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When I Saw the Sea, Ali Chahrour donne voix et corps à la résistance

par Véronique Giraud
WHEN I SAW THE SEA, Mise en scène et chorégraphie Ali Chahrour. Avec Tenei Ahmad, Zena Moussa, Rania Jamal. La
musique est composée et interprétée par Lynn Adib et Abed Kobeissy (en arrière plan). © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
WHEN I SAW THE SEA, Mise en scène et chorégraphie Ali Chahrour. Avec Tenei Ahmad, Zena Moussa, Rania Jamal. La musique est composée et interprétée par Lynn Adib et Abed Kobeissy (en arrière plan). © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
Le final de WHEN I SAW THE SEA, Mise en scène et chorégraphie Ali Chahrour. Avec Tenei Ahmad, Zena Moussa, Rania Jamal. Et les musiciens Lynn Adib et Abed Kobeissy. © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
Le final de WHEN I SAW THE SEA, Mise en scène et chorégraphie Ali Chahrour. Avec Tenei Ahmad, Zena Moussa, Rania Jamal. Et les musiciens Lynn Adib et Abed Kobeissy. © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
Arts vivants Danse Publié le 07/07/2025
La danse d'Ali Chahrour parle, pleure, chante le Liban. "When I Saw the Sea" porte sur scène le terrible sort qu'y vivent des travailleuses immigrées. L’art comme résistance, c’est la profession de foi du chorégraphe qui retrouve Avignon les 5, 6, 7 et 8 juillet.

Ali Chahrour crée une danse qui parle, pleure, chante, pour évoquer son pays le Liban. Après les filles (Fatmeh, Leila se meurt), les mères (Told by my Mother), les travailleuses immigrées victimes de l’esclavage moderne prennent la scène. L’art comme résistance, c’est la profession de foi du chorégraphe qui retrouve le Festival d'Avignon avec When I Saw the Sea.

« Au plus fort de la guerre contre le Liban, un groupe de travailleuses immigrées a été abandonné au bord de la mer, sans passeport, sans argent, sans habits, par leurs employeurs qui ont fui les combats » se souvient avec tristesse Ali Chahrour. Seule l'une d'elles était heureuse : elle voyait la mer pour la première fois au Liban où, comme les autres migrantes, elle avait vécu enfermée et mal nourrie pendant des années. De cette tragique réalité, de ces témoignages, le danseur et chorégraphe en a fait un spectacle avec trois de ces femmes, trois employées de maison éthiopiennes qu’Ali Chahrour a enfin écoutées. Zeina, Tenei, Raina montent sur scène pour la première fois, pour raconter leur enfer quotidien. Elles portent la voix de toutes les femmes, proies d’un système légal, la kafala (système qui lie le permis de séjour des travailleuses et travailleurs domestiques à leur contrat avec l'employeur).

 

Trois grands projecteurs, dirigés vers les gradins de la Fabrica, aveuglent le public. En préambule, Ali Chahrour nous ramène à la réalité de l’horreur qui se déroule au même moment à Gaza. Faisant entendre les voix de filles, de femmes et de mères qui s’inquiètent, rassurent, ou décrivent les désastres des immeubles effondrés et des corps inertes dans les rues de Palestine. Puis, alors que la puissance des projecteurs s’estompe, une autre souffrance apparaît devant nos yeux, sur la scène. Celle qu’ont subi les trois jeunes femmes qui, devenues comédiennes, jouent le terrible texte de leur vie en exil, de leur terrible impuissance, des violences, de la séparation forcée d’avec leur mère qu’elles tentent d’imaginer, de leur rêve d’un retour au pays, de leur crainte d’un retour au pays. Chacune a vécu la fuite pour échapper à l’enfer, puis la résistance pour tenir bon dans un monde qui ne leur a fait aucun cadeau. Cette réalité d’une société libanaise, raciste et injuste, a suscité ce spectacle inclassable.

En les mettant en scène, Ali Chahrour n’a pas cherché à atténuer le poids de la violence. Leurs gestes, leurs regards pointés vers le public, leurs danses exutoires, dénoncent le drame de ces vies volées. Mais les gestes, les regards, les danses, sont aussi empreints d’une grande douceur quand les mains se touchent, quand les bras s’enlacent, se tiennent, quand le regard de l’une plonge dans celui de l’autre. La force est visible.

Le chant et la musique accompagnent les trois femmes. Leurs compositeurs, Lynn Adib et Abed Kobeissy, sont également sur scène. Lynn Adib donne sa voix cristalline aux chants, se mêlant aux comédiennes. Cordes, voix, percussions apportent une note pacificatrice. Les paroles des chants, qui reprennent des registres libanais, syrien, enveloppent de poésie cette tragédie contemporaine.

 

WHEN I SAW THE SEA
Mise en scène et chorégraphie Ali Chahrour
Avec Tenei Ahmad, Zena Moussa, Rania Jamal
Musique composée et interprétée par Lynn Adib, Abed Kobeissy.

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