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Mot de passe oublié ?Ce qui aurait dû être dans la continuité des choses devient un geste en suspens. Lorsque l’architecte franco-britannique Andrew Todd a entrepris de construire un théâtre élisabéthain sur le sol français, s’inspirant du fameux théâtre du Globe à Londres, il pensait avant tout célébrer les 400 ans de la mort de Shakespeare que les Français aiment et étudient autant sinon plus que leur Molière. Et vouloir construire un théâtre dans le parc domanial du château d’Hardelot se justifiait pour deux belles raisons : d’une part parce que le château d’Hardelot est devenu en 2009 un centre culturel de l’entente cordiale franco-britannique, où pavoisent les drapeaux des deux nations, d’autre part parce que de nombreux documents laissent à penser que Shakespeare a séjourné dans cette région du Nord Pas de Calais. (En 2014, on a d’ailleurs retrouvé dans la bibliothèque de Saint-Omer l’un des manuscrits de XXX).
Mais ça c’était avant. Avant l’onde de choc du Brexit… dont le résultat officiel a été divulgué le jour même de l’inauguration du théâtre élisabéthain. Perfide ironie de l’histoire. La destinée du théâtre est cependant lancée. Elle a débuté par trois journées gratuites d’inauguration, les 24, 25 et 26 juin. Elle se poursuit avec la 7ème édition du Midsummer Festival qui célèbre la collaboration entre artistes français et britanniques. Du 30 juin au 16 juillet, le festival diffuse des concerts baroques au château, parmi lesquels l’opéra fantasque The fairy queen d’après Shakespeare et Purcell, tandis que le jeune public se retrouvera en extérieur autour du théâtre élisabéthain pour assister aux nouveaux « micro Shakespeare ».
Une architecture du XXIe siècle. Ce qui restera pour des décennies c’est une architecture magnifique et humble. Car s’il s’agit du 17eme théâtre du genre dans le monde, la conception d’Andrew Todd est sans doute la plus innovante, la moins gourmande en énergie et c’est la première à intégrer une fosse d’orchestre qui autorise des pièces musicales et lyriques. L’élégance de son enveloppe en bambous de 12 mètres de haut, la ventilation naturelle, la modularité du parterre, la lumière naturelle contrôlée par une verrière qui ferme le théâtre contrairement aux théâtres élisabéthains traditionnels qui sont à ciel ouvert. Le reste est conforme aux particularités du théâtre élisabéthain : une structure parfaitement ronde symbolisant l’univers, un décor minimalisme, des dimensions correspondant à peu près à celles du Rose theatre où Shakespeare débuta à Londres.
Midsummer Festival, du 30 juin au 16 juillet, Château d’Hardelot, Centre culturel de l’Entente Cordiale, 1 rue de la Source, 62360 Condette. Tel : 03 21 21 47 30