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Jean-François Spricigo, l’expérience photographique

par Véronique Giraud
©JF Spricigo, courtesy Galerie Camera Obscura Paris
©JF Spricigo, courtesy Galerie Camera Obscura Paris
©JF Spricigo, courtesy Galerie Camera Obscura Paris
©JF Spricigo, courtesy Galerie Camera Obscura Paris
©JF Spricigo, courtesy Galerie Camera Obscura Paris
©JF Spricigo, courtesy Galerie Camera Obscura Paris
©JF Spricigo, courtesy Galerie Camera Obscura Paris
©JF Spricigo, courtesy Galerie Camera Obscura Paris
©JF Spricigo, courtesy Galerie Camera Obscura Paris
©JF Spricigo, courtesy Galerie Camera Obscura Paris
Arts visuels Photographie Publié le 15/02/2025
Il est des rencontres qui font faire une volte-face avec ce que l’on croyait acquis. Quand Jean-François Spricigo parle de la photographie, la montre, l'élabore puis la réalise avec le public, l'image y gagne une dimension insoupçonnée. Démonstration au CentQuatre-Paris avec « à nos visages s’abandonner »

Pour Jean-François Spricigo, la photographie est devenue une écriture dont l’encre est la lumière, elle est aussi un langage. Un langage qui le lie à l’autre, qu’il soit humain, animal, paysage. Au sous-sol du Centquatre où il nous accueille pendant une heure dans le cadre du Festival Les Singulier.es, on en saura plus sur lui et sa manière d’apprivoiser avant de capter un regard, une silhouette ou un corps qui occupera le cadre ou dispersera de ses formes dans une immensité lumineuse.

Ces photographies projetées sur grand écran écrivent, plus qu'un instant, une rencontre. Jean-François Spricigo introduit ces projections par un discours mature, qui nous dit beaucoup de lui-même et du sentiment que lui inspire ce qu'il photographie. Ses images disent autre chose du regard, du visage, du corps, de la silhouette qui l’ont interpellé. C’est toute la singularité de Jean-François Spricigo. Sa démarche, née d’une colère adolescente, puis alimentée par de profondes réflexions sur l’humain pour se réconcilier avec lui, il la partage aujourd'hui avec un public.

 

Portraits. À trois reprises, le photographe invite son auditoire à se lever pour venir se rassembler près de lui et près de celle ou celui qui a accepté de s’asseoir sur un tabouret pour qu’il fasse son portrait. Autorisant chacun à assister à un processus très « révélateur ». Il remercie d’abord celle ou celui qu’il s’apprête à prendre en photo, puis invite le public à admirer ses traits, à analyser son regard, à s’émouvoir d'une confiance accordée quand il demande à son modèle de fermer les yeux, à s'appesantir sur la douceur et l'abandon qui ainsi s'en dégagent, à régler l’intensité lumineuse des deux projecteurs tout à la fois dissimulant et éclairant les visages. De ce lien nouveau, de ces choix délicats, viendra le moment où l’appareil dirigera l'objectif et où la prise sera déclenchée. L'expérience, qu’il renouvellera à trois reprises, aura permis de mieux entendre et comprendre la pensée d’un artiste peu commun.

 

Avec une grande sincérité, Jean-François Spricigo livre tout ce qui le lie depuis vingt ans à la photographie. Après avoir rappelé l’époque où la FNAC ne faisait pas payer les photos ratées, il interroge : « Qu’est-ce qu’une photo ratée ? Floue ? Nette ? ». Il interroge aussi le vocabulaire guerrier, « viser, tirer, charger… », qui la définit. Faisant surgir l’expression « faire le point », il lui donne une résonance psychanalytique, tout comme « la distance » nécessaire à prendre avec un sujet. Ces incursions oratoires sont faites avec de grandes précautions, avec la même délicatesse pour l’approche du sujet qu’il va photographier. Sensible, il se fait conteur, menant son auditoire vers le merveilleux de contrées philosophiques.

On ressort de cette conférence photographique plus riche, avec le sentiment de connaître celui qui, une heure auparavant, était encore un étranger et qui est parvenu à engendre une relation nouvelle avec la photographie.

 

« à nos visages s’abandonner », les 13 et 14 février au CentQuatre-Paris, dans le cadre de la 9e édition du Festival Les Singulier.es.

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