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Mot de passe oublié ?Pionnier de l'art urbain à la fin des années 60, Ernest Pignon-Ernest regarde les artistes du street-art comme une évidence. Alors qu'il a débuté à une époque où la contestation était un moteur des expressions artistiques, il n'a jamais collé d'affiches dans la rue, il conçoit des images. Inspirées par les histoires d'hommes dont il fait des portraits saisissants, grandeur nature. Inspirées aussi par des endroits où le passé n'a pas laissé de trace mais que son dessin fait interroger. Ses images, il les colle la nuit, après avoir avoir longuement repéré et inspecté les lieux. La matière du mur, le rapport à la lumière et aux aller venues des passants, à l'histoire oubliée, tout cela compte dans l'intervention du sujet dessiné.
Celui qui se rêvait peintre. Ultra-sensible aux combats individuels, poétiques et politiques, Ernest Pignon-Ernest a vite ressenti que le dessin était un geste plus engagé que la peinture, parce que plus empreint d'humanité. Sa première émotion d'artiste de l'image, il l'a eue dans le Vaucluse où il était venu s'installer pour s'entourer des beautés du paysage. À cet endroit, devait s'implanter la première usine nucléaire française. Avec l'intuition que son art pouvait proposer une vision parallèle de l'événement, le dessin s'est imposé devant la peinture. Ses grandes images, quand elles sont posées au-dessus d'une autoroute du sud de France ou dans une ruelle de Naples n'ont pas le même sens, ou plutôt une multiplicité de sens.
Son actualité est foisonnante elle aussi. Depuis juin, une rétrospective de son œuvre, 50 ans de travail, est organisée jusqu'en janvier 2017 au Mamac de Nice, la ville où son père est venu se réfugier, tout comme celui de Christian Estrosi, rappelle-t-il. Après avoir été collé à Rome, Naples, Matera et Ostia, son dessin "Si je reviens" : Pasolini assassiné (2015) a fait plusieurs étapes, il s'arrête à Genève jusqu'au 25 novembre. Enfin, à partir d'aujourd'hui, la galerie Lelong à Paris présente une sélection de ses "Estampes récentes", de son "Arthur Rimbaud" (1978) à ses "Extases" (2008) et à "Pasolini" (2015). Des tirages réalisés au Studio Franck Bordas à Paris et édités par Lelong Editions.