espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Événement > FACTS, un festival né de la relation entre arts et sciences

FACTS, un festival né de la relation entre arts et sciences

par Véronique Giraud
"Sérendipité", une installation vidéo d'Olivier Crouzel © Olivier Crouzel
L'œuvre d'Amandine Chanot
L'œuvre d'Amandine Chanot "No brain no pain" s'inscrit dans la thématique "Emotions et cerveau" du festival © Amandine Chenot
Avec sa pièce
Avec sa pièce "Pale Blue Dot", Andrea Brunelli s'inspire des recherches de L'ISTEA et du label COTE pour interroger le changement climatique. © Daria Akimenko
Le spectacle
Le spectacle "L'arbre intégral", qui rassemble recherche, danse et poésie contemporaine, renouvelle l'art scénique.DR
"Cerveau" est l'une des œuvres de "Reflet synaptique", opus que Laurent Chiffoleau présente à la galerie Laboratoire BX. © Chiffoleau
"Le chant du filament", œuvre lumineuse de Nicolas Villenave, investit la Chapelle du Crous. © Nicolas Villenave
Hors-Champs Croisement Publié le 24/11/2015
Porter la science sur scène, en lumière, en musique, en créations diverses, c'est tout l'enjeu du festival FACTS de l'université de Bordeaux dont la première édition irrigue la ville et sa métropole du 17 au 29 novembre.

Belle la science ? Poétique ? Ce n’est sans doute pas sa représentation la plus commune. Il n’en est pas moins vrai qu’elle inspire depuis toujours la fiction. La science-fiction, genre littéraire à part, démontre bien qu’elle nourrit l’imaginaire le plus débridé en mixant les découvertes les plus vertigineuses aux espoirs les plus fous ou aux craintes les moins rationnelles. Partant de là, en ce XXIe siècle très médiatique, dont les chercheurs sont très occupés par la compétition, économique comme scientifique, et n’ont que peu de temps pour sortir de leurs laboratoires, la science reste une part d’ombre fascinante pour l’homme. Alors l’idée de faire sortir dans la ville les sciences et techniques qui font le quotidien de l’université de Bordeaux est à saluer. D’autant plus quand ce sont les artistes qui sont sollicités pour faire ce lien. Et ils sont quelques-uns à réinterroger la science ou à puiser dans ses découvertes pour réinventer leur art.

La genèse d'un festival. Lorsque l'économiste Vanessa Oultra a accepté la mission de la culture pour l’université de Bordeaux, c’est à eux qu’elle a pensé. Elle avait l’idée de « travailler autour de la relation arts et sciences, permettre la rencontre entre artistes et chercheurs de cette université, expérimenter de nouvelles formes de valorisation de la recherche tout comme de nouvelles façons de partager la science avec un public large et par une entrée artistique ». En rien guidée toutefois par la vulgarisation scientifique. Maître de conférence en économie, Vanessa Oltra est depuis toujours passionnée de littérature et de théâtre, qu’elle pratique en tant qu’auteur et comédienne. Au dernier Fringe d’Edinburgh, elle a monté et joué la pièce qu’elle a écrite autour du philosophe et économiste britannique Adam Smith. Et découvert à cette occasion les nombreux spectacles Art et Sciences programmés par cet immense festival d’art vivant. « Lorsqu’on m’a proposé de prendre la mission de la culture pour l’université de Bordeaux, j’étais dans cette recherche, j’avais envie d’utiliser le spectacle vivant pour parler autrement de questions liées à la connaissance et m’adresser à d’autres personnes qu’aux économistes », explique-t-elle.

Les résidences art et sciences dans le campus universitaire de Bordeaux ont construit le festival. L'appel à projet lancé en février, soutenu par l’idEX (initiative d’excellence de l’Université de Bordeaux), a reçu de nombreuses réponses d’artistes. Douze projets ont été retenus. Plasticiens, performers, danseurs, musiciens ont eu accès aux laboratoires pour des résidences aux formats très divers. L’artiste plasticienne Rustha Luna Pozzi-Escot a, par exemple, passé un jour par semaine pendant six mois avec des chercheurs de l'Institut de sciences moléculaires, afin de faire évoluer ses propres recherches en matière de sculpture sur résine luminescente. Ses œuvres photoluminescentes font l'objet de l'exposition performance Beat Glow. L’auteur, acteur, metteur en scène et physicien italien Andrea Brunello est lui venu deux fois pendant deux semaines pour interroger des chercheurs sur la question du changement climatique. Cette question sous-tend sa pièce Pale Blue Dot, présentée au Carré-Les Colonnes de Saint Médard en Jalles, les 24, 25 et 26 novembre.

Pièces de théâtre, exposition, concerts, au programme du festival sont le résultat des résidences de ces six derniers mois. « Les projets sont très variés, c’est ce que nous voulions. Certains très technologiques où l’artiste va chercher des compétences, scientifiques ou technologiques. D’autres plus médiation, nourris de discussions et d’échanges de connaissances. Le festival a été créé pour être un moment de rencontre et de partage avec le public, pour communiquer différemment sur la science. Ce qui est important également c’est que l’université sorte de ses murs et travaille avec son territoire ».

Le festival a su trouver des partenaires, FACTS est accueilli dans une dizaine de lieux, musées, galeries, théâtre, opéra, médiathèque…  Même la Chapelle du Crous, habituellement fermée au public, ouvre en soirée, de 17h à 21h30, pendant toute la durée du festival, afin que le public découvre Le chant du filament, une installation lumineuse que l’artiste Nicolas Villenave a développée avec l’aide de chercheurs en informatique du LaBRI.

Gaël Domanger, qui pilote le laboratoire chorégraphique du Malandain Ballet de Biarritz, deux ingénieurs des centre de recherche INRIA et ESTIA, et le poète Donatien Garnier ont collaboré à une sorte de danse poème numérique, L’arbre intégral. Le spectacle, qui expérimente la gestuelle d’un danseur qui interagit avec un décor en réalité augmentée, est créé au Cuvier CDC d’Aquitaine le 25 novembre (une séance unique, complète dès le mois d’octobre).

La galerie Laboratoire BX, ouverte tout récemment à Bordeaux, accueille du 20 au 29 novembre Reflet synaptique, une installation qui croise art numérique et neurosciences : « l’artiste Laurent Chiffoleau s’est emparé de l’imagerie photonique du cerveau, des neurones, des synapses, et la transformée. Pour moi, c’est très fort de lui donner l’autorisation de transformer/détourner une image qui a une perfection esthétique et scientifique. Le scientifique a donné une image, l’artiste en a fait ce qu’il voulait », commente Vanessa, qui  rappelle ainsi fort à propos que l’homme est libre et peut à tout moment transformer ce que la technologie a engendré.

Le festival prendra la forme d’une biennale, afin que les résidences puissent s’étendre dans la durée. Pour certaines créations, deux années de rencontres et de développement sont nécessaires. « Ce qui est difficile, c’est la disponibilité du chercheur. La recherche est devenu un monde très compétitif, les chercheurs sont très pris par de gros projets. Deux ans sont nécessaires pour à chaque fois renouveler ce qui est présenté », souligne la directrice du festival.

 

Festival arts et sciences FACTS - Du 17 au 29 novembre - Bordeaux et sa métropole - Les artistes : Andrea Brunello / Bug Solonium / Donatien Garnier / Laurent Chiffoleau / Nicolas Villenave / Olivier Crouzel / Renaud Cojo / Renaud Rubiano / Rustha Luna Pozzi- Escot / Véronique Lamare...

Partager sur
à lire aussi

Arts et sciences, les rencontres du XXIe siècle Quand les sciences s'exposent
Fermer