Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous
Mot de passe oublié ?Magique, le festival de Montpellier Radio-France l’est et tient à le rester. Se produisant de lieu en lieu dans le centre historique intégralement piétonnisé de Montpellier, de l’Opéra Berlioz à l’Opéra Comédie en traversant la promenade arborée et bordée de musées de l’Esplanade, du splendide Domaine d’O, un château XVIIe avec son vaste parc où ont été construits pas moins de deux théâtres couverts et un large amphithéâtre, à une vingtaine de villes environnantes qui accueillent également des concerts, le festival étant prioritairement subventionné par la Région, devenue cette année Occitanie.
Une journée de festivalier. Festif et magique dès l’ouverture, le 11 juillet. Différentes séquences rythment quotidiennement le festival, et ce dès15h. Avec les « Rencontres de Berlioz », suite de conférences passionnantes sur la musique et l’art lyrique données dans la très belle salle Einstein du Corum, également avec l’émission « Continents Musiques » donnée en direct par France Musique de la Cour du Rectorat (la première semaine seulement). Dès le premier jour également, à 17h30, les quotidiennes « Rencontres de Pétrarque » se retrouvent Cour du rectorat, animées par France Culture et son partenaire le journal Le Monde, pour fêter cette année les trente ans de l’émission créée autour du festival. Une heure plus tard, à 18h, l’Opéra Berlioz réservera ses 3000 places à un récital de la très jeune pianiste italienne Beatrice Rana. Déjà lauréate de nombreux prix, la soliste a choisi de reprendre les « Variations Goldberg », une version que ce jeune élève de Jean-Sébastien Bach fit des compositions de son maître dans le but, paraît-il, de distraire l’insomniaque comte Kayserling qui, outre son goût prononcé pour la musique, avait l’avantage d’être le protecteur du grand musicien.
Une heure après, ceux qui ne sont pas en train d’écouter Beatrice Rana pourront choisir de se rendre sur le parvis de l’Hôtel de ville, une massive et très contemporaine construction noire signée Jean Nouvel. C’est là que se succèderont les soirées électro de Tohu-Bohu. La première, à 19h, est organisée par le DJ londonien Max Cooper, accompagné de Molecule.
Puis, à 21h, toujours à Montpellier, ce sera l’apothéose de cette journée chargée du fidèle festivalier avec une soirée magique consacrée aux « Mille et unes nuits ». Grâce à la belle acoustique de l’Opéra Berlioz, on pourra alors assister à un spectacle animé par le comédien Lambert Wilson, qui présentera successivement un extrait de « Aladin » de Nielsen, suivi du « Shéhérazade » de Ravel, puis de celui de Rimski-Korsakov. L’Orchestre national de Montpellier sera placé sous la direction de Michael Schonwandt qui dirigera également la mezzo-soprano Karine Deshayes.
Précisons qu’en dehors des spectacles des opéras Berlioz, Comédie et de l’amphithéâtre d’O, toutes les entrées sont libres. Précisons aussi que si notre festivalier trouve la journée trop légère, il pourra se rendre à quelques kilomètres à l’ouest de Montpellier, à Fabrègues, où le pianiste Emmanuel Christien donnera des œuvres de Schubert, Liszt, Fauré, Ravel et Debussy à 19h à l’Espace Paul Doumer. Ou bien à quelques kilomètres à l’est, à Vendargues, où la soprano La Galania interprètera des musiques italiennes et espagnoles du XVIIe siècle dans l’église Saint-Théodorit. Et si cela ne suffit pas pour cette journée, il sera encore possible d’aller quelques kilomètres plus loin, à Aniane ou Bédarieux, ou plus loin encore à Arles sur Tech pour d’autres spectacles du festival.
L’Orient éternel. On l’a compris, le festival de Montpellier Radio-France offre sans discontinuité pendant seize jours une multitude de spectacles variés, des interprétations de musiques classiques, du jazz, des musiques peu connues de toutes les cultures du monde, traditionnelles ou contemporaines, des débats, des conférences, des émissions en direct de France Musique et France Culture, des discussions, des animations et beaucoup d’émotions. Impossible d’égrener toutes les propositions des journées, la centaine de manifestations à Montpellier même ou les quatre-vingt-dix concerts programmés en région. Des spectacles souvent retransmis sur les ondes de France Musique.
Le thème de l’Orient a été choisi cette année, comme en témoigne la soirée d’ouverture et de nombreux autres concerts. L’Orient magique, l’Orient enchanteur, mais également la tragédie de la vie quotidienne : le festival a monté, bien avant les attentats de novembre dernier la « chinoiserie » musicale de Jacques Offenbach intitulé « Ba-ta-clan » qui a donné son nom à la salle parisienne. Ce concert sera maintenu en hommage aux victimes le mardi 12 juillet à 18h à la salle Pasteur avec Anne Pages au piano et repris le lendemain sur le patio du couvent des Minimes à Perpignan. La journée du 18 juillet, dédiée aux « Routes du thé », se clôturera par un concert en soirée qui réunira deux œuvres du compositeur et pianiste Fazil Say évoquant la Turquie d’aujourd’hui tandis que l’ensemble Canticum Novum fera resurgir les chants et les musiques de l’Empire ottoman des XVIe et XVIIe siècles.
Orient encore avec « Marco Polo et la Princesse de Chine » écrit par la compositrice Isabelle Aboulker. Cet opéra pour enfants sera donné le 16 juillet par la Maîtrise de Radio France placée sous la direction de Sofi Jeannin. Le concerto « L’Egyptien » de Saint-Saëns et la « Symphonie lyrique » de Zemlinsky seront donnés dans une même soirée, le 23 juillet. Également les « Pagodes » de Debussy.
Enfin, et ce sera un moment fort de ce festival : la représentation du « Zoroastre » de Rameau donné en version concert. C’est le très bel ensemble Pygmalion (également présent cette année au festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence) sous la direction de Raphaël Pichon qui assurera cette soirée avec le ténor Reinoud van Mechelen, les sopranos Emmanuelle de Negri et Katherine Watson, la mezzo Léa Dessandre, le baryton Christian Immler et la basse Nicolas Courjal.
Le vaste amphithéâtre du Domaine d’O, et ses gradins heureusement aménagés de sièges, vibrera au début de la nuit du 24 juillet sous l’imposant et puissant Chœur de Radio France qui donnera les « Carmina Burana ». Cette œuvre monumentale, que Carl Orff a conçue en 1935-36 en s’inspirant des compositions de la fin de la Renaissance, disposera des Percussions de l’Orchestre de Radio France dirigées par Sofi Jeannin. Avec les pianistes Géraldine Dutroncy et Franz Michel, on entendra la soprano Karen Harnais, le ténor Patrick Foucher et le baryton Mark Pancek.
Jazz au Domaine d’O. À ce programme déjà chargé s’ajoutent les soirées jazz du parc du Domaine d’O. L’an dernier, Pascal Rozat, responsable de la programmation jazz du festival, a répondu largement à l’attente des nombreux amateurs. Cette année, on remet le couvert du 17 au 26 juillet avec neuf soirées entrecoupées d'une seule journée de repos le dimanche 24. Le festival veut bien entendu programmer ce qu’il y a de plus récent et de plus innovant. Lancé en fanfare le dimanche 17 juillet, le jazz aura le festival pour lui tout seul - hormis dans les communes de Jacou et Poussan. C’est la voix d’André Minvielle, accompagnée du piano de Jean-Marie Machado, qui donnera le la. S’ensuivra le Hubert Dupont Golan Sextet, qui marie les instruments traditionnels au oud. À une carte blanche laissée le mardi au jeune et talentueux pianiste Dan Tepfer, succédera le trio du pianiste Michael Wollny, celui de Miguel Zenon le jeudi, Michel Benitha Ethics, une soirée du samedi avec Mario Canonge & Michel Zénino Quintet, avant que Fox ne prenne la scène le 25 juillet. Le lendemain, ce sera le bouquet final confié au groupe Pulcinella.