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Mot de passe oublié ?Lili, un cirque dans un hôpital spécialisé dans la santé mentale
Il y a cinq ans, Jérôme Thomas déménageait Lili, le chapiteau de sa compagnie qu'il avait laissé aux élèves de l'Académie Fratellni, pour le rénover et l'installer derrière les murs du Centre hospitalier de la Chartreuse à Dijon.
L’artiste jongleur Jérôme Thomas n’a pas attendu que la santé mentale soit la grande cause nationale en 2025, que la lutte contre la stigmatisation soit institutionnelle pour agir. Il y a cinq ans, le célèbre jongleur installait son cirque Lili derrière les murs du Centre hospitalier de la Chartreuse à Dijon. Nous avons eu la chance de nous y rendre et de passer une journée exceptionnelle sous chapiteau et dans le parc de l'établissement, acteur majeur de la psychiatrie et de la santé mentale, avec quelques jeunes résidents qui, déguisés et joyeux, ont accueilli les visiteurs, pris place sur les gradins avant d’eux-mêmes se produire sur la piste après que Jérôme Thomas ait donné sa création Chair et os.
Un lieu d'art et d'essai unique. Le jongleur a fondé la compagnie ARMO, pour Atelier de recherche en manipulation d’objets, en 1992 en Bourgogne. Longtemps associée à l’Arc, Scène Nationale Le Creusot, qui fut jusqu’en 2000 son lieu de résidence et son fidèle co-producteur, ARMO a établi en 2004 son siège social à Dijon. En convention avec la DRAC-Bourgogne-Franche-Comté, Ministère de la Culture et de la Communication depuis 1999, la compagnie est en Convention triennale avec le Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté depuis 2008. Au sein de La Chartreuse, ARMO a animé des ateliers à destination des patients. Rare, unique peut-être, ce lieu d’art et d’essai destiné aussi à accueillir les structures culturelles locales, mais l’initiative mérite qu’on s’en souvienne. Elle a laissé des souvenirs dans l’institution, ceux de moments d’une pratique artistique hors normes, d’une pédagogie bienveillante et d’un esprit collectif peu habituel aux patients comme aux soignants.
Une grande fête pour les adieux. En septembre 2025, la page de cette aventure sera définitivement fermée, faute de moyens, et faute d’un intérêt renouvelé des collectivités. Il n’empêche, une grande fête sera donnée dans le parc avec tous ceux qui ont suivi Jérôme Thomas, les familles, les voisins, les soignants, les patients, les admirateurs, la tutelle. Figureront aussi en bonne place les magnifiques images du photographe Christophe Raynaud de Lage, un autre grand compagnon de la compagnie.
Ensuite, le chapiteau Lili prendra la route de l’Italie où une autre aventure l’attend, celle de la transmission. À 62 ans, l’auteur circassien est prêt à se consacrer aux élèves de l’école internationale de cirque contemporain de la Fondazione Cirko Vertigo, près de Turin, qui l’a sollicité. Il restera administrateur à la SACD - c'est son troisième mandat - car il veut suivre les évolutions, qu’il espère heureuses, du cirque contemporain.
« Difficile de fermer boutique », de laisser derrière lui une équipe engagée, d’autant qu’une augmentation de l’activité s’est fait ressentir avec la présence du cirque à l’hôpital psychiatrique. « En cinq ans c’est incroyable tout ce qu’on a mis en place, c’était génial ! Ce que j’ai appris c’est que les choses viennent doucement, lentement. Il faut du temps pour construire une relation, pour que les gens apprennent à connaître ce lieu ».
