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Mot de passe oublié ?Le nouveau spectacle musical de la compagnie Oh!Oui… recèle à la fois l’innocence et la cruauté des contes pour enfants. Partant de sa lecture d’un texte méconnu d’Andersen, Le Petit Tuk, Joachim Latarjet s’est aventuré dans l'histoire d’une enfant qui grandit trop vite parce que sa mère, obligée de travailler beaucoup et la nuit, lui confie de lourdes tâches, tâche maternelle envers sa petite sœur de quelques mois, tâche domestique de l’entretien de la maison. Cette réalité sourde, le musicien dramaturge l’a ressentie en observant l’attitude de petites filles, à l’occasion de ses résidences de trois années pour des théâtres, des villes, des écoles, de Sartrouville aux Ulis, de Lille à Noisy le Sec. Depuis, l’artiste a cherché comment parler d’elles.
Ainsi Le Petit Tuk est devenu La petite Tuk, un spectacle qui traverse cette sombre réalité, sans la nier, avec une grande délicatesse, et dans un univers musical bienveillant. Car la musique de Joachim Latarjet est dans l’ADN de la compagnie Oh ! Oui… qu’il a fondée avec Alexandra Fleischer. Les morceaux naissent pour amplifier le récit, souligner une émotion, comme une évidence. Le musicien conjugue au féminin la condition d’une enfance à laquelle incombe une responsabilité qui ne lui revient pas. Alternant guitare, trombone et électronique, il transforme les voix, et accompagne de sons délicats, susurrés, les scènes chantées et dansées par Tuk et sa mère. La musique enveloppe les mots scandés, un parlé-chanté qui se prête à une écoute en profondeur.
Le propos est servi par un dispositif simple et ingénieux. En fond de scène, un rideau lumineux, actionné par les acteurs, fait défiler des motifs conçus par la scénographe Lisa Navarro qui entretiennent le lien avec ce qui est joué et donne aux scènes successives une dimension lumineuse. La maison, la rue, le rêve… Devant, la puissance suggestive de quelques feuilles mortes que Tuk bouscule sur le chemin de l’école, d’un vélo qui trace une envolée onirique… Ils sont trois interprètes sur scène, à jouer, à chanter, à danser.
Le pouvoir du rêve. Les dialogues, clairs et légers, sont ponctués de courts monologues témoignant de la lucidité et de la souffrance de Tuk. Mais le récit est loin de se cantonner au sombre de la situation, la part du rêve est généreuse et elle devient moteur. Si le réel est d’emblée installé sur la scène par les échanges entre la mère et sa fille, il se dissout peu à peu par le pouvoir du rêve, et par les traversées de l’imaginaire. La petite Tuk, époustouflante Léa Sery, s’évade ainsi de sa condition. Seule la dimension du conte pouvait la sauver, conférant à l’enfant la sagesse et la résilience d’une mère, la force et l’autorité de l’adulte, et l’immense joie de s’embarquer tout entière dans des rêves capables de combler délicieusement le manque.
La petite Tuk. Théâtre musical / Dès 8 ans. Texte, musique et mise en scène Joachim Latarjet d’après Le petit Tuk de Hans Christian Andersen. Avec Alexandra Fleischer, Léa Sery et Joachim Latarjet. Créé le 4 novembre 2025 au Grand Bleu - Lille.
En tournée : Paris - La grande halle de La Villette du 11 au 14 décembre 2025, le samedi 13 à 11h et 16h et le dimanche 14 à 11h. Oullins - Théâtre de la Renaissance du 20 au 23 janvier 2026. Noisy-le-Sec - Théâtre des Bergeries du 12 au 14 mars. Les Ulis - Espace culturel Boris Vian le 17 mars 2026 à 19h30. Pays Basque - Kultura du 26 mai au 1 juin.