Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous
Mot de passe oublié ?Samedi 8 octobre, Nepszabadsag (Liberté du peuple) était absent des kiosques à Budapest et dans toute la Hongrie. Le quotidien a brutalement cessé de paraître sans que ses lecteurs en soient informés et les membres de la rédaction ont été interdits d’entrée dans les nouveaux locaux, moins spacieux et plus économes que le journal devait intégrer le jour même. Son site est également devenu inaccessible. Pour les journalistes, il s’agit d’un véritable « putsch », même si le propriétaire du journal, la société Mediaworks, filiale du groupe autrichien VCP (Vienna Capital Partners) a justifié cette décision soudaine par les pertes financières du journal. Comme de nombreux quotidiens dans le monde, Nepszabadsag souffre de la crise de la presse papier depuis l’arrivée d’internet. Son tirage a chuté à 37 000 exemplaires après que le titre a perdu les trois quarts de ses ventes en dix ans, et sa société éditrice accuse 16,4 millions d’euros de perte.
Mise au pas. À l’instar de 2 000 de ses lecteurs qui ont spontanément manifesté dans les rues de la capitale hongroise le 9 octobre dernier, de nombreux hongrois s’inquiète de la disparition brutale du quotidien qui reste le plus fort tirage du pays. Journal d’opposition au régime nationaliste de Viktor Orban, le quotidien subit le même sort que la chaîne privée Klubradio frappée d’interdiction d’émettre en 2011. Faisant part des rumeurs qui courent depuis des mois et d’une confidence malheureuse d’un responsable du Fidesz, le parti d’Orban, les démocrates craignent que le quotidien ne soit vendu à des personnalités du monde des affaires proches du premier ministre et qu’il rentre, éditorialement, dans le giron de la majorité. Les apparences seraient ainsi préservées, mais la liberté de la presse, menacée par plusieurs régimes nationalistes d’Europe de l’Est, serait à nouveau mise à mal.