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Mot de passe oublié ?Holding Liat suit la famille de Liat Atzili, après que son mari Aviv et elle se sont faits enlevés par le Hamas le 7 octobre. Des 250 otages, 12 étaient des citoyens américains, dont Liat Atzili. Sa famille a demandé au gouvernement américain d’intervenir. Le réalisateur Brandon Kramer a pu suivre le retour de Liat. Elle a pu retrouver sa famille, mais son mari Aviv a été assassiné par le Hamas. Ce documentaire montre un drame familial causé par des événements politiques et un conflit datant de 8 décennies. Le festival marseillais PriMed accueillait une projection gratuite du film pour sa 29ème édition.
Un drame familial et politique. Liat Atzili est enseignante, et son mari Aviv était artiste. Ils vivaient à la frontière de Gaza avec leurs 3 enfants lorsque, le 7 octobre 2023, ils ont été enlevés par le Hamas. Brandon Kramer suit alors Yehuda et Chaya, les parents de Liat, qui veulent assurer le retour de leur enfant. Étant israélo-américains, ils contactent le gouvernement des États-Unis pour gérer les négociations. Ils se rendent alors compte que les politiques souhaitent utiliser l’enlèvement de leur fille pour servir leur propagande anti-palestiniens. Yehuda raconte que sa famille a originellement migré en Israël avec l’espoir d’une cohabitation avec les Palestiniens, qui n’a jamais eue lieu. Il souhaite alors des négociations paisibles, car il ressent une sincère compassion et sympathie envers la douleur historique des Palestiniens. « Ce sont des événements sur lesquels nous n’avons aucun contrôle, et nous sommes menés par des gens fous, que ce soit du côté des Israéliens ou des Palestiniens » dit-il.
Des opinions conflictuelles. Yehuda prend très à cœur ses opinions politiques, et le documentaire le suit se battant pour les exprimer face à des gens endoctrinés par la haine ou par les récits qu’on leur conte depuis toujours. C’est notamment le cas de son petit-fils, Netta, fils de Liat, qui déclare sans aucun scrupule « Qu’ils aillent se faire foutre, ils doivent mourir. » Après avoir vu ses parents se faire enlever et avoir réussi à échapper au Hamas, il ne conçoit aucune paix. Holding Liat montre combien peu de civils israéliens entendent le point de vue des Palestiniens, alors que leur gouvernement les conditionne à haïr l’autre camp et que leurs proches souffrent des attaques du Hamas. Netta ne parvient pas à distinguer les attaques de ce parti terroriste du peuple palestinien qui souffre chaque jour des attaques de l’IDF, et ne voit que sa propre colère. Son grand-père et sa mère, une fois libérée, tentent de le raisonner mais la propagande constante le conforte dans ses pensées.
Des points de vue opposés. Kramer filme les trois points de vue principaux des civils israéliens : ceux qui nourrissent une haine profonde pour les Palestiniens, représentés par Netta, ceux qui comprennent la souffrance des Palestiniens, dans la voix de Yehuda, et ceux qui ne souhaitent pas se prononcer, préférant prêter attention à leur situation personnelle présente, comme la sœur de Liat, qui demande à son père de ne plus discuter de politique. « Concentrons-nous juste sur où sont Liat et Aviv, ce voyage n’a pas besoin de tourner autour de ce qu’il se passe entre l’Israël et la Palestine, » dit-elle, à quoi son père répond « ça va être difficile, mais on se doit de faire ces deux choses. » Yehuda veut absolument récupérer sa fille, mais il a également conscience des implications politiques et de combien la réponse du gouvernement israélien aux attaques du 7 octobre va influencer l’avenir du conflit. Il y voit alors une opportunité de ne pas renouveler les erreurs passées, et remarque « Le premier ministre essaie d’éviter sa part de responsabilité dans ce qu’il s’est passé, et on ne peut pas le laisser s’en sortir comme ça ». Il exprime franchement sa colère face aux politiques israéliens.
Une volonté de paix. En rendez-vous avec des responsables gouvernementaux américains, Yehuda affirme : « Une réconciliation avec les Palestiniens est probablement la chose la plus importante, qui peut vraiment engendrer un changement positif sur le long-terme ». Sans pour autant croire à une solution miracle, le père sait que le mieux pour sa famille, à terme, serait des négociations pacifiques. Les autres proches d’otages refusent de penser si loin et estiment que le seul but devrait être de récupérer les otages, par tous les moyens. Le documentaire met alors en avant combien les Israéliens qui pensent comme Yehuda sont rares, et combien la plupart préfère tenir le peuple palestinien responsable de tous leurs soucis. « En Israël, il faut qu’on fasse partir les ordres religieux du gouvernement » assure Yehuda, recevant pour seule réponse que l’unique problème est les otages. Son frère, Joel Beinin, professeur en Histoire du Moyen-Orient, a quitté Israël en désaccord avec la politique du pays. Ses prises de position sont claires : prendre en compte le génocide palestinien ne décrédibilise en rien les souffrances passées des juifs et ne signifie pas une haine envers les Israéliens. Ce que fait Israël dans la bande de Gaza ne fait que créer plus de conflit et aide le Hamas à endoctriner de nouveaux membres.
Une cohabitation idyllique. Une fois libérée, et malgré ses traumas et le deuil de son mari, Liat se montre forte et continue d’exprimer ses idées. Elle confie avoir eu la « chance », par rapport à d’autres otages, d’être dans une famille palestinienne dont le seul but était de prendre soin d’elle le temps des négociations. Elle raconte également, lors d’une émission radio dont un extrait est montré dans Holding Liat, avoir beaucoup échangé avec cette famille. Tous se sont ainsi rendu compte qu’ils voyaient l’autre camp exactement de la même manière, les Palestiniens comme les Israéliens se demandant pourquoi les autres n’allaient pas s’installer ailleurs. Elle exprime alors combien une cohabitation est nécessaire, car il serait injuste de demander à qui que ce soit de quitter leur pays. Le massacre doit cesser.