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Judith Depaule : « Quand la censure avance, la culture recule »

par Jacques Moulins
Judith Depaule, directrice de l'atelier des artistes en exil. © Étienne Michurin
Judith Depaule, directrice de l'atelier des artistes en exil. © Étienne Michurin
Hors-Champs Société Publié le 16/09/2025
Présente au salon Artorama à la Friche Belle-de-Mai de Marseille début septembre, Judih Depaule est directrice de l’Atelier des artistes en exil (aa-e). Elle est venue défendre, une fois de plus, les artistes réfugiés. Elle nous parle de la censure, de ses nouvelles formes, de son extension considérable dans le monde. Et de son association créée en 2017.

L’exil des artistes est-il en augmentation ?

Malheureusement oui. Nous recevons des demandes de plus en plus nombreuses. Les artistes sont une des populations les plus touchées, avec les journalistes et les défenseurs des droits humains. Selon la recommandation de l’UNESCO, ils doivent être protégés et mis à l’abri par tous les pays membres. L’exil touche tout le monde, car les conflits se généralisent, les extrêmes montent, la radicalisation est de plus en plus claire. Nous nous occupons de discriminations de tous ordres. Nous sommes dans un moment où la différence est très menacée et il est difficile de se revendiquer comme une communauté marginale dans trop d’endroits du monde. C’est le cas par exemple pour la communauté LGBT, vraiment discriminée dans de plus en plus de pays. Quand la censure revient un peu partout, nous avons besoin des artistes, qu’ils continuent à s’exprimer. De leurs visions dans un monde en crise car les artistes ont souvent une vision très lucide des réalités. Et puis dans un pays très menacé, quand on parle de génocide c’est une culture entière qui meurt. Quand la censure avance, la culture recule.

 

Y a-t-il de nouvelles formes de censure ?

Oui. On peut enclencher une discrimination en trois clics sur Internet. Des personnes ne vérifient pas du tout d’où vient l’information, notamment dans les jeunes générations. Des artistes disent qu’on est entré dans une nouvelle ère qui correspond à l’espace numérique et digital. Une censure O.3 en quelque sorte. Les réseaux sociaux peuvent propager des rumeurs, des fake news qui deviennent virales et déclenchent plus qu’un harcèlement, un véritable tsunami numérique. Il est devenu très difficile aujourd’hui d’échapper à ce nouvel espace.

 

Comment est née votre association ?

En réaction à la crise migratoire en 2017. Nous nous sommes rendus compte qu’elle touchait nombre d’artistes qui avaient besoin de se restructurer. L’idée est de les accompagner dans tous leurs besoins, juridique, social, linguistique, professionnel. Depuis cette année, nous avons enfin un lieu fixe et durable, 106 rue Brancion. C’est un lieu de liberté pour la création qui s’ajoute à celui du 24 rue Crémone à Marseille. L’association vit grâce aux subventions publiques, aux dotations privées et à la vente de produits culturels. Comme nombre d’organisations culturelles, nous avons été victimes des coupes budgétaires assez alarmantes. Nous avons dû, cette année, nous séparer d’une partie de l’équipe. Nous maintiendrons néanmoins, en 2026, Visions d’exil. Ce sera la 8ème édition de notre festival dédié aux artistes en exil. Nous restons en recherche de financement, les aides de chacun restent bienvenues.

 

Atelier des artistes en exil (aa-e) 106, rue Brancion, 75014 Paris. Faire un don.

 

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