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Avec Jon Fosse, les affres de la séparation font théâtre

par Véronique Giraud
Magnifique Dominique Reymond dans la pièce Et jamais nous ne serons séparés © Jean-Louis Fernandez
Magnifique Dominique Reymond dans la pièce Et jamais nous ne serons séparés © Jean-Louis Fernandez
Arts vivants Théâtre Publié le 29/09/2025
Le dramaturge norvégien Jon Fosse est à l'affiche du Théâtre de Gennevilliers avec sa pièce "Et jamais nous ne serons séparés". Une écriture qui donne voix au silence de la mort, de l'attente, à l'indicible et à la fragilité humaine.

La pièce Et jamais nous ne serons séparés (1994) est composée de quelques dizaines de phrases, soit répétées abondamment soit réorganisées. Les personnages sont dans une solitude telle qu’il n’y a pas de dialogues entre eux. On est aussi éloigné du théâtre « du réel » que du théâtre de texte. Adapter Jon Fosse interroge la représentation théâtrale tant son texte est nourri de l’absence, de la mort, de l’invisible.

Daniel Jeanneteau et Mammar Benranou se sont attelés à mettre en scène l’écriture expérimentale de l’écrivain et poète norvégien, Prix Nobel de littérature. Servi par l'intense incarnation de Dominique Reymond dans le rapport à l’invisible, le spectacle, énigmatique de bout en bout, éloigne otensiblement le spectateur du reconnaissable. Quand l’homme que la femme attend apparaît, ils ne se voient pas. Elle reste longtemps seule sur scène, à se parler à elle-même, se moquant d’elle, se plaignant un peu, interrogeant le manque et l’absence de l’homme aimé. Est-il mort ? Est-il parti ? A-t-il rencontré une autre femme ? Est-il revenu ? Est-ce lui qu’elle ne voit pas ?

 

Une adresse à l'absent. Le deuil et l’attente sont les personnages principaux de cette pièce. Tous deux endossés avec élégance par une actrice qui s’approprie une langue rare et pénétrante associant la mort au vivant. Les phrases, courtes et d’une grande simplicité, disent son état d’âme et s'adressent à l'absent. Cette expérience théâtrale éprouve le spectateur en quête de sens. Se laisser emporter vers un monde qu’on ne peut voir, vers une parole venue du silence, n’est pas donné à tout le monde.

D’abord romancier, essayiste, poète, traduit dans de nombreuses langues, Jon Fosse est devenu dramaturge par nécessité. Et jamais nous ne serons séparés est sa deuxième pièce, la première, Quelqu’un va venir, fut créée en 1999 par Claude Régy, premier à faire connaître son auteur en France. Jacques Lasalle, puis Patrice Chéreau, ont monté plusieurs de ses pièces. L'attribution du Nobel en 2023 a suscité un regain d'intérêt des metteurs en scène. Une vague de ses créations est en cours actuellement, au Théâtre de Gennevilliers, mais aussi à la Comédie-Française où le dramaturge est monté pour la première fois. Sa pièce Violet est programmée en février 2026 à La Cartoucherie de Vincennes.

 

Et jamais nous ne serons séparés, texte de Jon Fosse. Mise en scène et scénographie Daniel Jeanneteau et Mammar Benranou. Avec Solène Arbel, Yann Boudaud, Dominique Reymond. Au T2G – Théâtre de Gennevilliers, du 18 septembre au 13 octobre 2025.

En tournée :

Les 18 et 19 novembre, Le Quai CDN, Angers

Les 16 et 17 décembre, La Comédie de Valence, centre dramatique national Drôme-Ardèche

Du 11 au 13 mars 2026, Bonlieu Scène Nationale, Annecy

Les 18 et 19 mars, Le Méta Centre Dramatique National, Poitiers Nouvelle-Aquitaine

Du 8 au 10 avril, Théâtre des 13 vents, Centre Dramatique National, Montpellier

Du 28 au 30 mars, Comédie de Reims, centre dramatique national

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