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Faust in Africa ! un diamant noir au Printemps des Comédiens :

par Véronique Giraud
Faustus in Africa ! © Fiona MacPherson
Faustus in Africa ! © Fiona MacPherson
Arts vivants Théâtre Publié le 06/06/2025
Divine surprise qu'offre l'édition 2025 du Printemps des Comédiens. En programmant les 5 et 6 juin Faustus in Africa. Fruit de la collaboration du génial artiste visuel Willian Kentridge avec la Handspring Puppet Company, le spectacle a réveillé les ors de l'opéra Comédie de Montpellier.

William Kentridge est l’un des plus grands artistes visuels de notre époque. Ses modes d’expression sont sans limites pour dénoncer l’apartheid de son Afrique du Sud natale et toutes les oppressions des peuples d’Afrique par l’Occident. Avec la Handspring Puppet Company, qui réalise un travail exceptionnel de marionnettistes, a convaincu le réalisateur et metteur en scène de créer ensemble. Ainsi est née en 1995 Faustus in Africa !, pièce qui a fait le tour d’Europe et des Etats-Unis. Trente ans plus tard, la compagnie a ressenti la nécessité de réactualiser ce spectacle qui met en scène un Faust en safari pillant les richesses de l’Afrique et de ses habitants dans sa quête de savoir et de pouvoir.

 

Une brûlante actualité. En février 2025, une toute nouvelle génération de comédien·nes s’est réunie au Cap pour écouter William Kentridge expliquer les partis pris de son adaptation de l’œuvre titanesque de Goethe, Faust, et son utilisation de l’animation pour éclairer le texte transposé en Afrique, où un vieil homme vend son âme au diable pour enfin savourer les jouissances des hommes. « Faustus in Africa! a été produit à l’époque de et en réponse à l’accord négocié lors de la passation de pouvoir entre le gouvernement sud-africain nationaliste et le gouvernement du Congrès national africain (ANC). Quel était le coût éthique de cet accord, où le choix de la paix l’a remporté sur celui de la justice ? Nous n’avons modifié aucune des images projetées. Les textes n’ont pas changé non plus. » Trente ans plus tard donc, grâce aux archives retrouvées, numérisées, la première version est actualisée et de nouveaux bras vigoureux de marionnettistes remettent en scène une actualité brûlante, la fièvre extractrice et la politique dominante en Afrique du Sud comme ailleurs.

 

Dessins et musique au diapason. Le nouveau scénario entremêle le mythique récit de Goethe et l’ironie du poète sud-africain Lesego Rampolokeng. Comme dans la précédente version, l’alchimie unique entre jeu et théâtre de marionnettes esthétise puissamment le propos et les personnages. Seul le diable est joué par un acteur humain, un Méphistophélès d’une grande élégance dans son costume noir et ses chaussures vernies.

La musique de James Phillips (1959-1995) amplifie les formidables animations de Kentridge. Ces dernières, dessinées au fusain, sont projetées sur un écran en fond de décor. Les motifs, qui se métamorphosent à un rythme trépidant, créent à eux seuls un langage qui se superpose à celui des comédiens marionnettistes, un langage capable d’exprimer une pensée cachée, de donner la coloration sud-africaine au récit de la vieille Europe. Au diapason du puissant vocabulaire graphique, agit comme un signal la musique de James Phillips, qui a accompagné les mouvements de résistance de la jeunesse africains des années 80.

Ce théâtre performance fait naître sur scène un univers singulier dont la portée symbolique et spirituelle déplace les sensations pour dénoncer le colonialisme et l’impérialisme occidental.

 

Faustus in Africa !

Après avoir été jouée fin mai au Kunstenfestivaldesarts, KVS, où elle a été créée en 1995, la seconde version de la pièce est programmée au Printemps des Comédiens de Montpellier les 5 et 6 juin. Puis les 20, 21 et 22 juin à Athènes.

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