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Mot de passe oublié ?PriMed met en avant des documentaires dont il propose au public marseillais des projections gratuites, libres d’accès, suivies d’un échange avec l’équipe du film. Pour sa 29ème édition, le festival avait pour thème le conflit israélo-palestinien. À cette occasion, le film Green Line de Sylvie Ballyot était projeté en présence de la productrice Céline Loiseau.
La genèse du documentaire se situe dans le conflit israélo-libanais que la co-scénariste Fida Bizri a connu en grandissant à Beyrouth. Les événements récents du conflit israélo-palestinien ont fait remonter des souvenirs enfouis en elle. Pour en parler, elle a choisi, avec Sylvie Ballyot, de concevoir un film en s'aidant d’une maquette de Beyrouth, de figurines de soldats et de cadavres, et d’une figurine de Fida enfant. La réalisatrice entreprend alors d'aller à la rencontre d’anciens soldats et autres miliciens de cette guerre pour leur demander leurs perspectives, et partager avec eux son propre point de vue d’enfant.
Des témoignages brut. Au début du projet, les coscénaristes pensaient que personne ne voudrait parler de leur implication dans la guerre, mais les producteurs les ont convaincues de persister, et elles furent étonnées de rencontrer plusieurs miliciens prêts à partager leur expérience. La maquette et les figurines ont apporté à la fois une vision d’ensemble et une possibilité pour les participants de voir les choses sous un autre angle. De plus, les entretiens de Frida Bizri, qu’elle parvient à mener sans jugement mais sans perdre de vue ni ses questionnements ni son expérience personnelle et ses opinions, ont permis aux miliciens de s’ouvrir, créant un documentaire riche et novateur.
La question de la responsabilité individuelle. Le point fort de Green Line, c’est d’apporter les témoignages d’individus de chaque idéologie du conflit. Chrétiens, musulmans, socialistes ou autres, tous s’expriment pleinement. Frida Bizri témoigne, tout au long du documentaire, d'une grande maîtrise à les ramener au sujet dès qu’ils s’en éloignent. Si beaucoup tentent de tout expliquer du point de vue politique, elle est parvenue à leur parler de quelque chose de plus concret, le conflit individuel, leur rappelant qu’il ne s’agit pas seulement d’une guerre d’idéaux, mais de personnes qui ont vécu ce conflit, qu’elles participent ou non au combat. Le film pose alors la question de la responsabilité individuelle, car si beaucoup aimeraient oublier et passer à autre chose, ce n’est pas si simple, surtout pour ceux qui ont été marqués par le conflit malgré eux.
Une question de dosage. Green Line parvient à trouver un équilibre parfait pour les spectateurs. Les témoignages sont mêlés à des images d’archives qui peuvent brusquer mais permettent de ramener dans le réel. Elles contrastent avec les souvenirs d’une petite fille racontée en slow-motions, qui adoucissent mais risqueraient de déréaliser les événements. Ces instants d’innocence permettent d’ajouter une certaine légèreté enfantine au documentaire, tout en rappelant au spectateur que cette enfant était témoin d’événements brutaux qu’elle ne pouvait pas tout à fait comprendre. « Dans les souvenirs d’enfance, au bout d’un moment on ne sait plus ce qui est vrai ou pas », témoignait Céline Loiseau à PriMed. Lorsque le film a été projeté au Liban, les plus jeunes, qui n’ont pas connu le conflit, se sont montrés reconnaissants de pouvoir en apprendre plus sur cette guerre que peu de personnes arrivent à aborder. Aujourd’hui, ceux qui ont vécu la guerre n'en parlent pas, ou peu. C’était le cas de Frida Bizri avant que Sylvie Ballyot lui propose ce projet afin de l’aider à affronter et comprendre ses traumas.
Green Line sortira en salles le 4 février 2026, et est présentement disponible sur la plateforme Arte.tv.