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Boulez, centenaire d’un musicien hors norme

par Jacques Mucchielli
Le centenaire de Pierre Boulez est célébré partout dans le monde.DR
Le centenaire de Pierre Boulez est célébré partout dans le monde.DR
Musique Publié le 02/01/2025
Le 26 mars prochain sera jour du centenaire de Pierre Boulez. Des centaines de manifestations sont annoncées à travers le monde pour célébrer le compositeur, chef d’orchestre, fondateur de l’Ircam et de l’Ensemble intercontemporain qui a fait entrée la musique dans un nouveau siècle.

De New York à Tokyo, de la Corée du Sud à Los Angeles, en passant par Moscou et les capitales européennes, les salles de concert du monde entier vont célébrer le centenaire d’un homme hors du commun, Pierre Boulez, qui avec des compositeurs comme John Cage, Stockhausen, Xenakis ou Ligeti a révolutionné la musique, aussi bien au niveau de la direction d’orchestre qu’à celui de la recherche expérimentale. Ses compositions, parfois difficile, ont renouvelé un univers qui tournait souvent sur lui-même, ouvrant la porte au numérique comme aux musiques du monde.

Chef d’orchestre qui a dirigé les plus grandes formations internationales, Pierre Boulez a renouvelé la direction d’orchestre, se faisant remarquer dès 1963 par sa direction du Sacre du printemps à l’opéra de Paris. Mais c’est en 1976 qu’il bouscule le monde de la musique par son interprétation du Ring de Wagner à Bayreuth avec la complicité du metteur en scène Patrice Chéreau. Complicité qui se poursuivra en 1979 avec le fabuleux Lulu d’Alban Berg à l’opéra de Paris.

 

Dans le domaine de la composition, son œuvre est tout aussi importante. En 1970, il créé l’Institut de recherche et de coordination acoustique (Ircam) dont le siège s’élève toujours face au Centre Pompidou, avec l’aide du compositeur Luciano Berio dont on fête également le centenaire. Son ambition est de ne plus tenir à l’écart la musique du mouvement général de la création artistique, de la sortir de l’univers des salles réservées où l’essentiel des œuvres sont vécues au passé. L’électricité et l’informatique prennent leur place dans la composition et l’interprétation, comme le montre une de ses œuvres majeures, Répons, composé en 1981 et donné magistralement en 1988, pour le festival d’Avignon, dans la Carrière Boulbon. Il accorde aussi une grande attention aux musiques du monde et prend sa part dans les découvertes de son et d’arrangement venus d’autres continents.

 

« Brûler les maisons d’opéra ». En 1976, il crée l’Ensemble intercontemporain, aujourd’hui en résidence à la Philharmonie de Paris, dont la trentaine de musiciens interprètent exclusivement des œuvres contemporaines. Il n’hésite pas à faire venir en France en 1984 Franck Zappa qui n’est alors considéré que comme une rock-star. Trois des compositions pour orchestre de l’Américain sont données au théâtre de la Ville par l’Ensemble intercontemporain sous la direction de Pierre Boulez et enregistrées pour le disque The Perfect Stranger.

Il mène de fait bataille pour une institution publique ouverte en permanence à la création musicale et à sa diffusion, préférant la Cité de la musique, inaugurée en 1995, à l’Opéra Bastille (1989) salle contemporaine mais plus conventionnelle pour celui qui, en 1967, proclamait dans un interview resté célèbre au journal allemand Spiegel : « il faut brûler les maisons d’opéra ». Sa musique, réputée exigeante, s’appréciera certainement avec le temps et a déjà inspiré de nombreux compositeurs et compositrices, faisant de lui un personnage incontournable de la musique.

 

Un hommage mondial. L’hommage qui lui est rendu partout dans le monde en témoigne. Plusieurs centaines de colloques, de rencontres, d’édition de livres, de productions de documentaires et, bien entendu, de concerts. New York organise l’exposition Boulez at 100, le Festspielhaus de Bayreuth se transforme en cinéma pour projeter l’intégrale du Ring. À Londres, le Milton Court propose conférence et concerts du London Symphony Orchestra que Boulez dirigea. L’Elbphilharmonie de Hambourg reprend Répons. Musikverein de Vienne, Bunka Jaikan de Tokyo, Royal Conservatory de Toronto, Carnegie Hall de New York, Tchaïkovsky Concert Hall de Moscou, Symphony Center de Chicago, Tongyeong en Corée du Sud, Muziekgebouw d’Amsterdam, Conservatoire de Milan, Disney Concert Hall à Los Angeles, Kallithéa en Grèce, Philharmonie à Berlin… et bien d’autres institutions sont également au rendez-vous.

En France, la Philharmonie de Paris, le Théâtre de Nice, l’Auditorium de Lyon, la BnF, le Collège de France où enseigna Pierre Boulez, l’université de Saint-Étienne participent à cette célébration. Sans oublier bien sûr les nombreuses programmations de France Musique.

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