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Mot de passe oublié ?Au Mucem, une culture commune du ciel en Méditerranée
« Lire le ciel, sous les étoiles en Méditerranée ». La première exposition temporaire de la saison 2025-2026 du Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), ouvre ses portes à Marseille à compter du 9 juillet. Elle présente un chef d’œuvre de l’histoire de l’art prêté par le Musée du Louvre, « L’Astronome » de Johannes Vermeer. « Il y a deux ans le président de la République est venu ici exprimer son souhait que de grands chefs-d’œuvre du Louvre et du Centre Pompidou puissent venir à Marseille. C’est maintenant chose faite et c’est la première fois que cette œuvre quitte Paris pour être exposée dans une ville française », commente Pierre-Olivier Costa, le directeur du Mucem. Au-delà de la valeur artistique de « L’Astronome », dit aussi « L’Astrologue », peint en 1666, la composition du tableau porte en elle tout le propos de cette exposition.
« L’Astronome » symbole d’une histoire commune. On y voit un astronome à l’étude, observant un globe céleste. Sur sa table de travail un manuel, un compas et un astrolabe, objets témoignant d’une longue histoire de l’astronomie tout autour du monde méditerranéen. Ainsi, le livre est ouvert sur une page évoquant les premiers observateurs du ciel durant l’antiquité, les premières traces écrites venant de Mésopotamie au deuxième millénaire avant Jésus-Christ. L’astrolabe planisphérique persan, instrument astronomique d’observation permettant notamment de mesurer la hauteur des étoiles dans le ciel, évoque pour sa part le legs du monde arabo-musulman médiéval à l’astronomie. Le compas, instrument aussi utilisé par les géographes, permettait de déterminer la position des astres, l'heure solaire et la longitude. Témoin des échanges culturels et scientifiques entre l’Europe et la Méditerranée cette œuvre illustre la démarche des deux commissaires de l’exposition Juliette Bessette, historienne de l’art à l’université de Lausanne, et Enguerrand Lascols, conservateur du patrimoine au Mucem.
Une histoire construire pas-à-pas et dans la continuité. « Nous voulons montrer qu’une histoire commune s’est construite et quelle est aujourd’hui largement partagée », précise ce dernier. L’histoire de l’astronomie s’est en effet écrite pas à pas mais toujours dans la continuité. Par exemple, les noms des constellations sont dérivés de la Grèce antique, les noms des étoiles hérités du monde arabo-médiéval. Depuis l’antiquité, « les sociétés du bassin méditerranéen se sont référées aux astres pour se situer dans le cosmos et s’organiser sur Terre. Savoirs et croyances ont circulé entre les rives, fondant une culture commune du ciel qui nourrit toujours notre approche contemporaine des astres. » ’Depuis l’antiquité, l’observation de la régularité des astres permet d’organiser la vie quotidienne, par exemple de se repérer pour les déplacements ou d’établir un calendrier.
Des chefs-d’œuvre aux objets du quotidien. « Lire le ciel » présente des chefs-d’œuvre, comme « Discussion sur la réforme du calendrier sous le pape Grégoire XII pour remplacer le calendrier Julien » peint à Rome en1582 et prêté par les Archives d’État de Sienne, ou un autre « L’Astronome » de l’italien Luca Giordano (1655) confié par le Musée des Beaux -Arts de Chambéry. Des œuvres d’art contemporain d’une quinzaine d’artistes sont insérées dans le parcours et le Mucem a également sorti de ses collections des objets archéologiques, scientifiques et ethnographiques, des manuscrits. Au total plus de cent œuvres des collections du Mucem et plus de deux cents prêts issus de collections nationales, territoriales ou internationale, occupent le niveau 2 du musée.
Éclairer les enjeux contemporains. Si l’expo est chrono-thématique, structurée en 6 sections, elle propose aussi une mise en perspective avec des enjeux contemporains, l’engouement pour l’astrologie par exemple selon laquelle les astres joueraient un rôle sur le destin du vivant. Une croyance déniée par la communauté scientifique mais qui demeure profondément ancrée. Elle interroge aussi sur les liens qu’entretient l’humanité avec les étoiles aujourd’hui. Les images envoyées par les télescopes spatiaux comme Hubble et James Webb fascinent, elles élargissent le champ des connaissances sur l’univers. Mais dans le même temps, en raison de la pollution lumineuse, le ciel nocturne est de moins en moins visible. Voilà qui ramène le visiteur à des préoccupations terre-à-terre, le poussant à s’interroger sur son environnement, à porter un regard vers le sol et le vivant, comme l’illustre « Regarder la Terre », œuvre d’art contemporain de la marocaine Sara Ouhaddou qui vient conclure le parcours.
