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Eva Jospin invitée de la chapelle de La Grave

par Véronique Giraud
Arts visuels Installation Publié le 11/02/2025
Occupant depuis le XIIe siècle un site proche des berges de la Garonne, l'hôpital de La Grave s'est doté au XVIIe d'une chapelle au dôme imposant. C'est là que l'artiste Eva Jospin a déposé jusqu'au 30 mars plusieurs œuvres en cartons, autant de paysages et d'architectures imaginaires.

Tout près des berges de la Garonne, la silhouette de la chapelle de La Grave porte haut et fier son dôme et son habit de briques. À l'intérieur, on peut écouter des témoignages emblématiques de l'histoire de l'hôpital dont elle fait partie, qui fut à partir du XIIe siècle le lieu d'enfermement des orphelins, vagabonds, voleurs, prostituées, fous, puis des pestiférés à partir du XVIIe siècle, avant de devenir hôpital général, maternité de Toulouse jusqu'au milieu du XXe siècle. La splendeur de son dôme abrite pour un temps les créations de l'artiste Eva Jospin. La chapelle fait partie de l’hôpital général Saint-Joseph de la Grave dont la longue histoire, depuis la fin du XIIe siècle, trace les vicissitudes des pauvres, des pestiférés, des fous. L’institution est tout à la fois lieu de charité et d’enfermement des indigents. La chapelle émerge à son côté à partir de 1658. La Révolution française, puis une crue historique interrompent le chantier, qui reprend de 1835 à 1846. Depuis son ouverture en 1845, des travaux de consolidation sont régulièrement réalisés, les derniers datent de 2015 à 2022. Son nom, La Grave, rappelle l’omniprésence de l’eau et les risques de crues dont elle a subi maints assauts. Sa restauration a été entreprise, elle est d'ailleurs toujours en cours, pour stabiliser le grès fragile de ses parois, mettre à jour ses peintures, ses sculptures, son mobilier, et. en faire un espace d'exposition d'art contemporain.

 

Première artiste invitée à habiter l’élégant édifice, Eva Jospin propose des formes architecturales suggestives qui font écho au dôme imposant qu’entourent plusieurs petites salles, empruntant aux esthétiques qui ont marqué les siècles depuis l’édification de la chapelle néo-classique. Il en résulte plusieurs réalisations, dont les échelles et les sujets viennent en écho à l’espace habité. Sous la haute voûte du dôme, éclairée de vitraux aux teintes douces, Eva Jospin a posé en son centre son immense cénotaphe. Dans la même aire, d’autres éléments architecturaux évoquent des temps révolus, ou bien rêvés, avec un vocabulaire référencé et des étagements parfaitement proportionnés.

L’artiste fabrique avec le même carton, les sols, les falaises, les grottes, les architectures, les colonnes, les dômes, sans confusion possible. On n’y entre pas, on tourne autour et on contourne. L’œil s'arrête pour apprécier le rayon de lumière éclairant un fossé, la profondeur pleine de mystère d’un intérieur. Ombres et lumières donnent relief et sens au matériau brunâtre buriné, ciselé, découpé dans son épaisseur. L’antique, le classique, le végétal, la pierre, le métal, architectures et paysages émergent à coups de cutter, d’inclusions, d’entailles à vif.

Dans la sacristie, où sont exposés d’extraordinaires reliquaires de paperolles (technique d’enroulement de fines feuilles de papier qui imité les techniques coûteuses du filigrane d’or et d’argent), Eva Jospin s’en inspire pour façonner les éléments qu’elle juxtapose aux œuvres anciennes, précieuses dans leur façonnage et au plus bel aspect. Le carton de l’artiste se fait bois ou pierre, s’enrobe d’argent ou d’or. Un échantillon de forêt argentée se lit comme un objet précieux, comme un retable de la nature posé contre une paroi miroitante.

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