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Karine Chapert :  » Le Sorano est le théâtre qui accueille le plus de jeunes « 

par Véronique Giraud
Karine Chapert © Franck Alix
Karine Chapert © Franck Alix
Arts vivants Théâtre Publié le 17/11/2025
Karine Chapert est devenue en janvier 2025 la directrice du théâtre Sorano à Toulouse après avoir collaboré plusieurs années avec son prédécesseur. Elle revient sur le projet de cette scène conventionnée Jeune création.  

Que représente cette scène dans la ville de Toulouse ?

C’est un théâtre historique. Avant d'être un théâtre de la ville, il fut le premier centre dramatique de Toulouse. Le bâtiment, un ancien amphithéâtre de la fac de médecine, a été transformé en théâtre en 1964 pour abriter le centre dramatique. En 1997 il est revenu dans le giron de la ville, alors qu'un nouveau bâtiment était construit pour abriter Le CDN, théâtre de la cité.

 

Le théâtre Sorano est donc resté dans son lieu historique…

Effectivement, c'est une vieille maison qui a besoin de beaucoup d'attentions. L’équipe y travaille, et c'est un théâtre. Quand elles viennent jouer, beaucoup de compagnies nous disent qu'il est très chargé de son histoire, et a beaucoup de caractère,

Il a aussi beaucoup de contraintes, notamment le plateau par rapport à des salles plus récentes. Il est en hauteur, en forme de haricot et pose quand même, sur les écritures contemporaines, un certain nombre de problématiques à régler pour les compagnies qui viennent jouer, mais il est très apprécié pour son caractère. La jauge est de 430 places, avec parterre et balcon.

 

Quel public vient aujourd'hui au Sorano ?

C'est un théâtre qui a connu des projets très différents. Mon prédécesseur, Sébastien Bourna, a lancé en 2017 le projet dédié à la jeune création et à l'émergence, qui a énormément rajeuni le public. Aujourd'hui nous sommes le théâtre à Toulouse qui accueille le plus de jeunes gens, des étudiants, des lycéens, qui viennent voir des jeunes compagnies, voir des gens de leur âge créer des spectacles de théâtre.

 

La programmation donc, et peut-être une politique de billetterie incitative ?

Effectivement, on défend tous et toutes ici nos missions. On est très attachés à la question du service public de la culture, dans ce lieu qui en est un des symboles. Notre politique tarifaire est extrêmement incitative pour que des étudiants, des jeunes gens, puissent venir découvrir tout ce qui se passe en jeune création aujourd'hui, à la fois en Occitanie et sur tout le territoire.

 

Comment le lieu est-il subventionné ?

Le Sorano est une scène conventionnée avec une mention jeune création. Quatre collectivités abondent au budget. La subvention de la mairie est majoritaire, elle représente un peu plus de 80 %. C’est clairement le théâtre de la ville. Ensuite la DRAC entre dans le budget, la Région, et le Département sur des actions de médiation autour de la jeune création. La gestion est très saine, mais on a subi des coupes. De l’ordre de 10 % de la ville de Toulouse et de 5 % de la région Occitanie.

 

Ces coupes ont eu quelles conséquences pour le Sorano ?

Ça a eu des conséquences de grande politique d'austérité ces dernières années avec les coupes précédentes sous la direction de mon prédécesseur. Mais sur la saison qui vient on a quand même pu déployer le projet tel qu'on l’a pensé. Je suis dans un dialogue très étroit avec les collectivités. Je ne pouvais pas arriver ou prétendre à un poste de direction en étant soit accablée, soit en criant au loup tout le temps. C'est l'argent des contribuables. Je ne peux pas me contenter de leur donner un bilan moral à la fin d'une année, donc depuis le début de ma direction, on dialogue pour pouvoir faire au mieux. J'entends les contraintes budgétaires des collectivités.

L’idée était de pouvoir déployer sur une première saison le projet tel que je leur ai proposé, pour lequel ils m’ont engagée. En tout cas sur ce projet de faire un effort quitte à présenter un déficit à la fin de de l'année 2026.

 

Ce projet justement, pouvez-vous nous en parler ?

Il s'inscrit dans ce qui a été porté par mon prédécesseur, une attention très forte autour de la jeune création. Je tenais à ce que cette couleur soit conservée parce que, avec le départ de Sébastien Bournac, l'appellation de scène conventionnée tombait. Les appellations sont liées à une direction artistique, non à un établissement. Donc ma prise de direction avait en creux la demande de reconduction de scène conventionnée, ce sera fait au 1er janvier 2026.

La jeune création était jusqu'à présent très développée sur Supernova, un festival créé par Sébastien Bournac en 2016. J’ai échangé avec la DRAC pour que la jeune création se développe aussi à l'échelle d'une saison. J’y ai travaillé très fortement sur cette première saison, pour avoir des jeunes artistes qui ne sont pas forcément passés par Supernova, qui ont déjà une reconnaissance au niveau national mais sont encore de jeunes compagnies de création non conventionnées. Donc l’accompagnement du Serano au cours de la saison se situe à leur deuxième projet.

 

Comment se décide la programmation ?

À la différence de mon prédécesseur je ne suis pas artiste, et je voulais que ce projet soit très fortement infusé par des complicités artistiques. Donc il y a quatre compagnies complices du projet sur les quatre ans qui m'ont été donnés pour le porter. Deux compagnies d'Occitanie, le groupe Scalpel, avec la porteuse de projet Romane Nicolas, et le Club Dramatique. On va les accompagner au niveau national, on va essayer de les soutenir le plus possible en coproduction, en leur donnant de la visibilité, de la diffusion, en les accueillant en résidence, en les inscrivant dans des réseaux. Puis on a deux parrain et marraine qui n'ont pas attendu le Sorano pour émerger, mais qui ont une histoire très forte avec notre maison : d'une part Rebecca Chaillon et sa compagnie Dans le ventre, d'autre part Hugues Duchêne, compagnie du Royal Velours. Lui est situé en Hauts de France et a été conventionné il y a un an à peu près.

Tous les quatre accompagnent le projet. Au-delà de notre accompagnement, ils vont pouvoir entrer dans le projet avec nos équipes de médiation, avec des constellations d'artistes que nous ne connaissons pas forcément et sur lesquels ils peuvent attirer notre attention. C'est à la fois les faire participer et qu’ils portent aussi la voix du Sorano en tant qu'artistes.

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