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Mot de passe oublié ?Quand vous avez débuté votre vie d’artiste, l’époque était à l’art conceptuel ?
Tout à fait. J’ai commencé à peindre dans les années 70 parce que j’avais envie de voir des choses que je ne voyais pas. On crée toujours quelque chose parce qu’on ne le voit pas ailleurs, sinon ce n’est pas utile.
Vous avez l’image d’un artiste populaire, simple, accessible, votre art est-il bien compris ?
Je pense que beaucoup de gens se sont trompés en analysant mon travail, je ne l’ai peut-être pas montré de la bonne manière aussi. Fin 70, début 80, c’était le rejet total de l’appareil critique. Je ne me suis pas arrogé les services de critiques d’art, d’historiens, ce fut peut-être une erreur. On pensait que j’avais à voir avec le pop art, avec la figuration narrative, alors que j’ai beaucoup plus à voir avec l’art brut et l’art conceptuel. Pour que les professionnels de l’art l’entendent, cela a pris des années. C’est vrai que toutes ces cultures populaires, périphériques ont nourri mon travail dès la fin des années 70, un mélange entre Pépito et Jérôme Bosch. A la fin des années 80, je me suis posé cette question d’autres cultures, d’autres territoires, d’ailleurs. Les arts populaires qui me touchaient étaient principalement européens, avec la bande dessinée, et américains, avec le Rock’Roll, le comics, etc.
Comment avez-vous avancé dans le monde de l’art ?
Je me suis toujours senti un peu marginal. Je n’ai pas à me plaindre, je vis très bien de mon travail, j’expose partout, bien que peu présent dans les institutions françaises. J’ai créé une galerie à Paris dans les années 90 qui s’appelait la galerie des arts modestes, j’y ai organisé entre 1990 et 1994 plusieurs expositions, d’André Robillard, de Willem Van Genk, des grands noms de l’art brut, autour du dessin de presse aussi. Une sorte de mini préfiguration de ce que nous allions faire six ans plus tard à Sète. Mais j’ai toujours tenu à l’écart mon travail de réflexion, le MIAM, de mon travail en atelier. Vous ne verrez jamais mon travail au MIAM, pour moi le MIAM est l’œuvre en soi.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Je continue mon tour du monde, j’habite à Lisbonne depuis un an et demi. A la fin des années 80, en m’intéressant à d’autres territoires, j’ai pris l’alibi des techniques : la nacre au Vietnam, la sculpture sur bois au Cameroun, le bronze, la cire perdue… Lisbonne est la vingtième étape. J’y travaille la céramique avec les spécialistes des azulejos de l’atelier Viuva Mamego pour encore un an ou deux. Je présenterai cette vingtième étape à la galerie Louis Carré à Paris, comme j’y avais présenté en 2013 mes travaux de Séville.
J’ai un grand projet en octobre 2016 à la Maison Rouge. Pour la première fois, je vais faire rencontrer mon travail pictural avec tout ce qu’on a fait au MIAM et l’art modeste. Je n’étais peut-être pas sûr de moi auparavant pour mélanger mon travail et cette réflexion que je fais avec d’autres, les questions sur l’art, ses limites, etc. Aujourd’hui je sens que les choses vont se rencontrer pour la première fois.