par l’État islamique d’Irak, qui furent enlevées en 2014 par DAECH et réduites à l'esclavage sexuel. A leur libération, les survivants de leur communauté exigèrent qu’elles abandonnent leurs « bâtards », leurs enfants nés en captivité. L’une d’entre elles, Ana, traverse le Kurdistan en cachette quatre ans plus tard pour revoir sa fille Marya. Autre film lui aussi bouleversant, celui de Leyla Assaf-Tengroth, 30 années avec Chiada et ses filles. La réalisatrice suit les femmes de cette famille syrienne depuis trois décennies et les voit tout au long de ce parcours faire face aux traditions familiales et à la violence de leur mari et père. Dans La chanson d’Aida, Giovanni Princigalli qui avait tourné en 2002 un documentaire sur une famille Rom à Bari (Italie), retourne à la rencontre des protagonistes. Il retrouve Aida qui, adolescente, rêvait de devenir mannequin. Aujourd’hui mère et épouse, son rêve n’est pas brisé et, malgré les pressions de la famille et du clan, Aida souhaite divorcer et s’émanciper. Ces histoires singulières, tournées à hauteur de femmes anonymes, reflètent une condition féminine et les luttes dans les sociétés méditerranéennes.

 

Dans les eaux troubles du « Hezbollah-land ». Pour son ouverture, le 30 novembre, PriMed entre bien malgré lui en résonance avec une actualité particulièrement brûlante, celle de la guerre au Sud Liban. Le festival a choisi de diffuser dans son intégralité Hezbollah, l’enquête interdite, une série documentaire en trois volets réalisée au Liban par Sofia Amara et Jérôme Fritel. Journalistes, les deux réalisateurs ont tous deux travaillé sur plusieurs reportages ou documentaires au Moyen-Orient. Cette série raconte comment le Hezbollah a tissé sa toile, construit au Liban un État dans l’État. Elle plonge dans l’histoire du parti de Dieu et de ses activités illégales. Depuis 40 ans, ses militants infiltrent tous les rouages de l’État libanais et défient la justice. Le parti, qui compte des députés au parlement du pays, avait armé une milice plus puissante que l’armée officielle du Liban et construit des hôpitaux, des écoles pour la communauté chiite. La série propose une plongée dans le « Hezbollah-land » qui croule aujourd’hui sous les bombardements aveugles et meurtriers d’Israël.

 

Imaginer une autre Méditerranée. La sélection de PriMed propose encore d’autres films témoignant d’une Méditerranée « riche de ses cultures et de ses histoires ». Tous ne sont pas tragiques, mais ils ne sont pas sans rapport avec les maux du siècle : d’Algériens passionnés de musique métal, en passant par une communauté lesbienne installée sur l’île de Lesbos en Grèce, pour aller vers de jeunes razeteurs d’origine maghrébine tentant de prendre leur place dans les arènes camarguaises comme dans la société française. « Les cinéastes donnent à voir le quotidien et les espérances de tout un chacun. Tandis que la montée des idéologies identitaires et nationalistes hantent notre actualité, ces films nous invitent à imaginer une tout autre Méditerranée ».

 

Une éducation des plus jeunes à la citoyenneté. Cette Méditerranée « tout autre » PriMed en est à sa manière un des promoteurs. En effet, le CMCA est engagé depuis 2018 dans l’éducation à la citoyenneté et à l’image de lycéens qui remettront le Prix des jeunes de la Méditerranée à l’Alcazar. Plus de 3000 lycéens originaires de la région PACA et de plusieurs autres pays (Algérie, Égypte, Italie, Maroc, Tunisie, Canada) ont visionné en classe trois œuvres sélectionnées. 118 Telemly de Bilal Beghoura parle du retour du réalisateur fan de métal en Algérie à la mort de son père et de sa confrontation avec l’histoire de l’Algérie. Fragments d’une jeunesse Française est le film de Jérémie Battaglia sur les jeunes razeteurs camarguais d’origine maghrébine. Until he’s back de la réalisatrice mexicaine Jacqueline Baylon raconte le périple d’un père pour rapatrier au Maroc le corps de son fils mort noyé en tentant de traverser la Méditerranée.

 

 

*PriMed se déroule du 30 novembre au 7 décembre à Marseille dans 4 lieux (Vidéodrome 2, Marie des 1er et 7e arrondissements, L’Alcazar, Le Mucem). La cérémonie de remise des 8 prix mis en jeu aura lieu le 6 décembre à l’Artplexe Canebière en présence de tous les réalisateurs et réalisatrices. Les projections sont gratuites.

 

Pour retrouver toute la programmation et la présentation des films sélectionnés.

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Fragment d’une jeunesse Française, s’intégrer dans la société comme dans l’arène camarguaise. Un documentaire de Jérémie Battaglia dans la sélection pour le jury des jeunes.
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