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Mot de passe oublié ?Marseille Jazz des cinq continents entendait célébrer son 25ème anniversaire avec panache. Cette nouvelle édition ne renie en rien la ligne artistique tracée par ses pères fondateurs - Roger Luccioni, Bernard Souroque - qui défendaient la vision d’un festival de jazz « pluriethnique et pluriculturel », ce qui ne l’empêche pas d’innover et d’être bien ancrée dans son temps et sur son territoire. Et pour marquer le coup c’est à un graphiste, dessinateur, auteur de bandes dessinées, peintre et réalisateur de films d’animation passionné de jazz qu’a été confiée la conception de l’affiche de l’édition 2025. Elle est signée par le valencien Javier Mariscal, père de Cobi et de Petra, les mascottes des Jeux Olympiques et Paralympiques de Barcelone en 1992, et dont le dernier film réalisé avec Fernando Trueba, They shot the piano player, met en scène un journaliste à la recherche d’un célèbre pianiste de jazz brésilien (Francisco Tenòrio Junior) disparu sous la dictature militaire en 1976 au Brésil. Considéré comme « un leader de la rénovation du langage visuel des dernières décennies et une des figures notoires de l’art espagnol », féru de jazz, l’artiste avait tout pour croiser la route de Marseille Jazz des cinq continents. L’affiche en témoigne.
Célébrations jusqu’à la fin de l’année. Alors que le concert d’ouverture du festival se déroulera le 1er juillet, les célébrations de ses 25 années d’existence ont débuté dès le 23 avril par un concert événement coréalisé avec l’Opéra de Marseille qui lui, fête son siècle cette année. Le concert a été donné par l’orchestre symphonique de Marseille et la formation jazz emmenée par Kyle Eastwood, le fils de Clint, interprétant les musiques des films de son père. Puis, le festival a également inventé Ici Jazz Fest, « un festival capsule dont la vocation est de mettre en avant la scène jazz de Marseille dans toute sa diversité » comme l’explique Hugues Kieffer, le directeur du festival. Un appel à projet avait été lancé auprès des musiciens marseillais, un autre en direction des structures intéressées par l’accueil d’un concert : du 22 au 25 mai, 25 formations d’artistes professionnels et amateurs se sont produites chacune dans un lieu inédit ou insolite sur tout le territoire de Marseille avec un accès libre. Enfin, Marseille Jazz des cinq continents a lancé le 17 avril son désormais habituel Parcours Métropolitain consistant à proposer dans 21 communes d’Aix-Marseille Métropole une rencontre musicale autour de musiciens locaux et internationaux. La dernière ville sera visitée le 5 décembre, c’est Miramas.
Trois créations au programme. La programmation du festival qui se déroule du 1er au 13 juillet se caractérise par plusieurs marqueurs dont la présentation de trois créations inédites, forcément, et difficilement reproductibles, qui feront événement. Le 1er juillet, en ouverture, le Centre de la Vieille Charité proposera une rencontre entre le jazz poétique et la musique classique, en accueillant Poetic Ways & Orchestre Divertimento. La première formation est dirigée par Raphaël Imbert, saxophoniste, compositeur et directeur du conservatoire de Marseille, la deuxième par la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani qui a depuis longtemps dépassé les frontières de la musique classique pour dialoguer avec d’autres formes musicales.
Un trio inédit et les inventeurs de l’électro-jazz. La deuxième création sera présentée au Théâtre Silvain le 9 juillet avec le projet MultiKuti Trio autour d’un tout nouveau trio composé de vieilles connaissances. Il s'agit de Mino Cinelu, artiste multi-instrumentiste, chanteur, producteur et compositeur, de l’un des meilleurs guitaristes de flamenco Juan Carmona et du pianiste franco-serbe Bojan Z. La prestation du trio sera précédée de celle d’une grosse pointure de la scène des musiques actuelles, le groupe Caravan Palace, l’inventeur de l’électro-jazz ou électro-swing, qui vient de sortir un cinquième album après de nombreuses dates à l’international. C’est aussi sa première représentation au Festival.
Soirée jazz caribéen au Silvain. La troisième création, ce sera pour la soirée de clôture le 13 juillet au Théâtre Silvain avec un concert dédié au jazz créole associant un duo inédit, Jocelyne Béroard et le chanteur et compositeur Tony Chasseur. La première est bien connue pour être la voix féminine puissante du groupe Kassav’, le second pour être par ses compositions un fort contributeur à la musique antillaise et créole. Il est aussi à l’origine d’un collectif, Créole Femme Puissante, reprenant des standards du jazz caribéen et de la chanson antillaise, portant sur la place des femmes dans la société. Ils seront réunis en compagnie de musiciens parmi les meilleurs de la Martinique pour une création exceptionnelle.
Toutes premières fois à Marseille. Il y aura donc les créations, mais aussi les premières fois à Marseille. Outre la venue de Caravan Palace deux autres formations feront leur entrée sur la scène marseillaise. Le Théâtre Silvain accueillera Thee Sacred Souls le 10 juillet. Un groupe qu’on ne peut pas dire d’inspiration purement jazz, mais imprégné de Rhythm and Blues et de soul. Venu de Californie le trio chicano plonge le public dans la soul des sixties. Chacun de ses concerts résonne comme une messe et le théâtre pourrait bien prendre les couleurs de la Triple Rock Baptist Church, l’église groovy du film Les Blues Brothers dans laquelle officie James Brown. Ce sera aussi une première fois pour Korokoko le 11 juillet au Théâtre Silvain. Le groupe vient de la scène anglaise. Sa musique jazz entre en harmonie avec des sons afro-caribéens et africains, amène le jazz d’aujourd’hui vers de nouveaux langages, de nouvelles esthétiques.
Une presque première fois. Ils ont déjà joué ensemble mais en duo. Cette fois Émile Parisien a convoqué son quartet pour l’accompagner dans sa rencontre avec Jeff Mills. Saxophoniste, compositeur, Émile Parisien fête cette année ses 20 ans de scène, encore un anniversaire. Il a choisi d’inviter Mills, légende vivante de la musique électronique de Détroit. Quand l’électro rencontre le jazz, cela donne une soirée pleine de promesses : le 8 juillet sur le toit terrasse de la Fiche de la Belle de Mai.
Une forte présence féminine. Cette édition est aussi marquée par une forte présence féminine . Que ce soit en première ou en seconde partie des soirées, le Festival accueille une dizaine de musiciennes compositrices ou interprètes, qui se produiront en solo ou en formation. Ce sera l’occasion de retrouver l’inusable Dee Dee Bridgewater, qui revient avec un nouveau projet qui cartonne : We exist. Une création rendant hommage aux femmes et à l’activisme, au travers de titres emblématiques témoins des combats féministes. Plus remontée que jamais, la diva revendique la place des femmes dans le jazz.
Le festival s’adapte, la ligne artistique reste. En soi, la programmation proposée ne déroge pas à la ligne artistique qui est de présenter la musique jazz dans toute sa diversité et dans les multiples influences qu’elle a subi après être partie des États-Unis et avoir traversé le monde. « Le festival s’inscrit dans son temps, il n’est pas du tout à l’image de ce qu’il était quand il est né. Il s’est adapté au monde d’aujourd’hui et c’est là sa force. Tout a changé, les modes de communication, la musique, les moyens d’accès, et les expériences que les spectateurs ont des lieux, le travail sur le développement durable, les outils numériques. Le monde change, le festival s’adapte et la ligne artistique reste », martèle Hugues Kieffer. Il en veut pour preuve la diversité des artistes invités You Sun Nah, Nubya Garcia, Tigran Hamasyan, Sophie Soliveau, Anne Paceo, Antonio Lizana, Ludivine Issambourg, Antonio Lizana, Erik Truffaz, Alune Wade...
Les rendez-vous du Jazz Club. Et puis pour ses trois dernières soirées, en coproduction avec le Conservatoire Pierre Barbizet qui l’accueille les 11, 12 et 13 juillet, Marseille Jazz des cinq continents invite de jeunes artistes dans ce cadre intimiste, trois formations de jeunes musiciennes et musiciens émergents : Na (lauréat du prix Jazz Migration), Niranda (lauréat ReZZo 2024) et le- jeune pianiste tunisien Wajdi Rihal et son trio. Raphaël Imbert sera aussi présent pour deux soirées avec Kebbi Williams, sur le thème Marseille rencontre Atlanta. Et c’est à la fougue de la jeune scène marseillaise que sera confié le soin de faire résonner les dernières notes de musique du festival 2025 et plus précisément à la quinzaine de musiciens composant le Marseille Jazz Collective.