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Corps et âmes, noires mélancolies à la Fondation Pinault

par Véronique Giraud
Gideon Appah, The Woman Bathing, 2021, huile, acrylique sur toile, diptyque, 120 × 300 cm (chaque panneau). Pinault Collection. DR
Gideon Appah, The Woman Bathing, 2021, huile, acrylique sur toile, diptyque, 120 × 300 cm (chaque panneau). Pinault Collection. DR
Kerry James Marshall, Untitled, 2006, crayon et encre sur papier, 116,84 × 152,4 cm (sans cadre). Pinault Collection.
Kerry James Marshall, Untitled, 2006, crayon et encre sur papier, 116,84 × 152,4 cm (sans cadre). Pinault Collection.
Irving Penn, The hand of Miles Davis, New-York, 1986. DR
Irving Penn, The hand of Miles Davis, New-York, 1986. DR
Ana Mendieta, Silueta Sangrienta, 1975, film super 8 mm, couleur, muet, 1 min. 51 sec. DR
Ana Mendieta, Silueta Sangrienta, 1975, film super 8 mm, couleur, muet, 1 min. 51 sec. DR
À l'intérieur de la rotonde en béton dessinée par Tadao Ando, l'œuvre vidéo d’Arthur Jafa, « Love is the Message, the Message is Death » (2016). ©Rivaud-NAJA
À l'intérieur de la rotonde en béton dessinée par Tadao Ando, l'œuvre vidéo d’Arthur Jafa, « Love is the Message, the Message is Death » (2016). ©Rivaud-NAJA
Les vitrines de l'ancienne Bourse du commerce sont les écrins des compositions de l'artiste libanais Ali Charri ,
Les vitrines de l'ancienne Bourse du commerce sont les écrins des compositions de l'artiste libanais Ali Charri ,"24 fantômes par seconde" ©Rivaud-NAJA
Robin Rhod, Piano Chair, 2011. Animation numérique. L'artiste sud-africain traite au travers de ses œuvres
de la situation politique de son pays natal. Dans Piano Chair, vidéo mélangeant animation digitale et prises de vue réelles en stop-motion, un jeune homme à la peau noircie et vêtu d'une tenue de gala, reprenant tous les éléments du blackface, s'approche d'un piano simplement dessiné sur le mur blanc. N'arrivant pas à en jouer, il tente alors de le détruire, par des coups, des armes, puis le feu. Il finit par le lyncher.
Robin Rhod, Piano Chair, 2011. Animation numérique. L'artiste sud-africain traite au travers de ses œuvres de la situation politique de son pays natal. Dans Piano Chair, vidéo mélangeant animation digitale et prises de vue réelles en stop-motion, un jeune homme à la peau noircie et vêtu d'une tenue de gala, reprenant tous les éléments du blackface, s'approche d'un piano simplement dessiné sur le mur blanc. N'arrivant pas à en jouer, il tente alors de le détruire, par des coups, des armes, puis le feu. Il finit par le lyncher.
Lynette Yiadom‐Boakye (B. 1977), Light of The Lit Wick, 2017, huile sur lin (à gauche). Highpower huile sur lin (à droite). ©Rivaud-NAJA
Lynette Yiadom‐Boakye (B. 1977), Light of The Lit Wick, 2017, huile sur lin (à gauche). Highpower huile sur lin (à droite). ©Rivaud-NAJA
D'un dessin d'animation à un autre, William Kentridge écrit au fusain l’histoire du colonialisme et de l’apartheid. ©Rivaud-NAJA
D'un dessin d'animation à un autre, William Kentridge écrit au fusain l’histoire du colonialisme et de l’apartheid. ©Rivaud-NAJA
Marlene Dumas, Blindfolded, 2002, huile sur toile. ©Rivaud-NAJA
Marlene Dumas, Blindfolded, 2002, huile sur toile. ©Rivaud-NAJA
Duane Hanson, Housepainter, 1984‐1988, mastic pour carrosserie, polychrome, matériaux variés, avec accessoires, dimensions totales variables. Pinault Collection. DR
Duane Hanson, Housepainter, 1984‐1988, mastic pour carrosserie, polychrome, matériaux variés, avec accessoires, dimensions totales variables. Pinault Collection. DR
Depuis 2022, les œuvres de la Fondation Pinault s'exposent dans l'ancienne Bourse du Commerce entièrement restaurée et rénovée. ©Rivaud-NAJA
Depuis 2022, les œuvres de la Fondation Pinault s'exposent dans l'ancienne Bourse du Commerce entièrement restaurée et rénovée. ©Rivaud-NAJA
Arts visuels Arts plastiques Publié le 24/04/2025
Dans l'immense et luxueux écrin de l’ancienne Bourse du Commerce, le nouvel accrochage d’œuvres de la fondation Pinault est guidé par la représentation du corps dominée par les artistes africains et afro-américains. Jusqu'au 25 août.

Les vingt-quatre vitrines du passage bordant l’enceinte circulaire de béton nu ont été offertes au cinéaste et sculpteur libanais Ali Charri, devenues autant d’écrins pour ses réinterprétations d’objets anciens, archéologiques, dans l’esprit d’une réparation. À l’intérieur de l’immense Rotonde et sous la magnifique verrière, est projeté sur grand écran un film d’Arthur Jafa, Love is the Message, the Message is Death, où alternent comme une mosaïque les figures iconiques de la culture noire américaine et des scènes de la vie quotidienne.

De nombreux artistes sont nés en Afrique : la photographe queer sud-africaine Zanele Muholi, Marlene Dumas et William Kentridge, tous deux artistes blancs natifs d'Afrique du Sud, le peintre ghanéen Gideon Appah et l’assemblagiste conceptuel béninois Georges Adéagbo, la peintre Kudzanai-Violet Hwami, native du Zimbabwe et vivant à Londres. Senga Nengudi, Deana Lawson, Kara Walker, LaToya Ruby Frazier, Lorna Simpson, Arthur Jafa sont eux afro-américains, comme Terry Adkins (1953-2014). Quant au peintre brésilien Antonio Oba, l’héritage de l’Afrique résonne dans son œuvre.

Aux murs, les grands portraits fictifs de personnages noirs de l’Anglo-Ghanéenne Lynette Yiadom-Boakye transposent, à la manière d’Édouard Manet ou d’Edgar Degas, une revanche par l’art d’un système et d’une histoire dominées par l’homme blanc. Les installations hyperréalistes de Duane Hamson, avec ses sculptures grandeur nature du rêve américain à l’envers, cohabitent avec les photographies de Diane et Allan Arbus, Richard Avedon, Irving Penn, Man Ray et LaToya Ruby Frazier. D’un auteur à l’autre, les images dénoncent avec une grande force suggestive.

En fin de parcours, dans une haute salle plongée dans l’obscurité, pendent huit immenses toiles de l’Allemand Georg Baselitz (Série Avignon, Was ist gewesen, vorbei, 2014) qui, depuis 1969, a entrepris de peindre les corps tête en bas. La perception de ces huit corps suspendus, noyés dans la matière peinte, est envoûtante. C'est avec une autre œuvre de Georg Baselitz, installée dans le Vestibule de la Bourse de Commerce, que débute le parcours. La sculpture réalisée en bois de cèdre, puis colorée de peinture à l’huile, est un autoportrait colossal de l’artiste, qui se représente enfant et tient entre ses mains un crâne. Meine neue Mütze (My New Cap) (2003) est sa toute première sculpture‐autoportrait.

Ces variations, qu’elles soient peintures, sculptures, installation, vidéo, animation, donnent son ampleur au corps, miroir de l’âme noire.

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