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Saint-Étienne se raconte avec « L’ambition du beau »

par Véronique Giraud
Bracelet composé de huit plaques
Jean-Claude TISSOT (1811-1889) monture de MENU, 1887 Crédits : Collection Maison Boucheron, photo Maison Boucheron
Bracelet composé de huit plaques Jean-Claude TISSOT (1811-1889) monture de MENU, 1887 Crédits : Collection Maison Boucheron, photo Maison Boucheron
Fusil de chasse, Jean-Julien GRÜNWEISER (1890, Nancy-1961 (graveur) ; manufacture nationale d'Armes de Saint-Etienne (fabricant), 1936 Château-Musée, musée de la Chasse, Gien, inv. 2017.13.3. Crédits : Fusil Grünweiser – Legs Nègre à la ville de Gien, château-musée de Gien : chasse, histoire et nature en Val de Loire. © David MASSOL-MOULHI
Fusil de chasse, Jean-Julien GRÜNWEISER (1890, Nancy-1961 (graveur) ; manufacture nationale d'Armes de Saint-Etienne (fabricant), 1936 Château-Musée, musée de la Chasse, Gien, inv. 2017.13.3. Crédits : Fusil Grünweiser – Legs Nègre à la ville de Gien, château-musée de Gien : chasse, histoire et nature en Val de Loire. © David MASSOL-MOULHI
Ville de Saint-Étienne : nos morts 1914-1918 ou Le livre des morts. Couverture en cuivre ciselé par Claudius Linossier, dinandier, Jacquet, relieur, P. Janin, peintre graveur, 1933. Archives municipales de Saint-Étienne, 12M11. © Hubert Genouilhac
Ville de Saint-Étienne : nos morts 1914-1918 ou Le livre des morts. Couverture en cuivre ciselé par Claudius Linossier, dinandier, Jacquet, relieur, P. Janin, peintre graveur, 1933. Archives municipales de Saint-Étienne, 12M11. © Hubert Genouilhac
Blague à tabac, Jean-Claude TISSOT (1811-1889) sur un dessin de LEGRAND, 1882 MAISON BOUCHERON. © Maison Boucheron
Blague à tabac, Jean-Claude TISSOT (1811-1889) sur un dessin de LEGRAND, 1882 MAISON BOUCHERON. © Maison Boucheron
Esquisse pour ruban : guirlande de roses
Maison Troyet et Cie, Saint-Étienne, vers 1880-1914
Crédits : Inv : 2004.77.20, collection du musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne
Esquisse pour ruban : guirlande de roses Maison Troyet et Cie, Saint-Étienne, vers 1880-1914 Crédits : Inv : 2004.77.20, collection du musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne
Bicyclette pour dame
AQUILA, Saint- Étienne, vers 1930 Musée d’Art et d’Industrie, inv. 2014.21.1 © Hubert Genouilhac
Bicyclette pour dame AQUILA, Saint- Étienne, vers 1930 Musée d’Art et d’Industrie, inv. 2014.21.1 © Hubert Genouilhac
Portait de Madame Agnès (Agnès Rittener)
Jean Dunand (1877-1942), vers 1925
Crédits : Inv : 50.19.1, collection du Musée d’Art et d’Industrie-musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Etienne Métropole, photo Yves Bresson
Portait de Madame Agnès (Agnès Rittener) Jean Dunand (1877-1942), vers 1925 Crédits : Inv : 50.19.1, collection du Musée d’Art et d’Industrie-musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Etienne Métropole, photo Yves Bresson
Style de vie Design Publié le 08/02/2025
La grande épopée du design à Saint-Étienne, le public la découvrira à la réouverture le 13 mars de son musée d’art et d’industrie. En 2025, la ville réécrit fièrement son histoire à travers un parcours qui explique qu’elle est devenue l’unique Ville Design Créative dans le monde.

La ville de Saint-Étienne s’est construite avec la révolution industrielle à la fin du XIXe siècle. Longtemps capitale de l’industrie française, on l’a oublié, avec sa production d’armes à feu, de rubans et de cycles, ses manufactures se sont singularisées en intégrant à ces objets fonctionnels la créativité artistique, inspirée par les nouvelles esthétiques des arts décoratifs du début du XXe siècle. Né de cette histoire, jusqu’à devenir l’identité même de la ville aujourd’hui, le design relie écoles, organismes de formation et start-up aux nombreuses entreprises du territoire. Sa biennale internationale témoigne quant à elle des innovations et de l’évolution des usages d’une discipline encore mal connue mais aux avant-postes des transformations sociétales. Saint-Étienne en a retiré une reconnaissance, puisqu’elle est aujourd’hui encore l’unique Ville Design Créative désignée par l’UNESCO.

 

Ni musée d’art ni musée d’industrie. Le lien entre art et industrie n’est toujours pas évident, tant les représentations mentales de ces deux univers sont aux antipodes. Or c’est précisément ce lien qui a donné à Saint-Étienne et à ses manufactures une singularité dont la municipalité veut raviver le souvenir. La mine et la métallurgie ont façonné la ville et ses habitants, produisant une richesse aujourd’hui disparue et parfois oubliée. Passant en quelques décennies de 20 000 à plus de 100 000 habitants, la ville est devenue la grande capitale française de l’industrie à la fin du XIXe et jusqu’aux années 60. Mais « Saint-Étienne est toujours une ville qui crée, elle est la 6eme métropole en nombre de brevets déposés » rappelle le maire Gael Perdriau.

Témoins symboliques de cette histoire, à la fois grande épopée et grand pan de la culture stéphanoise, le musée de la mine et le musée d’art et d’industrie avaient perdu de leur force et de leur sens depuis leur création. En 2015, la municipalité a décidé de les rassembler en un seul pôle muséal et de les ranimer, confiant la direction du projet à Marie-Caroline Janand. « Nous nous sommes interrogés sur la notion de « musée aux racines du design » comme était présenté le musée d’art et d’industrie, explique l’historienne de l’art. Nous avons pendant trois ans reconsidéré le fonds, les collections, estimant que le musée n’est ni un musée d’art, ni un musée d’industrie, mais un lieu hybride spécifique aux musées qui se créent en France au début du XIXe siècle ». Or tous ne vont pas donner un musée d’art et d’industrie. La spécificité stéphanoise se trouvé résumée par le visuel de l’exposition L’ambition du beau. Il appose à la photographie de l’intérieur de la manufacture française d’armes et de cycles, qui deviendra Manufrance, avec ses travailleurs usinant aux machines, un tableau de Monet se fondant symboliquement dans l’industrie et inversement. Une façon de montrer le moment où la municipalité, les manufactures et les industries de Saint-Étienne ont trouvé un terrain d’entente pour que la maison de luxe Boucheron rencontre le graveur et ciseleur stéphanois Jean-Claude Tissot (1811-1889), pour qu'une bicyclette pour dame se pare d'un motif africain, ou pour que la crosse d'une arme épouse la préciosité d'un bijou, que le motif d'un ruban flirte avec la haute-couture. Ce sont ces liaisons fructueuses entre art et industrie, entre mécènes et créations contemporaines que le musée raconte.

 

Le beau, valeur ajoutée. Les travaux des deux musées, planifiés sur dix ans, ont démarré en 2022. Le musée d’art et d’industrie rouvrira le premier, en juin prochain, avec un nouveau parcours et une exposition intitulée L’ambition du beau ou comment le design naît à Saint-Étienne. Les objets confectionnés dans la ville, à la fois utiles et beaux, ont séduit au XXe siècle à la fois les propriétaires de magasins et les collectionneurs pour la valeur ajoutée de leur esthétique et de la qualité de leur artisanat. Ceux fabriqués aujourd’hui répondent aux nouveaux enjeux de durabilité et d’économie de moyens. Le musée de Saint-Étienne représente ainsi deux grandes époques du design, l’une achevée, l’autre en cours. « Aujourd’hui, le musée propose un parcours cohérent autour du lien historique entre l’industrie et la recherche du beau, qui est la valeur ajoutée de la production stéphanoise, et qui marque encore aujourd’hui les entreprises » explique Marc Chassaubéné, adjoint au maire en charge de la culture, vice-président à la métropole en charge de la culture et du design, président de la Cité du design. Cette dernière, installée dans le site historique de l’ancienne manufacture d’armes, est en cours d’extension avec le projet Cité du design 2025.

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