Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous
Mot de passe oublié ?Jeanne Moreau en eut l'idée après avoir présidé le jury du Festival Premiers Plans. La manifestation angevine lui semblait le meilleur écrin pour sensibiliser les apprentis réalisateurs à l'écosystème du 7ème art et favoriser les rencontres avec les professionnels et le public. Depuis 2005, les Ateliers d’Angers sont organisés chaque année. Accueillant des résidents en cours de création de leur premier long métrage, pour leur permettre de développer leur scénario collectivement pendant cinq jours. Le 20 janvier, les 4 réalisatrices résidentes sont venues à la séance de projection des court métrages qui ont marqué leur carrière. Le réalisateur résident n'était pas présent lors de la projection.
Les relations parents/enfants grandissent aussi. Le court métrage Je suis rentrée de Valentine Lapière aborde le sujet du retour de l'adulte quand il revient voir ses parents. Alors qu’elle n’est plus en contact avec sa mère, une jeune fille revient chez elle pour tenter de renouer les liens entre elles et se trouve face à une mère qui l'ignore. Tout cela au cours de fêtes où se mêlent connaissances de toujours et nouvelles rencontres. Une vision tendre de relations compliquées, qui tiennent uniquement par un amour évident entre les deux. Deux rôles magnifiquement interprétés par Victoire Du Bois (Marianne) et Sophia Leboutte (Une part du ciel).
Avec Les Artifices, Kahina Le Querrec explore le passage à l’adolescence d’une jeune fille qui ne peut ni sonder ni découvrir qui elle est, alors qu'elle grandit dans une caravane avec sa sœur et son père. Inspirée d’une expérience personnelle, la réalisatrice retrace ses premières rencontres avec des jeunes de son âge, et les conflits qu'elle doit affronter avec sa famille. Porté par la jeune Lou-Ann Trabaud (Le Consentement) et le réalisateur Jean-Baptiste Durand (Chien de la casse), le film montre merveilleusement les paradoxes de l’adolescence, entre le désir d’émancipation et le besoin d’être toujours protégé.
Assistance à personne en danger. Dans son court métrage L’Homme silencieux, Nyima Cartier montre un homme tout juste licencié qui passe ses journées et ses nuits sur les bancs devant ses anciens bureaux. L’action est suivie depuis la fenêtre d'un bureau dans lequel un employé s’inquiète de l’état de cet homme, sans pour autant intervenir. S'inspirant librement du roman de Herman Melville, Bartleby, la réalisatrice poste la caméra derrière les vitres de la fenêtre donnant une vue de l'extérieur, les dialogues sont alors entendus sans qu'on voit les acteurs. Ce parti pris original montre ainsi les agissement d’un protagoniste dont on ignore tout.
Un bon garçon de Paul Vincent de Lestrade aborde le sujet difficile de l’abus sexuel sur mineur par une figure d’autorité. Le réalisateur choisit de montrer l’histoire du point de vue d’une des victimes qui écoute parler les autres, mais n’ose aborder le sujet lui-même. Jamais il n’en parle directement, mais le jeu d’acteur d'Igor Van Dessel (Blood River) et les plans de Paul Vincent de Lestrade font parfaitement comprendre la situation. Lorsqu’un ancien ami lui demande de l’accompagner pour aller dénoncer leur coach de piscine, le jeune protagoniste se retrouve face au choix difficile de parler de son expérience. Il se retrouve confronté à l'avis de la plupart des gens qui pensent qu’il s’agit d’une vendetta personnelle d’anciens élèves vexés, et aux espérances des autres victimes qui comptent sur lui. Une réalisation magnifique et forte.
Mieux vaut en rire qu’en pleurer. Mathilde Elu expliquait avant la projection que son court métrage Brazil était né d’une expérience marquante qu’elle a vécue avec une esthéticienne. Il montre, avec beaucoup d'humour, une jeune femme qui se fait épiler au laser. Manquant d’assurance, elle a des difficultés à convaincre l’esthéticienne de ne pas entièrement épiler son maillot. Inventant des raisons pour tenter de faire plier la professionnelle qui s'obstine à ne pas faire cas de ses « non », et qui la juge ouvertement. Cette situation, des plus stressantes, déclenche les rires du public, la réalisatrice jouant de l’inconfort de sa protagoniste et du caractère désagréable de l’esthéticienne pour créer une comédie légère.
Les courts métrages et leurs auteurs ont reçu un bel accueil de public, un signal prometteur et encourageant pour ces résidents dont on a hâte de découvrir les longs métrages.