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Au ZEF, le souffle poétique et musical de l’Hiraeth

par Véronique Giraud
L'hiraeth sur la scène du Zef à Marseille © Alice Purgu - Le ZEF
L'hiraeth sur la scène du Zef à Marseille © Alice Purgu - Le ZEF
Une esthétique de l'effacement ©Julien Lombardi - Cie Phare à Lucioles
Une esthétique de l'effacement ©Julien Lombardi - Cie Phare à Lucioles
Arts vivants Interdisciplinaire Publié le 31/01/2025
Accord texte, voix, musique, images, la partition de L’hiraeth croise la magie de voyages dans l’inconnu, de paysages inventés, effacés, et la douleur de l’impossible retour. La poésie des mots Arthur H et le live éclectique du compositeur Loïc Guénin dispersent leurs éclats sur la scène du ZEF à Marseille.

Dire l’éloignement, l’impossible retour, forger les mots dans la vapeur océane d’où surgit le souvenir du marin Vamir, seul un poète pouvait les écrire. Puis d’une voix venue des profondeurs faire chanter le tragique destin d’un homme pris par la mer. C’est de ces deux accords, texte et voix d’Arthur H, que le musicien Loïc Guénin a voulu créer une nouvelle partition sonore. Il l’a colorée d'un violon, d'un alto et d’un violoncelle, d’un trio de voix féminines, d’un écho électroacoustique en temps réel, de jeux de lumières, d’immenses images-paysages. L’ensemble suggère sans contraindre, et l’esprit vagabonde.

La richesse du dispositif scénique impressionne. Côté cour deux musiciens affairés, au centre trois solistes et chanteuses, côté jardin, le poète au chapeau, seul, écoute, tangue, et lance ses mots de tout son corps.

 

Un imaginaire vertigineux. Au fil du spectacle, le public glane les sonorités que compose à vue Loïc Guénin, les mots d'Arthur H portés par sa voix émergeant des profondeurs, le frottement des pizzicato des trois solistes qui contraste étrangement avec la douceur de leur chant. Et comme si ce n'était pas suffisant, chacun lie ces sensations aux images qui habitent le plateau ou apparaissent soudainement, pour tenter de s'embarquer dans un imaginaire vertigineux.

Cette proposition hybride du duo concepteur Loïc Guénin / Arthur H invite le public au voyage. L’embarcation, fabriquée des percussions, claviers analogiques et autre objets sonores du compositeur avec pour liant la matière poétique et la voix du chanteur et musicien, ne ressemble à aucune autre. Elle varie même au fil d’improvisations qui inspirent Loïc Guénin. Voguant sur les mots d’Arthur H, elle nous entraine dans des contrées d’abord repérables, qui nous font suivre un personnage, puis étrangères et incantatoires quand ce même personnage dialogue avec des peuplades aux langues nouvelles et magiques. Perdant nos repères, comme nous font perdre nos repères les images composées par le photographe Julien Lombardi. Lui-même navigue entre Marseille et le Mexique, d’un paysage à un autre, d’une culture spoliée à une autre, réalisant des scènes imaginaires qui produisent la perception de paysages sans qu’on sache vraiment ce qui est montré. Le dessous de ces images révèle un processus complexe né d’une profonde réflexion.

 

Une osmose bienvenue. Le lieu dans lequel est créé L’Hiraeth ce 30 janvier, le Zef, n’a rien d’anodin lui non plus. Les habitués connaissent le travail de Loïc Guénin, un des dix artistes associés à l'unique scène nationale marseillaise, plusieurs habitants et élèves du quartier aussi. C’est que le théâtre du Merlan, rebaptisé Zef il y a quatre ans par Francesca Poloniati-Maugin qui en a pris la direction, s’inscrit aujourd’hui plus que jamais comme un lieu d’accueil et d’ouverture, d’émancipation et de plaisir, dans un environnement où le quotidien est le plus souvent difficile.

Comme en contre point, le concert-spectacle s'achève avec la prise de parole de Loïc Guénin : « Le contexte général de la culture, très particulier et très angoissant, avec les baisses décidées dans différents départements et régions, a des conséquences rapides sur les artistes, les lieux et le public », qui propose au public de relayer l’opération #culture en danger lancée par le Syndeac (syndicat de la profession), avec une photo du public debout devant lequel pose l’équipe artistique « pour dire : on veut de la culture ! ». L'unisson et les cris joyeux du public en témoignent.

 

L’Hiraeth, une stratégie de l'effacement. Concert-spectacle sur un texte écrit et chanté par Arthur H et une musique composée par Loïc Guénin pour voix (Arthur H), trio à cordes et chœur (Alice Piérot, violon / Fanny Paccoud, alto / Elena Andreyev, violoncelle), percussions, claviers analogiques et objets sonores (Loïc Guénin) et traitement électroacoustique en temps réel (Eric Brochard). Création les 30 et 31 janvier au ZEF.

En tournée : 1er février, Scène Nationale de Gap / 5 février, Scène Nationale de Cavaillon / 6 février, Théâtre de Grasse / 7 février, Théâtre de Draguignan / 8 février, Forum Jacques Prévert à Carros / 11 février, Théâtre La Renaissance à Oullins / 13 février, TAP, Scène Nationale de Poitiers / 21 février, Les Quinconces, Scène Nationale du Mans / 21 mars, Maison de la musique de Nanterre.

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