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Mot de passe oublié ?Masquée et perruquée, une chirurgienne assise à son bureau rappelle avec dédain l’épouvantable méconnaissance que nous avons de l’intérieur de notre corps, de nos organes qu’elle-même chérit et dont elle admire les fonctions. Préoccupés par notre apparence, affairés à recouvrir ce corps, aurions-nous perdu le lien avec lui, avec ce qui le fait fonctionner, avec qui nous rend vivants ? Essentiel à notre existence, le cœur sera ensuite le héros d’une histoire que Mathilde Courcol-Rozès raconte et met en scène. Celui porté par Marie est anormalement gros, elle souffre de cardiomyopathie hypertrophique héréditaire entraînant une insuffisance cardiaque. Calée dans le fauteuil de son salon, son petit chien près d’elle, elle fait face à son téléviseur. De l’autre côté de la porte, son fils adolescent, qu’elle élève seule, l’évite et lui oppose un mutisme obstiné. Condamnée à se faire soigner, Marie est soumise à l’arrogance de la chirurgienne, au discours désobligeant, blessant, quand il fait allusion à son surpoids. Les reproches fusent, Marie est médusée. Mais quand la chirurgienne propose à sa patiente de transplanter un cœur de truie, elle exulte. Pour Marie c’est l’incompréhension devant cette proposition si étrange, puis chemine une intense interrogation sur son corps, sur ce qu’est un corps.
Conte musical et masqué. Avec des procédés visuels percutants, une chorégraphie musicale des personnels soignants désopilante, des masques qui confèrent au visage de chacun des cinq comédiens une expression singulière et outrancière, Mathilde Courcol-Rozès met le spectateur en confiance, le fait rire et sourire de sujets graves, la maladie, le rapport au corps et à la vie, la violence du milieu médical, la grossophobie. Et le fait assister à une xéno-transplantation en première mondiale ! L’artiste invente ainsi un conte musical et masqué où la caricature, le burlesque, le fantastique, mettent en jeu un récit d’une grande noirceur, à la fois dénonciateur et d’une grande élégance esthétique.
Marie Cœur-de-truie, Cie Pire Encore
Texte et mise en scène : Mathilde Courcol-Rozès, Avec Louise Héritier, Rémi Fransot, Siloë Saint-Pierre, Lili Thomas et Victoire Vidil
Masques : Laïs Argis et Mathilde Courcol-Rozès
Le texte de la pièce est lauréat de la bourse d’aide à l’écriture Beaumarchais - SACD 2023. Soutenue par l’Adami, la pièce est lauréate de la Bourse Première Fois Théâtre.
Du 4 au 15 novembre 2025
Nouveau Théâtre de l’Atalante, Paris
Du mardi au samedi à 19h
Au pied du Sacré-Cœur, le Nouveau Théâtre de l'Atalante est dirigé depuis 2022 par Bruno Boulzaquet. L’objectif du lieu est d’accompagner et de diffuser la jeune création. Sa saison débute avec le spectacle "Marie Cœur-de-truie" de Mathilde Courcol-Rozès, après l’accueil en résidence de création de la compagnie.
Créée en 2021 à Saint-Denis, la compagnie Pire encore vogue vers un théâtre sombre et joyeux, grotesque, étrange ou encore pire. Elle s’attache à partir de faits divers pour ensuite déployer des fictions délirantes, poétiques et souvent dégoûtantes, qui expriment quelque chose de notre humanité dans sa grandeur et sa petitesse. Avec un même soin porté au texte qu’aux images, son travail est notamment inspiré des arts du clown et du masque.