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Wonnangatta, autopsie de la violence ordinaire

par Véronique Giraud
Wonnangatta, dans la mise en scène de jacques Vincey © Christophe Raynaud de Lage
Wonnangatta, dans la mise en scène de jacques Vincey © Christophe Raynaud de Lage
Arts vivants Théâtre Publié le 15/05/2025
En créant "Wonnangatta", une pièce de l'Australien Angus Cerini, Jacques Vincey offre une saisissante évocation de la violence ordinaire. Créé aux Plateaux Sauvages, le spectacle imprime une prise de conscience.

Un vent de création souffle sur Les Plateaux Sauvages. Le théâtre municipal, avec Wonnangatta, n’a jamais aussi bien porté son nom. En choisissant de mettre en scène cette pièce d’Angus Cerini, Jacques Vincey fait découvrir un dramaturge australien méconnu en France et, avec lui, un registre singulier de la violence masculine. Wonnangatta dresse un portrait aussi effrayant que touchant de Harry dont l’ami Jim Barclay, un fermier d’une région montagneuse et isolée du bush australien, a disparu depuis un mois. Cette fois, il a convaincu Rigall de l’accompagner pour mener ses recherches, bien décidé à trouver Jimmy. Tous deux, face au public, vont alors exprimer cette quête, imprégnés du paysage qui les entoure, faisant entendre sans fard le bruit de leurs pensées, décrivant leurs faits et gestes, jusqu’à incarner Baron, le chien de l’ami disparu. Tour à tour inquiet, angoissé, triste, en colère, Harry (magnifique Vincent Winterhalter) dévoile la montée de la violence, celle guidée par la volonté coûte que coûte de vengeance quand le corps de Jimmy est découvert enfoui dans le sable d’une rivière, la tête dévorée par les chiens sauvages. Jusqu’à se convaincre d’un scénario, jusqu’à condamner un homme, se persuadant que c’est lui l’assassin de l’ami. Un scénario, alimenté par l’inquiétude, qui ne peut que mener au pire, à une déshumanisation, au sentiment d’une toute puissance. L’inquiétude se manifeste à travers les premiers dialogues entre les deux hommes, Rigall tentant en vain de calmer Harry qui développe sans contradiction possible le scénario de la vengeance. Si Rigall n’y adhère pas, il ne se confronte toutefois pas à la rage de son ami.

Les mots emplissent la scène, les paysages se dessinent, la fureur se répand, la violence épaissit le propos, laissant le spectateur témoin de la fabrique de la violence humaine. Les corps qui les portent nous convainquent qu’elle est à la portée de chacun… Une entreprise cathartique bien venu en ces temps où la violence trouve bien des chemins.

 

 

Wonnangatta. Texte : Angus Cerini. Traduction : Dominique Hollier. Mise en scène : Jacques Vincey. Collaboration artistique : Céline Gaudier. Scénographie : Caty Olive et Jacques Vincey. Lumière : Caty Olive. Musique : Alexandre Meyer. Création aux Plateaux Sauvages. Du lundi au vendredi à 19h, le samedi à 16h30 et 20h (relâches les 14, 15 et 18 mai), dès 15 ans - durée 1h30.

En France, deux des pièces d’Angus Cerini, L’Arbre à sang et Wonnangatta, sont traduites par Dominique Hollier avec le soutien de la Maison Antoine Vitez - Centre international de la traduction théâtrale et de l’ambassade d’Australie dans le cadre d’Australia Now France 2021-2022. Distingué par le bureau des lecteurs de la Comédie-Française lors de la saison 2021-2022, il est publié aux éditions Théâtrales en 2022 en partenariat avec la Maison Antoine Vitez et est créé en janvier 2023 par Tommy Milliot à la Comédie de Béthune - CDN Hauts-de-France.

 

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